Face à la raréfaction des énergies disponibles, il s’est avéré nécessaire de prospecter de nouvelles sources. Le Bénin dans sa nouvelle politique énergétique, s’intéresse aux énergies renouvelables pour lutter contre le délestage et favoriser le développement. Diversification des sources d’énergies renouvelables, multiplication de partenaires stratégiques, implication d’acteurs et spécialistes des énergies renouvelables, le Bénin privilégie la synergie d’action pour se projeter dans le futur. Cette stratégie vise à sortir le Bénin de la dépendance d’une seule source d’énergie électrique dont le défaut ou la défaillance hypothèque le développement et le progrès social.
Jean-Claude KOUAGOU
Le gouvernement a adopté le 14 octobre 2020 en Conseil des ministres le document de Politique nationale de développement des énergies renouvelables (PONADER). La politique énergétique ainsi définie couvre la période 2020-2030. La PONADER intègre les nouvelles orientations pour l’implémentation des actions concourant à la mise en œuvre de la vision qui est de « faire à terme, des énergies renouvelables, la source prioritaire d’une satisfaction durable et optimale des besoins énergétiques nationaux à l’horizon 2030 ». Cette vision entend « Contribuer au développement énergétique durable du Bénin à travers la fourniture des services énergétiques basés sur les énergies renouvelables et accessibles au plus grand nombre de la population à moindre coût tout en favorisant la promotion des activités socio-économiques du monde rural par une énergie moderne ». Cette politique nationale traduit les ambitions du gouvernement béninois dans le secteur des énergies renouvelables pour les dix prochaines années. Les énergies renouvelables se définissent comme étant l’ensemble de moyens de produire de l’énergie à partir de sources ou de ressources théoriquement illimitées, disponibles sans limite de temps ou susceptibles d’être reconstituées plus rapidement qu’elles ne sont consommées. Les énergies renouvelables sont différentes des énergies tirées des combustibles fossiles (stocks limités) et non renouvelables à l’échelle du temps humain. A titre d’exemple, on peut citer le charbon, le pétrole, le gaz naturel. Le soleil est à l’origine de la plupart des énergies sur terre, à l’exception de la géothermie profonde. Il est à l’origine du cycle de l’eau, du vent et de la photosynthèse. Les objectifs spécifiques que poursuit la Ponader est, primo, de faire la connaissance des potentialités réelles en énergies renouvelables et renforcement de capacité des acteurs ; secundo, de faire la promotion des technologies de valorisation des ressources énergétiques renouvelables et tertio de mettre en place un environnement de gouvernance institutionnelle et règlementaire propice à la mise en œuvre de la Ponader. Plusieurs projets solaires sont répartis sur le territoire national notamment à Natitingou, Djougou, Parakou, Bohicon. On note l’électrification hors réseau (OCEF/MCA Bénin 2). L’hydroélectricité avec Dogo bis, 128 MW et la biomasse dans les communes de Kalalé, Djougou, Savalou, Dassa/ PME – PMI.
Catégorisation des énergies renouvelables
Les énergies peuvent être réparties en cinq catégories. On distingue : l’énergie solaire qui est la captation du rayonnement solaire. L’énergie solaire renferme le solaire passif qui fait une utilisation directe du rayonnement solaire. L’énergie solaire, c’est aussi le solaire photovoltaïque constitué de panneaux solaires photovoltaïques qui produisent de l’électricité. On a aussi le solaire thermique qui regroupe : Séchoir solaire, Cuisinière solaire, Chauffage des bâtiments, chauffe-eau solaire, Centrales électriques thermodynamiques, Climatisation solaire. La deuxième catégorie des énergies est celle de l’énergie hydraulique. C’est en réalité une énergie cinétique de l’eau (fleuves et rivières, barrages, courants marins, marées) qui actionne des turbines génératrices d’électricité. Les énergies marines font partie des énergies hydrauliques. La biomasse est l’énergie issue de la combustion de matériaux dont l’origine est biologique (ressources naturelles, cultures ou déchets organiques). On en distingue trois sous catégories à savoir : le bois, le biogaz, les biocarburants. La 4ème catégorie des sources énergétiques est la géothermie. C’est l’énergie issue de la chaleur émise par la terre et stockée dans le sous-sol. Selon la ressource et la technologie mise en œuvre, les calories sont exploitées directement ou converties en électricité. On distingue la géothermie haute énergie, moyenne énergie et basse énergie. La 5ème catégorie est celle de l’énergie éolienne. C’est aussi de l’énergie cinétique induit par le vent qui incite un générateur à produire de l’électricité. Il existe plusieurs types d’énergies renouvelables éoliennes : les éoliennes terrestres, les éoliennes off-shore ou les éoliennes flottantes… Mais le principe reste globalement le même pour tous ces types d’énergies renouvelables. Le Bénin regorge de nombreuses potentialités en énergies renouvelables. Cependant, on note une faible utilisation de ces énergies renouvelables. En termes de potentialités, on peut retenir l’hydroélectricité capable d’être produite par plusieurs sites avec les aménagements du fleuve Ouémé (Dogo bis, Vossa et Bétérou); aménagement du fleuve Mono (Adjaralla). L’énergie solaire avec le rayonnement compris entre 3,5 et 5,5 kWh/m²/jr; on estime pour une capacité en kWc installée une production annuelle de 1560 kWh au nord, 1460 au Centre et 1400 au Sud. Idéalement, la grande production d’électricité serait au nord et au centre-ouest. L’énergie éolienne peut aussi être produite au Bénin même si globalement la vitesse du vent est faible. Mais cette vitesse peut aller jusqu’à 6m/s (mesure à 10m du sol) sur la zone côte. La bioénergie est susceptible d’être produite avec une disponibilité importante. Elle occupe une grande part dans le bilan énergétique. Mais il y a une nécessité de veiller à assurer l’équilibre offre/demande.
Mesures palliatives par la résilience
Dans la politique globale pour la disponibilité des énergies, il s’est avéré nécessaire que les populations doivent tenir compte des effets du changement climatique. Dans cette optique, le gouvernement a conçu avec l’appui financier de plusieurs partenaires le projet « Renforcement de la résilience du secteur de l’énergie aux impacts des changements climatiques au Bénin (PANA Energie) ». Ce projet dont les partenaires sont FEM, PNUD, Gouvernement du Bénin, SBEE, CEB, ONG Good Planet a démarré depuis le 16 octobre 2016 et s’étend jusqu’au 30 Mars 2023. Son coût total s’élève à 39, 570,000 de dollars. Les bénéficiaires du projet sont les populations des 25 communes de la zone d’intervention du projet PANA Energie à savoir : Djougou (Pélébina) , Savè (Ouigui), Ouèssè (Gbédé), Savalou (Agbado), Dassa-Zoumé (Fita), Toucoutouna –Tanguiéta (Dahindé), Natitingou, Zangnanado-Covè (Zouzounkan), Pèrèrè,-N’dali, Djidja, , Kandi, Cotonou, Porto-Novo, Malanville, Bohicon, Abomey (Détohou), Bantè Bobè), Parakou, Lokossa, Bassila, Toffo, Abomey-Calavi et Ségbana. PANA Energie résulte de la mise en œuvre de la Décision 28/CP.7 de la Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) lors de la 7ème session en novembre 2001 relative à l’élaboration des Programmes d’Actions Nationaux aux fins de l’Adaptation aux changements climatiques (PANA). Le Bénin faisant partie des Pays les Moins Avancés à bénéficier d’un financement du LDCF (Least Development Countries Fund). Grâce à cet appui financier qui a servi à conduire les études de base dont l’évaluation concertée de la vulnérabilité au niveau de tout le Pays, cinq (5) mesures prioritaires et urgentes ont été identifiées pour être mises immédiatement en œuvre afin de réduire la vulnérabilité des populations face aux effets néfastes et pervers des changements climatiques et des phénomènes météorologiques extrêmes. La mise en œuvre de la deuxième mesure prioritaire qui concerne le secteur de l’énergie se fait à travers le projet intitulé “Renforcement de la résilience du secteur de l’énergie aux impacts des changements climatiques au Bénin (PANA Energie)” formulé selon l’approche structurée PANA et les procédures PNUD-FEM. L’objectif général de PANA Energie est de Réduire les conséquences du changement et de la variabilité climatiques du secteur énergétique du Bénin.
Les résultats attendus du PANA Energie
Pour combler les attentes et atteindre les objectifs visés, trois interventions ont été retenues. La première intervention concerne les capacités d’adaptation du secteur de l’énergie aux changements climatiques. Il s’agit de renforcer les capacités du pays afin de permettre aux parties prenantes impliquées d’intégrer les risques climatiques dans leurs prévisions énergétiques et de faire ainsi face aux risques climatiques, de sorte que les risques de pertes économiques liés au climat soient réduits. Le but de la seconde intervention est de soutenir le développement de nouveaux cadres pour les politiques et stratégies énergétiques qui prendront en compte les changements climatiques. Les problèmes liés aux changements climatiques et les mesures d’adaptation seront intégrés aux stratégies et politiques nationales, et régionales (selon les zones identifiées par le PANA 2008). Quant à la troisième intervention, elle est dédiée aux actions destinées à réduire la vulnérabilité climatique des sources d’énergie et promouvoir des sources d’énergie propre du Bénin. Elle se concentre sur la protection des bassins versants, des zones forestières exploitées fournissant les populations en énergie, et des centres de production et de distribution d’électricité. Il s’agira d’évaluer la vulnérabilité de ces zones et de prendre des mesures impliquant toutes les parties concernées afin de protéger ces sources d’énergie. De plus, elle soutiendra le développement de sources de production d’énergie alternatives pour les communautés vulnérables. Le projet PANA Energie vise à soutenir la stratégie d’adaptation aux changements climatiques du Gouvernement du Bénin et réduire la vulnérabilité des communautés rurales et urbaines aux variabilités climatiques à travers une production, un transport et une distribution énergétique résiliente sur son territoire.