L’entrepreneuriat peut être un instrument d’insertion sociale pour les femmes marginalisées telles que, entre autres, les handicapées, les déplacées internes et réfugiées, les victimes de viol et de violence conjugale, les pauvres et les orphelines, et celles qui ont été contaminées par le virus de HIV. Donner à ces femmes la possibilité d’exercer une activité économique peut les rendre autonomes et les aider à se sentir mieux insérées dans la société, martèle l’Organisation internationale du travail (OIT).
Issa DA SILVA SIKITI
La vie de Monique, 27 ans, handicapée et couturière, a changé depuis qu’elle a ouvert son propre atelier et est devenue la patronne de cinq employés. « Mes activités commerciales me font oublier mon enfance très difficile et la discrimination dont j’ai fait l’objet durant les années de formation et d’apprentissage. Soudain, les gens qui croyaient que j’étais inutile à la société à cause de mon handicap ont honte de m’approcher car ce qu’ils pensaient que c’était impossible est devenu possible », raconte-t-elle.
Esther, 35 ans, qui a été forcée de quitter son mari après dix longues années de violence conjugale, a vu l’espoir renaître en elle après avoir lancé ses propres activités commerciales. « J’ai fait le travail de toutes sortes juste pour nourrir et scolariser mes enfants. Ce n’était pas facile car je dépendais entièrement de mon mari. Ma propre famille m’avait rejetée parce que j’avais quitté mon mari abusif », révèle-t-elle.
Mais comme on dit, le temps passé ne revient plus car Esther possède trois points de vente de bouillie et des beignets et dirige un effectif de six employées.
Cependant, malgré ces perspectives positives, c’est un secret de Polichinelle que les femmes entrepreneures en Afrique sont confrontées à des défis majeurs qui paraissent insurmontables. Africa.com les a énumérés comme suit : accès limité au financement, manque de réseau de soutien, domination masculine, facteurs d’autolimitation (manque d’amour propre, par exemple), normes sociales (seuls les hommes réussissent dans les affaires).
Associations de femmes d’entreprises
Peut-être que la seule façon de contourner des défis pareils et renforcer les capacités et la confiance en soi des femmes entrepreneures est d’appliquer la stratégie recommandée par l’OIT. Celle qui consiste à constituer de puissantes associations de femmes chefs d’entreprise dans le but de faire valoir les droits de ces femmes marginalisées, de sorte qu’elles puissent faire bouger les choses.
« Les associations apportent un soutien économique, personnel, moral et financier à leurs membres. Il est parfois très utile de mettre en évidence les difficultés auxquelles se heurtent les femmes entrepreneures afin de dégager les aspects qu’il faut absolument réformer pour que les femmes puissent être placées sur un pied d’égalité avec les hommes. Pour obtenir un tel changement, il faut travailler avec les responsables politiques », recommande l’OIT.
Mais dans le contexte africain, cela pourrait être plus facile à dire qu’à faire car il ne deviendrait possible que si la représentation des femmes dans la prise de décision politique était égale à celle des hommes.