La Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin dans la droite ligne de sa mission de représentation et de la promotion des intérêts communs des opérateurs économiques de la République du Bénin, a lancé l’initiative »Choisir le Bénin ». Elle vise à faire profiter aux investisseurs, un ensemble dynamique de transformations profondes dont le Bénin est l’épicentre depuis 2016 en nouant des relations durables avec des entreprises locales afin de saisir depuis le Bénin des opportunités qu’offre toute l’Afrique.
Dans ce cadre, la CCI Bénin a tenu une session d’entretien avec le Dg Benin Control, Gwendal Euzen qui revient ici sur les procédures en matière d’enlèvement et comment réussir aisément cette opération et sortir en un délai record sa marchandise du Port.
Je vous remercie sincèrement d’être venu à nous. Les réformes ont été engagées au niveau douanier depuis maintenant 5 ans et je pense qu’elles sont bien assimilées. Le démarrage a nécessité effectivement beaucoup d’informations, beaucoup de communications, beaucoup d’adaptations. L’adaptation au changement est quelque chose qui n’est pas toujours évident. Aujourd’hui après 5 ans, les réformes sont très bien comprises et très bien assimilées tant au niveau des Commissionnaires agréés en douanes (CAD) et nous échangeons très régulièrement avec la (FEBECAD) Fédération Béninoise des Commissionnaires Agréés en douanes. Nous travaillons également avec la Douane, le port… nous avons aussi un creuset d’échange qui se réunit très régulièrement puisque les réformes ont été entamées mais il y a encore pas mal d’évolutions qui sont mises en œuvre. Au niveau des importateurs, nous participons à des échanges au niveau de la Chambre de Commerce avec différents secteurs. Nous avons également un service client qui se charge de discuter face à face avec les usagers pour aussi essayer de leur expliquer ce que nous attendons d’eux et peut être ce qu’ils n’auraient pas compris dans le cadre des réformes. Donc je pense qu’après 5 ans, les réformes sont quand même plutôt bien comprises. Au-delà des réformes, notre objectif à Benin Control, c’est de faciliter les procédures d’enlèvement. Donc de rendre les procédures douanières encore plus simples pour les usagers. Maintenant, bien entendu, il y a un gros volet qui prend en compte la sécurisation des recettes, la lutte contre la fraude et la modernisation de la douane.
Au cœur de toutes ces missions, vous êtes surement confrontés à des difficultés, dites-nous…
Parmi les difficultés principales qui reviennent chez nous, il y a l’altération des documents. Nous recevons énormément de documents falsifiés et puisque nous avons mis en place un système dématérialisé où tout se fait en ligne, forcément si les documents sont faux, cela génère plus de travail d’investigation à notre niveau. Donc c’est ça vraiment le premier volet. Au-delà de ça, je pense qu’il y a une remontée intermédiaire parfois mal intentionnée qui se place entre un importateur correct et la douane ou son bras armé qui est Bénin Control. Ça fait partie des difficultés. Aujourd’hui, nous avons un scanner au port de Cotonou pour permettre un ciblage et une inspection très rapide. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, l’état des camions génère énormément d’incidents sur nos sites. Voilà quelques difficultés récurrentes auxquelles nous faisons face. Surtout ce qui est de l’évaluation et la classification des marchés de douane, tout se fait en ligne depuis le bus. Donc vous soumettez le document depuis chez vous, même un dimanche soir dans le bus, nous prenons quelques informations qui nous concernent et nous les traitons.
Quand vous importez par voie maritime, un conteneur mettra généralement 3, 4 semaines suivant son origine, sa provenance. Nous avons généralement 2 ou 3 jours, le temps d’émettre votre attestation. Derrière, nous sommes en train d’intégrer l’intelligence artificielle dans des systèmes de prédétermination d’école douanière. C’est peut-être un peu barbare. Mais l’idée c’est d’aller encore plus vite et limiter le risque d’erreur à notre niveau. Le scanning fait partie des innovations qui permettent à un usager de sortir plus rapidement sa marchandise du port sans avoir à vider le conteneur s’il n’a rien à se reprocher. Le tracking qui est le suivi électronique de cargaison à l’étranger est venu remplacer l’escorte. Donc aujourd’hui vous avez l’occasion de prendre la route dès que vous le voulez. Voilà une liste d’innovations. Nous avons aussi récemment ajouté un système d’opérateur économique agréé. C’est-à-dire que nous avons à évaluer la conformité de vos importations sur la base de l’historique et des données que nous avons sur vous, nous pouvons vous classer en opérateur de confiance ou en opérateur à risques. Un opérateur de confiance aura beaucoup moins de requêtes, moins de chance de voir son conteneur inspecté qu’un opérateur qui a un très mauvais historique dans notre base. La première des choses et je pense que c’est indispensable dans tout business, c’est qu’il faut anticiper. N’attendez pas que votre marchandise soit dans le Port de Cotonou pour vous préoccuper de toutes les démarches administratives que vous aurez à mener.
Justement, comment anticiper ?
Dès que vous avez la facture et le document de transport, soumettez-les dans le système, dans le bus. Ça c’est la première des choses. La deuxième des choses, limitez les intermédiaires et travaillez avec des professionnels. Ça peut paraître absurde mais ça évite de nombreux désagréments. Référez-vous à ceux qui sont agréés. Il y a énormément d’apporteurs d’affaires. Ceux-ci n’ont aucune existence légale juridique. Donc en cas de problème, eux ne seront pas inquiétés. La première des choses, travaillez avec des commissionnaires en douane agréés. L’autre chose que je peux vous conseiller, venez nous voir. Nous pouvons vous expliquer exactement les procédures, comment nous travaillons. Troisièmement, anticiper. La plupart des travailleurs qui ont fait l’effort de venir nous voir comprennent ce qu’on attend, obtiennent généralement les documents avant l’arrivée de leurs marchandises et arrivent à sortir leurs containeurs du port en 24, 48 h maximum. Les délais sont strictement en monitoring. Nous sommes une société privée. Nous avions mis en place ce qu’on appelle les indicateurs de performances, (Key Performance Indicator- KPI). Ces KPI portent sur les délais, le nombre d’erreurs et sur le volume. Chaque jour, nous mesurons strictement le temps que nous mettons, service par service ainsi que le temps global du processus.
Il faut combien de jours à l’importateur pour obtenir un AVD chez vous ?
Aujourd’hui, 98% des AVD maritimes sont émis dans les 72 heures. Ce sont les délais fixés par l’État et on les tire. Et pour l’aérien et les routiers, nous avons des procédures accélérées pour émettre en 24 h les documents requis pour la déclaration en douane. Tous ces délais sont consultables et peuvent être traqués ou suivis via une application web-traqueur. Là-dessus, vous savez à présent où vous anticipez et votre conteneur est en train de quitter la Chine, si vous nous soumettez les documents et nous nous mettons trois jours à émettre l’AVD, vous n’avez aucun problème parce que votre marchandise n’est toujours pas là. Ce qu’il faut que les usagers comprennent, c’est que notre mission est de déterminer la valeur du code douanier qui va déterminer le niveau de taxation des produits. Ce qu’il faut comprendre c’est que la pratique consiste souvent à manipuler les documents pour réduire la valeur en douane pour faire ce qu’on appelle du « glissement tarifaire » et donc pour passer d’un niveau de passation de 20% à 10 ou 5%. Donc nous, pour déterminer le prix payé ou à payer, je vous donne une facture et je vous dis j’ai acheté 10 téléviseurs, 1000 Dollars. Je ne peux pas confirmer votre prix si je n’ai pas l’information concernant la taille du téléviseur. Un écran géant plat n’aura pas le même prix que nos vieilles télévisions à tube cathodique. Si c’est une marque renommée ou suivant le régime dans certains nombres d’éléments qui sont nécessaires à mon appréciation. Effectivement, bien souvent, nous avons besoin de retourner vers l’usager pour lui demander des éléments supplémentaires ou complémentaires qui nous permettent de faire un travail correct pour l’administration des douanes. Donc encore une fois, offrez-nous le temps de revenir vers vous en anticipant la demande d’AVD. C’est très important. De notre côté, nous travaillons à réduire les requêtes sur la base de l’historique que vous avez. Moins vous avez eu les dossiers qui ont été donnés par la suite des contentieux, moins nous allons faire des requêtes et plus nous allons essayer d’accepter ce que vous nous donnez comme information.
La taxation, parlez-nous-en
Les droits et taxes qui sont appliqués au Bénin, sont ceux qui sont appliqués dans la communauté. Le niveau de taxation est fixé par la CEDEAO et donc le Bénin essaie simplement d’appliquer le texte, ni plus, ni moins. Je veux déjà garantir à tous vos membres que nous sommes disponibles et accessibles. Nous sommes membres de la CCI Bénin et donc par le réseau de la CCI Bénin, vous pouvez nous contacter. Il y a absolument là-dessus aucun problème. Ce que j’ai envie de dire c’est que les réformes sont en cours et elles vont continuer. Nous travaillons beaucoup avec la douane et le Port dans le cadre des réaménagements du port et de tous les parkings alentours, nous sommes en train de revoir les procédures pour les rendre encore plus sûres. Le maître mot, c’est l’interconnexion des systèmes. Nous sommes très orientés sur la dématérialisation et j’invite chacun à suivre les réformes qui sont en train d’être mises en œuvre, d’essayer d’adopter au maximum l’outil informatique qui aujourd’hui est réellement indispensable à la réussite de toute opération d’import-export. Nous allons également travailler à la revue du système douanier, le logiciel Douanier. Le port est en train de revoir ces systèmes, nous-mêmes, nous sommes en train de revoir nos logiciels en intégrant de l’intelligence artificielle. Donc ce que j’ai envie de dire c’est, continuez à anticiper, continuez à vous renseigner et surtout, continuez à travailler avec des professionnels. C’est très important.
La Rédaction