Le golfe de Guinée a enregistré 34 incidents de piraterie maritime et de vols à main armée en 2021, contre 81 en 2020. Une forte baisse annoncée par le Bureau maritime international (BMI) dans son dernier rapport publié le jeudi 13 janvier.
Félicienne HOUESSOU
Les incidents de piraterie dans le golfe de Guinée connaissent une forte baisse en 2021, qui a été une année d’accalmie. Car, les eaux au large de cette zone maritime infestées de pirates en 2020 inspiraient une certaine crainte d’insécurité pour les transporteurs maritimes. D’après le bilan duBMI, la zone a enregistré 34 incidents de piraterie maritime et de vols à main armée au cours de l’année 2021, alors que ce chiffre était de 81 en 2020. De son côté, le taux des enlèvements en mer durant la période a aussi chuté de 55% en 2021. La branche de la Chambre de commerce internationale, spécialisée dans la lutte contre la criminalité dans le domaine maritime, a indiqué qu’il s’agit de l’une des statistiques les plus faibles, enregistrées depuis plusieurs décennies. Elle attribue notamment ce recul des actes de criminalité maritime à « la présence accrue de navires de guerre internationaux dans cette rangée maritime et la coopération avec les autorités régionales ».« Le BMI salue les actions vigoureuses des marines internationales et des autorités régionales dans le golfe de Guinée qui semblent avoir positivement contribué à la baisse des incidents signalés et à assurer la sécurité continue des équipages et du commerce », a déclaré Michael Howlett, directeur du BMI, dans le rapport. C’est dire que les nombreuses initiatives prises de part et d’autre en 2021 n’ont pas été vaines. En 2020, les actes criminels s’étaient intensifiés dans la zone, atteignant un niveau record de 95% des enlèvements maritimes signalés dans le monde. D’autres études ont aussi révélé que les groupes armés opérant dans le golfe de Guinée se servent du Nigeria comme base arrière. Cela a poussé le BMI à classer le Nigeria parmi les « zones à risque de guerre », un acte dont l’effet immédiat a été l’augmentation par les compagnies d’assurance du taux de primes pour les cargaisons devant emprunter les eaux nigérianes.Face à ce fléau, 234 compagnies et armateurs avaient appelé, le 17 mai 2021, à une coalition internationale pour une lutte plus efficace. Et le Nigeria de son côté a déployé un véritable arsenal de guerre pour défendre ses eaux territoriales, à travers un projet dénommé Deep Blue.
Le golfe de Guinée reste le hotspot mondial de la piraterie
La présence accrue de navires de la marine internationale et la coopération avec les autorités régionales ont eu un impact positif, surtout pour réduire la capacité de nuisance des pirates. Cependant, alors que les enlèvements en mer ont largement chuté, le golfe de Guinée continue d’enregistrer les plus importants cas d’enlèvements dans le monde, avec 57 membres d’équipage capturés dans sept incidents distincts. Ainsi, le Centre de signalement de la piraterie du BMI avertit que la menace qui pèse sur les marins persiste.Il exhorte les États côtiers à reconnaître le risque inhérent à la piraterie et aux vols à main armée et à lutter vigoureusement contre ce crime dans les eaux de leur zone économique exclusive. Le Centre exhorte également les équipages et les navires naviguant dans ces eaux à la prudence, car les auteurs restent violents et le risque pour les équipages reste élevé. En témoigne l’enlèvement de six membres d’équipage d’un porte-conteneurs à la mi-décembre. Toutefois, la baisse qui renforce la sécurité de la navigation dans les eaux au large du Golfe de Guinée, devrait rassurer les compagnies et armateurs, ce qui pourrait intensifier le nombre de cargaisons desservant les espaces continentaux de cette partie de l’Afrique.