Environnement politique, transition écologique, nécessité d’un développement inclusif permettent aux Autorités, Décideurs et sociétés civiles de la République du Mali, de promouvoir et dans l’union, l’émergence d’un leadership de partage de souveraineté pour une relance transparente et dynamique de l’intégration africaine, selon l’agenda de prospérité 2063 de l’Union Africaine. Du reste, il semble apparaître une forme de souplesse de la BCEAO, à propos du Mali, en ce qui concerne le marché interbancaire de l’UEMOA (Cf L’économiste du Bénin n° 2088 du 28 Janvier 2022 Cotonou). Toutefois les risques d’impayés sont réels pour l’Etat malien. Et l’UMOA-Tires a exclu le Mali du marché des titres publics à émettre en 2022 d’un montant total de 4672 milliards FCFA pour seulement 07 Etats membres.
Lorsque créancier et débiteur disposent de compte de dépôt dans le même établissement bancaire, l’opération de transfert est automatique et rapide. Mais lorsque créancier et débiteur ont des comptes de dépôt dans des établissements différents, l’opération de transfert s’effectue par l’intermédiaire d’un mécanisme spécifique dit « Chambre de compensation ». Car les banques dans leurs relations réciproques, opèrent par compensation. C’est cette forme de convention ou de pratique qui caractérise Monnaie et Economie monétaire, Gestion de la dette publique, intégration monétaire… Des spécialistes usant des conventions des Institutions de Bretton Woods admettent qu’une dette (publique), n’est rien d’autres que des engagements financiers contractés par un Etat lors d’émissions d’emprunts, Cependant que la dette est une somme d’argent due, résultant d’une situation à la seule appréciation des parties en présence. Dès lors, l’on dit, en dehors de tout jargon : créancier (personne à qui l’on doit de l’argent) et débiteur (personne qui doit de l’argent).
Le Mali, signataire du Traité du 12 Mai 1962 instituant l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA), ne l’a finalement pas ratifié et a créé sa propre monnaie le 1er Juillet 1962. Ainsi, après cinq années d’expérience monétaire autonome, la République du Mali en réintégrant en 1968, l’UMOA, dispose d’une expérience, des arguments et d’un leadership de partage de souveraineté capables de relancer l’intégration africaine sur des bases plus objectives, associant des aspects géopolitiques et de développement inclusif, dans un monde dans lequel les Institutions de Bretton Woods sont à la manette du monde Occidental. En effet, les réunions du G7 qui regroupe : Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande Bretagne, Italie et Japon ; ces réunions dites informelles de ces 7 Responsables politiques des pays les plus industrialisés, sont une des façons de contourner les Instances officielles de l’ONU.
Des zones monétaires ad ’hoc aux C.E.R.
L’organisation du système monétaire de l’Afrique repose sur la coexistence de pays appartenant à des zones monétaires : Zone Sterling, Zone Franc, Zone Escudo, Zone peseta et des pays ayant une unité monétaire autonome. Il s’agissait, à l’origine, pour les Etats à Institut d’émission autonome de jouir pleinement de leur droit de battre monnaie qui est un droit inaliénable d’exercer leur pleine souveraineté, en assumant toutes les contraintes inhérentes qu’impose l’environnement post colonial et, qui confère aux monnaies (des ex-colonies), des pays en développement, la qualité de monnaies inconvertibles ; c’est-à-dire qui ne répondent pas aux critères abusifs, contraires aux Statuts du Fonds Monétaire International (F.M.I) ; lesquels textes font du Fonds un organisme de solidarité monétaire : C’est donc le devoir et le but du FMI d’aider les pays membres à respecter un code de conduite monétaire, grâce à un mécanisme d’intervention, véritable «Système multilatéral de paiement » ; et une assistance technique. Ce système, cependant, n’a guère fonctionné : la Direction Générale du Fonds a conçu, parallèlement, une procédure illégale, non statutaire, permettant aux Etats-Unis d’échapper au code de conduite monétaire des membres du Fonds. Mais cette supercherie financière n’a pas survécu. C’est pourquoi, le Président américain de l’époque, Richard Nixon, en 1974, a mis fin au Système Monétaire International (S.M.I) issu des Accords de Bretton Woods, en déclarant l’inconvertibilité du dollar en or, et la fin de la stabilité des changes. En cela, les Autorités américaines s’accordent à dire au monde, le dollar c’est notre monnaie, c’est votre problème !
Concernant les pays appartenant à des Zones monétaires, celles-ci pouvaient être qualifiées de : ad ‘ hoc, en ce sens que la notion de « Zone Monétaire » est née du besoin d’une protection solidaire du colonisateur à l’égard de l’Extérieur, que des pays en coopération entretenant des rapports économiques étroits entre eux. Ce qui ne fut pas le cas durant cette longue période de colonisation de l’Afrique. Il s’agissait beaucoup plus de la défense des intérêts des pays colonisateurs et par-delà, du groupe (Territoires colonisés), vis-à-vis de l’Extérieur.
Quoi qu’il en soit, les rapports entre l’Afrique et l’Occident (G7), de l’origine à nos jours sont des rapports de malveillance, un maquis de relation internationale, une complication inextricable et progressive, dans le temps et l’espace, à tel point qu’aucune réforme objective de l’O.N.U (Conseil de sécurité) comme celle des Institutions de Bretton Woods, n’est possible.
Cet environnement persiste parce que l’Afrique s’inscrit dans un refus du Progrès pour tous les Africains. (Cf L’économiste du Bénin, n°2071, 30 Décembre 2021, Cotonou). La Banque Mondiale, dans une étude intitulée : « Le miracle de l’Asie de l’Est, croissance économique et politiques publiques », apporte une réponse à nos questionnements et explique que, la croissance rapide de 08 pays asiatiques : Japon, Corée du Sud, Taïwan, Singapour, Hong Kong, Malaisie, Indonésie et Thaïlande, tient pour l’essentiel au rôle important des Etats, selon la structure économique et sociale de chaque pays. En effet, l’Etat accompagne le marché, l’Etat conduit le marché.
Or, le Continent africain qui proclame l’intégration et se désole dans sa mise en application, a été privé de réels moyens d’actions par le FMI, en l’absence d’interlocuteur, des structures d’Etat, du fait de la mauvaise gestion constatée dans la gestion publique. Cependant que les structures mises en cause répondaient à des besoins réels exprimés et même utiles à la fois pour le développement humain et pour une croissance inclusive.
Le F.M.I est dévoyé puis mystérieux, car à l’origine, le Fonds est davantage un organisme de véritable coopération qu’une Centrale de sanction : le rôle du Fonds répond avant tout à la notion essentielle de solidarité monétaire entre ses Membres, et sans discrimination.
A quoi servent les Communautés Economiques Régionales (C.E.R) ?
L’Union Africaine regroupe 08 Communautés Economiques Régionales (C.E.R) : Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), Communauté des Etats Sahélo-Sahéliens (CEN-SAD), Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe (COMESA), Autorité Gouvernementale sur la Sécheresse et le développement (IGAD), Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) et l’Union du Maghreb Arabe (U.M.A).
Les C.E.R si, elles ne suppriment pas la coexistence d’Institutions d’Emission autonomes et de Zones monétaires ad’ hoc, apportent une clarté dans l’organisation du système monétaire de l’Afrique. Cependant, il est urgent de rationaliser les C.E.R. Car, l’une de leurs principales missions consiste à créer une monnaie commune régionale, aux fins de réaliser dans un délai raisonnable, l’unité monétaire : la création d’une monnaie unique africaine. Cette étape ultime et fondamentale est du ressort de la Communauté Economique Africaine (C.E.A.), une organisation de l’Union Africaine. Cette mission durera 05 années, au maximum sur les 34 ans d’existence fixés à cette Institution spécifique. C’est à la 6ème étape, celle qui consiste à la création des structures fonctionnelles nécessaires à l’Unité africaine notamment les Institutions fédérales que sont : le Fonds Monétaire Africain (F.M.A, siège à Yaoundé), la Banque Centrale Africaine (siège à Lagos), la monnaie unique, le Parlement Africain et la Libre circulation totale des personnes, des biens, des capitaux et des Services, ainsi que l’application effective des droits de résidence et d’établissement.
Une difficulté majeure apparaît dans la mission de la C.E.A. En l’absence d’une programmation rigide qui pourrait avoir des effets indésirables, on doit néanmoins fixer un cadre plus responsable, concernant la création et le fonctionnement du F.M.A. et de la Banque Centrale Africaine, deux Institutions Centrales, aptes à parfaire tous les mécanismes d’intégration de l’Agenda 2063 de l’U.A.
Le bilan d’existence des 08 Communautés Economiques Régionales demeure mitigé : elles semblent promouvoir une exportation solitaire hors Zone Afrique qui se constate par un faible niveau de commerce intra régional, quoique et selon la CNUCED, depuis 2008, l’Afrique et l’Asie sont les seules régions au sein desquelles les échanges augmentent. L’Institution onusienne souligne que pendant la période 2015-2017, parmi les 10 premiers exportateurs intra-africains, le niveau le plus faible de ce groupe, est détenu par le Malawi (38,3%). Ce qui témoigne d’un faible niveau d’échange intra-africain, puisque 44 Etats membres de l’U.A. n’ont pas atteint le seuil de 38,3% réalisé par le Malawi. En outre, parmi ces 44 Etats figurent 10 pays ayant une part relativement faible dans les échanges intra-africains variant de 0,2% (le Tchad) à 5,5% (l’Algérie).
Concernant les avancées dans le processus de création d’une monnaie commune régionale, seule la CEDEAO peut être citée comme un exemple de progrès d’intégration (monétaire) réaliste. Toutefois, la décision de créer la monnaie unique régionale au sein de cette Communauté, date de 1983 au Sommet de Conakry. Cela fait déjà 39 ans (1983-2022), à nos jours, et tout s’organise dans une rigueur souveraine. D’ailleurs, le 60ème Sommet de la CEDEAO de Décembre 2021, qui fixe à nouveau le lancement de la monnaie commune « Eco » pour l’année 2027, semble fonder sa détermination sur des faits économiques espérés plutôt que sur une forte volonté politique de battre une monnaie supranationale, avec un calendrier organisant une adhésion consensuelle, progressive et conditionnée dans la solidarité permettant ainsi à tous les Etats d’y adhérer, sans absolument vouloir réaliser toutes les étapes par bloc comprenant les 54 ou 55 Etats membres de l’UA. En effet, cette perspective de succès au regard de l’expérience vécue dans le passé est faible.
L’Euro, à titre de référence, devient la monnaie officielle des onze (pays qualifiés) d’Europe : de 1970 (Plan Werner), jusqu’en 2002, fin de l’utilisation des monnaies nationales, il s’écoule dans la rigueur et la volonté politique 32 années pour la mise en place de l’Euro contre 39 ans pour la CEDEAO, encore placée dans une perspective d’hésitation et de stratégie politique solidaire, en l’absence d’un « Plan U.A. » pouvant être comparé au mécanisme européen d’utilisation des monnaies nationales. La création et la gestion de la monnaie, malgré son caractère politique, ne s’improvisent pas : la Théorie monétaire s’applique et se perfectionne. Car la théorie monétaire est un ensemble d’idées (admises ou éprouvées), des concepts qui se rapportent à la création et à la gestion de la monnaie.
Assurément les peuples sont imprévisibles et dangereux car, versatiles. Une quinzaine de jours après l’Embargo pris par la CEDEAO/UEMOA, contre le Mali, est intervenu un changement de régime au Burkina Faso le 24 Janvier 2022. Une junte militaire a mis fin au pouvoir du Président élu Roch Marc Christian Kaboré. Voici, dans un contexte nouveau, mais avec des ressemblances, le Burkina Faso est face à une crise de l’UEMOA comparable à celle de 1985 de la CEAO défunte.
Le Mali face à une mission inattendue
« Mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur (Dieu), que de compter sur les puissants ! », car le « Seigneur est maître du combat, Yahvé donne la victoire ». (Sainte Bible, Psaume 117, 9 ; 1 Samuel 17,47).
La singularité et les subtilités des mesures politiques et la gouvernance de l’action internationale ne peuvent guère nous expliquer l’applicabilité des mesures prises contre le Mali, notamment le gel des avoirs ; alors que le compte d’opération de la B.C.E.A.O. est déclaré inopérant et sans objet auprès du Trésor français. Le Mali qui se trouve ainsi dans une mission inattendue, devrait s’obliger à promouvoir un leadership de partage de souveraineté : l’action diplomatique, parfois lente, est discrète et nécessite patience et persévérance dans toutes les situations, car elle aboutit toujours à un résultat de sagesse qui permet d’éviter la fragilité permanente des Institutions africaines d’intégration. Citons deux exemples. D’abord celui de la C.E.AO. l’actuelle U.E.M.O.A. qui est à la CEDEAO comme ce que fut dans le passé le Benelux à la C.E.E. La C.E.A.O. défunte tient et s’explique par deux principales crises politiques, une avec le Sénégal : remplacement du premier Secrétaire Général de la C.E.A.O, Monsieur Cheikh Ibrahima Fall qui n’a pu terminer son mandat de 4 ans pour des raisons politiques avec le pays siège, fut remplacé par Moussa N’Gom le 1er Juin 1976. L’autre crise plus grave, entre le Mali et le pays siège, fait suite à la décision prise le 9 Août 1985 par le Burkina Faso, pays siège, assurant la présidence en exercice, en déclarant persona non grata, Monsieur Drissa Keïta, Secrétaire Général de la C.E.A.O. Cette crise, semble-t-il a pu prendre avec le temps et son intensité des aspects politiques inattendus à tel point qu’un rapprochement a été fait avec le conflit armé qui a opposé le Mali et le Burkina Faso, et qui a duré 6 jours du 24 au 29 Décembre 1985.
Ensuite, l’autre exemple concerne l’échec de la Communauté de l’Afrique Orientale qui existait déjà en 1917, sous divers Accords entre le Kenya et l’Ouganda. En 1927, le Tanganyika (Tanzanie) devient membre. C’est le différend politique entre la Tanzanie et l’Ouganda qui a contribué de façon négative à la désintégration de cette Communauté de l’Afrique Orientale. En effet, l’Autorité de l’Afrique Orientale qui se composait de trois Présidents de la République, cessa de se réunir après 1971, par suite du refus du Président de la Tanzanie, Monsieur Nyéréré, de rencontrer le Président de l’Ouganda, Monsieur AMIN Dada. La Communauté cessa de fonctionner en 1977.
La crise qui s’invite dans les Instances de la Communauté Economique Régionale–CEDEAO, concerne en premier chef le Mali qui est face à cette décision controversée d’un embargo strict décidé par la C.E.R-CEDEAO. Les Autorités maliennes ont l’occasion de promouvoir une souveraineté africaine qui passe par un leadership de partage de souveraineté permettant d’approfondir les structures et les stratégies africaines d’intégration sur des bases plus ouvertes et transparentes, évitant en conséquence les non-dits, source de controverses. L’Union Africaine et la CEDEAO des peuples ont le devoir de promouvoir la démocratie, des sociétés civiles de veille et des mécanismes internes à chaque Etat membre, aptes à éviter l’intrusion des militaires dans la gouvernance publique. Est-ce la solution, lorsque le Président de la Commission de la CEDEAO, Jean-Claude Kassi Brou, dit : « Chaque pays vote sa Constitution » ? Et l’Union Africaine s’aligne sur toute décision prise par une C.E.R. Il apparaît une préoccupation : comment protéger un Elu et l’Intérêt Général ? Le piège à éviter par le Mali, c’est d’envisager son retrait des organisations dont il est membre. La Mauritanie peut compter parmi les potentiels partenaires voire des Alliés de choix. La Mauritanie qui fut membre de toutes les organisations ouest africaines, s’est retirée de la CEAO puis de la CEDEAO dont on ne cesse, depuis le 1er Janvier 2019, d’annoncer son retour dans la Communauté, sans encore avec effet. Cette position de la Mauritanie, dans un contexte dans lequel seuls les grands ensembles priment, apparaît désormais intenable : toute décision de s’isoler, s’exclure, de tout centre de décision en Afrique, d’abord est négatif pour ledit pays et conduit ensuite à l’émiettement du Continent avec des relents négatifs pour les populations africaines. Car les blocs économiques et politiques servent de référence et l’Union Africaine, comme la CEDEAO, comme toute C.E.R. ne disparaîtront pas. Et dans ces conditions peut-on être un Etat souverain en Afrique de l’Ouest sans être membre de la Communauté Economique Régionale-CEDEAO ? En vérité, il s’agit dans des termes plus concrets : comment parfaire l’intégration africaine, avec une gouvernance de compassion et d’amour, assise sur des règles et des pratiques plus transparentes ; mais surtout capables de promouvoir et de diffuser le Progrès pour tous et le bonheur pour chacun, permettant aux Africains de jouir des fruits d’une intégration plus solidaire et inclusive. Ceci permet de contenir la polémique qui s’enfle, de tout temps, considérant les Organisations Intergouvernementales (O.I.G) comme des Administrations remplies d’Africains occidentalisés, de simples intellectuels de reproduction , surtout soumis à une corporation de Chefs d’Etats, loin des réalités et des souffrances africaines. Du reste, des groupes d’Etats homogènes, ayant des visions rapprochées, au sein de la CEDEAO peuvent créer une « interdépendance interne » capable de soutenir une stratégie de souveraineté africaine et de diplomatie africaine.
Dieu créateur, source de vie interpelle sa créature, les hommes que nous sommes : « Confiance ! C’est Moi ; n’ayez pas peur ! », Car « un homme (comme toute nation) ne peut rien s’attribuer, sinon ce qui lui est donné du ciel…» (Sainte Bible, Marc 6,50 ; Jean 3,27). C’est parce que, Dieu, l’unique, Père tout-puissant et miséricordieux, qui montres son amour, pour toute sa création, est Vérité : il règne au-dessus de tous, par tous et en tous, car le Seigneur est aussi « Père des orphelins, défenseur des veuves, tel est Dieu dans sa sainte demeure » (Psaumes 68,6).
La question qui se pose n’est pas tellement de savoir si tel ou tel Etat africain réalise des performances économiques et sociales, bien sûr c’est un signe favorable au Continent, mais plus préoccupant est de répondre à ces fortes préoccupations humaines (paix et bien-être) en apportant des réponses adaptées à cette réalité africaine et envahissante. L’Afrique des inégalités, dans des leaderships d’intérêts souverains, souvent irréductibles, plutôt que d’Intérêt Général, reléguant l’intégration africaine au second plan : est-ce la solution ?
Dans son rapport 2020, la Banque Africaine de Développement (BAD) constate que : « L’extrême pauvreté et les inégalités sont les plus élevées en Afrique que dans d’autres régions du monde ». Et l’institution onusienne, qu’est le P.N.U.D. confirme cette réalité politique et sociale, non stigmatisée, que voici. Dans le classement des cinq (5) Continents par l’Indice de Développement Humain (IDH), Rapport 2019, l’Afrique se classe au cinquième rang derrière l’Océanie. En outre, le classement mondial des pays révèle que les Seychelles, Etat insulaire d’Afrique : 96.000 habitants, seules, figurent au 62ème rang mondial et dans la catégorie « Très Elevé ». Sur 53 pays africains, on note que 08 sont classés « Elevé », 13 « Moyen » et, 31 « Faible ».
Le tableau énigmatique, ci-dessous, relatif aux budgets des Etas membres de l’UEMOA, dans l’ordre croissant, témoigne la vérité des constats rappelés ci-dessus. Cette situation préoccupante révèle également le faible niveau de développement de chaque Etat membre de cette Union et traduit le besoin de pratiquer une politique d’intégration volontariste, plus solidaire, sociale et politique entre ces huit (08) Etats ouest-africains.
Budgets et Populations des 08 Pays de l’UEMOA
Pays | Budget, gestion 2022 (en milliard franc CFA) | Population (en million d’habitants en 2020) |
Guinée Bissau | 246 | 1,96 |
Togo | 1.779,2 | 8,28 |
Mali | 2.130,72 | 20,25 |
Bénin | 2.541,20 | 12,12 |
Burkina Faso | 2.919,15 | 20,9 |
Sénégal | 5.160 | 16,74 |
Niger | 5.198 | 24,21 |
Côte d’Ivoire | 9.901,1 | 26,38 |
Sources officielles : Etats et UEMOA
Que doit-on attendre des Institutions de Bretton Woods ? Peu de choses ! Alors que « les Trente Glorieuses » sont encore à la mode en France et dans le monde, et dans divers milieux du Savoir et du Progrès, le FMI et la Banque mondiale nous ont laissé un triste souvenir : l’ajustement structurel au forceps des pays africains. Le terme de « Trente Glorieuse » est dû au Professeur feu Jean Fourastié, « L’immortel ». C’est le titre d’un livre publié par lui en 1979, dans lequel il révèle et étudie la croissance économique et le progrès social de la France des années 1946-1975. Ce tableau de l’UEMOA que nous venons de méditer montre qu’il n’existe pas une très forte préoccupation d’intégration économique en Afrique ; et encore moins, en Occident pour le Continent africain, et à travers notamment le paradigme et l’action des Institutions de Bretton Woods. D’ailleurs, l’adhésion ou l’appartenance de l’Afrique et des autres pays en développement à ces Institutions constitue un passage obligé, une sorte de « carte de visite » obligatoire pour accéder aux financements des autres organismes financiers internationaux, publics et privés. Et, la souscription au capital du FMI est réservé aux Etats : elle est individuelle, même dans le cas des Unions économiques et monétaires.
Des raisons de briser les chaînes de la domination financière…
La gestion monétaire n’est pas exclusivement réservée aux seuls pays riches et industrialisés. Toutefois, la théorie (gestion) monétaire ne s’improvise pas, elle s’applique et se perfectionne. Car la théorie monétaire, et donc la gestion de la monnaie, est un ensemble d’idées (admises ou éprouvées), des concepts qui se rapportent à la création et à la gestion de la monnaie.
La question n’est d’ailleurs pas de savoir si tel ou tel partenaire d’une Union monétaire se trouve privé de liberté d’action, mais bien de savoir si les moyens dont dispose une Union monétaire sont de nature à faire face à toutes les éventualités. C’est cet objectif qui doit être recherché et non la souveraineté inaliénable, en partage limité, à la discrétion, de chaque Etat souverain.
Dans cet environnement sanitaire post Covid-19 peu favorable, même aux pays industrialisés, la Banque Centrale américaine (F.E.D.) dont sont liés les pays en développement emprunteurs en devises notamment en dollars, a annoncé qu’elle mettra fin dès mars 2022 à sa politique accommodante d’intérêt zéro. L’amorce d’une crise économique aux Etats-Unis, avec une inflation de 7% n’est pas monétaire. C’est surtout l’absence ou le peu d’efficacité dans la gestion des secteurs (industries de santé, des pharmacies, des Numériques, la chaîne de logistique…), qui ont bénéficié des financements massifs post Covid-19 de la F.E.D. et en Occident de la Banque Centrale Européenne (B.C.E.) pour les Européens. Alors que ces pays du G7 disposent des leviers pour contrôler ce processus de hausse régulière des prix, de même que la Chine ; l’Afrique ne possède que peu de moyens d’actions en l’absence d’Instruments fédéraux de gestion. De la sorte, l’Afrique confrontée en outre aux problèmes d’insécurité ne peut agir véritablement ni sur la transition écologique, ni réduire les inégalités sociales et conduire une politique sociale et sanitaire indispensables : cette triste perspective est valable pour les pays africains et autres en développement qui apparaissent aux yeux de l’Occident comme des Champions dans la gouvernance publique : mettons un simple exemple, la hausse actuelle des prix est mondiale, mais elle ne relève pas, pour l’essentiel des pays africains, elle provient essentiellement du G7 qui a « financiarisé » l’économie des pays industrialisés. Dans la théorie monétaire, l’inflation s’exprime au moins sur une période observée de 12 mois et elle est soit par les coûts de production, soit par la demande (l’offre étant inférieure), soit monétaire : l’injection dans le cycle économique d’un volume exagéré de moyens de paiement, entraînant une augmentation et une hausse des prix. Il y a véritablement inflation lorsque la situation économique (nationale ou mondiale) est caractérisée par une hausse généralisée durable des prix, (avec répercussion sur les salaires) et résultant d’une des causes rappelées ci-dessus.
A défaut, et dans l’immédiat, d’une Union monétaire c’est-à-dire une monnaie commune à chacune des 08 C.E.R., c’est souhaitable de créer des Ententes monétaires dans les CER où ce mécanisme est utile. Car, l’Entente monétaire conduit plusieurs Etats à utiliser des monnaies distinctes mais échangeables entre elles à des taux déterminés. Ce furent les cas de l’Union Latine et de l’Union Scandinave au XIXème siècle. C’est également sur ce modèle de l’entente monétaire que se sont engagés les trois Etats de l’Afrique Orientale, Kenya, Ouganda et Tanzanie au lendemain de la dissolution de l’Union monétaire dont ils sont issus.
L’existence dans l’Union Africaine, de monnaies de facturation et, échangeables sans limite entre elles ne permettront plus d’utiliser abusivement le terme de « dette en monnaie locale », puisque ce mécanisme est transparent, confère la stabilité monétaire et conduit inévitablement à la création d’une Institution monétaire capable de rivaliser avec toute Banque Centrale à statut de « Prêteur en dernier ressort » ; tandis que progressivement tout l’environnement s’ouvre et s’adapte : interconnexion des marchés financiers africains, mise en œuvre progressive de la ZLECAf, grâce à des mécanismes appropriés des Institutions fédérales (F.M.A. et Banque Centrale africaine) de l’U.A, et surtout par la volonté politique des Etats de pratiquer une intégration concentrique ; en créant des Comités d’Actions sectorielles pour divers projets. Aussi de toute évidence, les échanges hors Afrique s’effectueront grâce à une unité monétaire africaine de facturation admise par l’ensemble des Etats africains.
Notre Dieu Créateur, et son Fils unique Jésus, nous enseignent que l’essentiel de la vie consiste à aimer, à sauver une vie et non la perdre, ou faire souffrir. Il s’agit de faire le bien partout et sans discrimination. Car, la loi divine comme toute loi humaine est au service de la vie et de la miséricorde de Dieu. Le choix de société est alors facile pour l’Afrique : « Dieu te voit », que chaque Homme (africain) prenne conscience de cette présence divine permanente dans sa vie.
Le faible développement inclusif constaté en Afrique, cette responsabilité incombe en premier lieu aux Africains eux-mêmes qui n’ont pas encore tenu leurs engagements depuis 1963 (création de l’O.U.A.) de créer l’Unité africaine, soit durant 59 années, à nos jours.
La Parole du Seigneur, révèle « que votre parole soit « oui », si c’est « oui », « non », si c’est « non ». Ce qui est en plus vient du mauvais » (Sainte Bible, Mathieu 5,37). Ô chère Afrique rejette le Mauvais, le Diable.
Pourquoi, les Dirigeants africains hésitent encore à réaliser les Etats-Unis d’Afrique, après avoir constaté les faiblesses individuelles de chaque Etat membre de l’Union Africaine, dans un monde dit globalisé : sans compassion d’amour, d’injustice, de haine et d’orgueil afin de régner en maître les mieux nantis, notamment les blocs constitués, que sont notamment les Etats-Unis, l’Union Européenne, et les autres Etats membres du G7, ensemble avec la Chine continentale et la Russie dans une stratégie insaisissable, sont les seuls capables de s’exprimer et de décider de l’avenir de l’humanité ?
Le Christ Jésus, Dieu, dans sa mission de rédemption des hommes, a été traité par ses contemporains ainsi : « Il a perdu la tête », selon l’Evangéliste Marc, Chapitre 3 Versets 20 et 21. Heureusement que Jésus, qui est aussi Vérité, a été compris par de rares individus, le cas de Blaise Pascal, Philosophe et écrivain français (1623-1662) qui a constaté après Christ que « l’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant ». Mais le Père, l’unique Dieu, prend soin de ses enfants. Le croyant qui a mis sa confiance en Jésus, Dieu, sait qu’il est uni à lui et partagera un jour sa gloire.
Ô Afrique, Africains prions en union notre Dieu créateur : Prier, c’est d’abord écouter notre Seigneur et bénéficier de sa miséricorde. Car, « Je sais maintenant une chose que je ne sais rien », en s’exprimant ainsi, Socrate, 399 avant Jésus Christ, Philosophe grec, accusé d’impiété envers les dieux et de corruption de la jeunesse, annonçait ainsi plus tôt à ses contemporains dont son disciple Platon, l’avènement du Christ Messie, Sauveur.
Docteur François Kouadio
.Economiste-financier, Monétariste
.Ancien Fonctionnaire International
.Conférencier de 1979-1988 de l’AIAFD/BAD
Cotonou, 03 février 2022