Pointée du doigt par les défenseurs de l’environnement à cause de sa lourde responsabilité dans les émissions de gaz à effet de serre – près de la moitié du total mondial – et consommant 54% des sources d’énergie mondiales – l’industrie manufacturière devient un centre d’attraction, à quelques semaines de la COP27.
Issa SIKITI DA SILVA
« Comme ce secteur est responsable de 40% des émissions mondiales de carbone, son rôle sera essentiel pour atteindre zéro émission nette d’ici le milieu de ce siècle, afin d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. La concrétisation de la transition de l’industrie manufacturière va nécessiter des investissements dans les technologies de bas-carbone », ont affirmé Joseph Cordonnier et Deger Saygin, deux experts de la Direction de l’environnement de l’OCDE, la semaine dernière.
Selon l’ONU, « zéro émission nette » signifie simplement que les émissions de gaz à effet de serre sont réduites à un niveau aussi proche que possible de zéro, les émissions restantes contenues dans l’atmosphère étant réabsorbées, par les océans et les forêts par exemple.
Quant aux technologies de bas-carbone, elles comprennent, entre autres, presque toutes les sources d’énergie renouvelables (non épuisables) comme l’énergie éolienne, le solaire ou l’hydroélectricité, lesquelles n’émettent pas de carbone, à l’exception de la biomasse.
« L’amélioration de l’efficacité énergétique et la fourniture d’énergie propre à partir de sources telles que l’hydrogène vert et la chaleur renouvelable nécessiteront une augmentation significative des investissements. L’utilisation et le stockage du carbone, ainsi que les concepts d’économie circulaire, seront nécessaires pour entraîner des réductions drastiques des émissions dans les chaînes de valeur de l’industrie manufacturière », ont souligné Joseph Cordonnier et Deger Saygin.
Changements climatiques
Le secteur manufacturier européen émet un total annuel de 880 millions de tonnes d’équivalents de carbone, pendant que les chaînes de fabrication des États-Unis représentent près d’un quart (23%) des émissions directes de carbone. Les émissions de gaz à effet de serre provenant de ces deux parties du monde sont souvent soupçonnées de provoquer les effets de changements climatiques qui ont tué des milliers de personnes à travers le monde.
« La surproduction, les déchets et une dépendance excessive aux combustibles fossiles ont toujours été des contributeurs importants aux émissions dans l’industrie manufacturière. Des changements radicaux doivent être apportés dans tous les aspects de la fabrication si nous voulons transformer collectivement nos opérations et nos produits et assurer une croissance commerciale à l’épreuve du temps », a martelé Martin Lundstedt, PDG et président du groupe Volvo, dans une analyse publiée sur le site du WEF.
L’OCDE est catégorique : « Ce secteur doit veiller à ce que sa compétitivité soutienne également le développement durable. L’émergence de technologies à faible émission de carbone a le potentiel de remodeler l’empreinte industrielle mondiale. L’accès à l’approvisionnement en énergie et en matières premières à faible coût devient de plus en plus critique lors de la sélection de l’emplacement des usines de production, car ces choix vont déterminer de nouvelles solutions optimales pour les chaînes d’approvisionnement mondiales. La conversion des actifs existants en options technologiques à faible émission de carbone sera cruciale ».