L’Union économique et monétaire Ouest-africaine (UEMOA) va se doter très bientôt d’une banque islamique, selon les déclarations du président directeur général de l’Institut africain de finance islamique (AIIF), le Sénégalais Mohamed Lamine Mbacké le lundi 07 mai 2018 à Dakar.
Le président directeur général de l’Institut africain de la finance islamique (AIIF), Mamadou Lamine Mbacké, a indiqué la « création imminente’’ d’une banque islamique au sein de l’espace UEMOA, l’Union économique et monétaire ouest africaine. « L’AIIF annonce la création imminente d’une banque islamique dans l’UEMOA, dans le cadre d’un partenariat avec un groupe d’experts disposant de plusieurs dizaines d’années d’expérience au niveau international », a-t-il dit le lundi 07 mai 2018 à Dakar lors de la 5ème édition du Forum international sur la finance islamique de l’Afrique de l’Ouest. Une rencontre à laquelle participaient plus de 200 institutions sur le thème « Afrique de l’Ouest-Pays du Golf : le pont des investissements directs ». Le secteur financier (Banque, Assurance, Micro- finance et Marché financier) en Afrique (surtout de l’Ouest, la zone Uemoa) malgré son aversion (peur) du risque, est le secteur financier le plus sûr au monde en terme de retour sur investissement. Secteur méconnu de la finance mondiale il y a encore quelques années, la finance islamique connaît une forte progression depuis plusieurs années et représente, en 2013, près de 1800 milliards de dollars d’actifs bancaires et financiers, selon l’article « économie française, pays émergents et fonds souverains : les enjeux d’une nouvelle donne financière » publié, en 2014, par la Documentation française. Le terme finance islamique recouvre l’ensemble des transactions et produits financiers conformes aux principes de la Charia, qui supposent l’interdiction de l’intérêt, de l’incertitude, de la spéculation, l’interdiction d’investir dans des secteurs considérés comme illicites (alcool, tabac, paris sur les jeux, etc.), ainsi que le respect du principe de partage des pertes et des profits. La murabaha et les sukuks sont les principaux outils de la finance islamique. La murabaha est un contrat de vente au terme duquel un vendeur vend un actif à un financier islamique qui le revend à un investisseur moyennant un prix payable à terme (vente à tempérament). Les sukuk et les produits financiers assimilés sont des titres représentant pour leur titulaire un titre de créances ou un prêt dont la rémunération et le capital sont indexés sur la performance d’un ou plusieurs actifs par l’émetteur. Ces actifs sont affectés au paiement de la rémunération et au remboursement des sukuk ou des produits assimilés.
Quelques principes de la Finance Islamique
La finance islamique gagne d’autant plus d’importance dans le monde de la finance et dans le monde musulman en raison de l’arrivée sur les marchés financiers de produits financiers éthiques et de plus en plus conformes à la morale. La finance islamique autre que d’être conforme aux principes de la charia islamique, de par son éthique offre une grande transparence financière en raison de la traçabilité des flux financiers et d’une solide structure de transaction islamique. Une transaction financière islamique se fait toujours sur la base d’un bien existant et non sur une quelconque spéculation qui engendrerait des risques comme le font les produits dérivés conventionnels. La loi islamique assimile le taux d’intérêt à l’usure. L »Islam interdit le Ribâ, mot arabe signifiant à la fois usure et intérêt. L’interdiction des taux d intérêts (Ribâ) dans la loi islamique est née en Arabie au Moyen Âge ; elle deviendra la base de la finance islamique qui connaîtra un développement remarquable durant le siècle dernier. La loi islamique appliquée dans le secteur de la finance repose sur des fondements spécifiques précis. Quatre critères principaux dirigent la finance islamique. Il s’agit du principe de l’absence de Riba ou intérêt et usure, du principe de l’absence de Gharar et de Maysir ou incertitude et spéculation, du principe de l’absence de Haram ou produits illicites selon la loi coranique et du principe solidaire de l’obligation de partage des profits et des pertes. La zone UEMOA s’ouvre donc de nouveaux horizons d’investissements en accueillant très prochainement une banque islamique sur son marché financier.
Joël YANCLO