Selon les dernières prévisions du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Fondation Mo Ibrahim, le ratio moyen dette/PIB en Afrique devrait atteindre 68,6 % en 2024. Le continent s’illustre avec 50 pays africains sur les 54 devant des géants économiques comme les États-Unis et le Japon en termes de durabilité de la dette.
Falco VIGNON
Le rapport « Financing Africa : Where is the Money ? » souligne un triplement des coûts de service de la dette extérieure de l’Afrique en pourcentage des dépenses publiques au cours des quinze dernières années, passant de -4 % en 2009 à plus de 12 % en 2024. Cela indique une charge croissante sur les budgets nationaux à travers le continent. Sur les 52 pays africains sondés, seuls deux, le Soudan et l’Érythrée, dépassent les ratios dette/PIB du Japon (254,6 %) et des États-Unis (123,3 %). Le Soudan détient le titre de pays le plus endetté au monde avec un ratio dette/PIB de 280,3 %, soulignant des défis économiques extrêmes. Malgré les variations dans la définition des crises de la dette, Debt Justice et le FMI s’accordent à dire que plusieurs nations africaines, dont la République du Congo, le Ghana et la Zambie, connaissent une détresse significative de la dette ou sont à risque. Cette situation complique la stabilité économique et les efforts de développement. La situation a des répercussions sur les dépenses de développement. En effet, 25 pays africains ont alloué plus de ressources aux paiements d’intérêts de la dette qu’à des secteurs cruciaux comme la santé entre 2019 et 2021. Cela souligne les compromis que les nations doivent faire entre les obligations de la dette et les services publics essentiels. Certains pays du continent comme l’Angola, la Zambie et l’Égypte se distinguent par des ratios élevés ‘’service de la dette/revenus’’, indiquant des pressions fiscales sévères et une flexibilité financière limitée pour les initiatives de développement. Alors que l’Afrique est confrontée à la réalité complexe de la dette, les décideurs sont confrontés à des défis urgents pour équilibrer la durabilité de la dette et le développement socio-économique. Les conclusions incitent à une gestion stratégique de la dette, à une transparence accrue et à des investissements ciblés pour atténuer les risques et favoriser une croissance durable sur l’ensemble du continent.