Bien que l’ensemble des secteurs d’activités se remettent peu-à-peu des pertes engendrées par la pandémie du coronavirus, l’économie mondiale, en 2023, s’expose à une stagnation voire une baisse. C’est ce qu’indique la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) dans sa nouvelle étude sur « le commerce et le développement 2022 ».
Dans un contexte de stress climatique grandissant, de crise de la santé et de la dette, l’économie mondiale n’est pas à l’abri de la récession et de la stagnation prolongée. Selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) qui, dans son rapport 2022 sur « le commerce et le développement » souligne que les chocs du côté de l’offre, la perte de confiance des consommateurs et des investisseurs, et la guerre en Ukraine ont provoqué un ralentissement mondial et déclenché des pressions inflationnistes, la croissance économique mondiale ralentira à 2,5 % en 2022 et tombera à 2,2 % en 2023. Ce qui, laisserait le PIB réel toujours en deçà de sa tendance pré-pandémique, coûtant au monde plus de 17 000 milliards de dollars, soit près de 20 % du revenu mondial. En ce qui concerne les économies en développement, leur taux de croissance moyen devrait tomber en dessous de 3 %, un rythme insuffisant pour un développement durable qui comprimera davantage les finances publiques et privées et compromettra les perspectives d’emploi. A en croire le rapport, avec 60 % des pays à faible revenu et 30 % des économies de marché émergentes surendettés ou proches du surendettement, la possibilité d’une crise mondiale de la dette est élevée. Les pays qui montraient des signes de surendettement avant la pandémie, notamment le Sri Lanka, le Suriname et la Zambie, sont particulièrement touchés par le ralentissement mondial. Et les chocs climatiques augmentent le risque d’instabilité économique dans les pays en développement endettés.
La hausse des taux d’intérêt, un poids pour les pays en développement
Selon le rapport de la Cnuced, au-delà des chocs climatiques, les hausses de taux d’intérêt dans les économies avancées frappent le plus durement les plus vulnérables. « Quelque 90 pays en développement ont vu leur monnaie s’affaiblir face au dollar cette année, plus d’un tiers d’entre eux de plus de 10 %. Les prix des produits de première nécessité comme la nourriture et l’énergie ont grimpé en flèche à la suite de la guerre en Ukraine. Et un dollar plus fort aggrave la situation, augmentant le prix des importations dans les pays en développement. Les conséquences sont dévastatrices pour les pauvres du monde entier, en particulier à une époque de stagnation des salaires pour la plupart des travailleurs », explique l’institution. Face à ces défis, la Cnuced suggère aux gouvernements, aux organismes et banques, de faire plus pour calmer les marchés des matières premières et lutter contre la spéculation sur les prix.
Sylvestre TCHOMAKOU