Un coup de tête au départ mais qui est devenu une idée originale. La Maison du paysan est aujourd’hui un exemple palpable pour montrer à la population Béninoise et surtout la jeunesse que leur pays dispose de tous les moyens pour son développement économique. Depuis plusieurs années, le docteur vétérinaire Michel Babadjidé a mis en place à la maison du paysan, des techniques simples basées sur les lois universelles, le comportement et la physiologie animale pour faire des merveilles dans le domaine de l’élevage.
Romuald NOUDEDJI
Vétérinaire de formation, Dr Michel Babadjidé, est reconnu à l’international aujourd’hui grâce à son concept « La maison du paysan ». En effet, « La maison du paysan » est un domaine de 700 m2 sur lequel sont élevés des lapins, des poulets, des pintades, des dindons, des cabris, des porcs, des aulacodes et des pigeons. Cet espace sert de modèle pour les jeunes entrepreneurs spécialisés dans le secteur de l’élevage. La maison du paysan est une réponse révolutionnaire pour améliorer le traditionnel et le porter à un niveau de rentabilité suffisant afin d’en faire comme il le dit si bien « une activité génératrices de bénéfice (AGB) et non de revenu. » Avec la maison du paysan, c’est une vraie révolution qui commence; une vraie rentabilisation de l’agriculture familiale, des spéculations agro-pastorales dans nos villages bref : un départ pour la restauration économique de les villages qui croupissent sous le poids de la pauvreté, explique Dr Michel Babadjidé. Selon les explications du vétérinaire, tout a commencé par le Complexe Veto Agro Pastoral “Gaston-Joseph” (COVAP) de Lokossa. Ce complexe a été initié sur fond propre en 1993 par Michel Babadjidé dans le but de s’auto employer, de créer des emplois et de participer au développement réel de l’élevage au Bénin. Le COVAP comporte deux entités à savoir : Le Cabinet – Pharmacie Vétérinaire conseil qui s’occupe de la vente des produits vétérinaires des intrants zoo technique, de la vente de différentes provendes des soins aux animaux et du conseil aux éleveurs. La maison du paysan qui s’occupe de la production animale de la Formation et du Réveil Agro pastoral en relation avec le CEPROEMIR : Cercle d’Etude pour la Promotion de l’Elevage en Milieu Rural.
L’homme qui a révolutionné l’agro-pastoral au Bénin
Ce vétérinaire qui est un technicien en élevage peut, à partir de 56 lapines produire entre 2300 et 2500 lapins par an. Mieux, il peut se servir de trois truies locales pour produire 70 porcelets par an. Le Docteur Michel Babadjidé peut utiliser 20 femelles d’aulacodes pour produire 210 aulacodes par an. « Je suis capable de me servir de 20 poules locales et de 6 dindes pour produire 2200 à 2300 poulets, pintades et dindons. Nos pigeons, par leur vol, jouent le rôle de ventilateurs naturels de la lapinière, de l’aulacoderie, et de La maison du paysan toute entière. Ceci permet à mes lapines de se reproduire 12 mois sur 12 alors que sur le plan national, les lapines ont des difficultés à se reproduire entre décembre et mars à cause de la chaleur ambiante qui caractérise la grande saison sèche », a-t-il confié. A « La maison du paysan », les poules locales et les dindes sont utilisées, selon le technicien en élevage, pour couver les œufs des pintades. « Les porcs mangent les intestins des lapins abattus. Les peaux des lapins sont transformées en asticots pour renforcer l’alimentation des volailles qui de leur côté, bénéficient aussi du gaspillage occasionné par les lapins et les aulacodes », a-t-il fait remarquer. Et pour alimenter ce système d’élevage en énergie électrique, le promoteur de ce centre d’élevage ne se dérange pas trop. « Je ne paie pas l’électricité pour actionner les brasseurs comme en Europe et ailleurs. Au contraire, ce sont mes brasseurs naturels que j’utilise », a-t-il expliqué. Bref, « La maison du paysan » apparaît comme une initiative qui regroupe des centaines de lapins, de poulets et des canards qui vivent dans une parfaite harmonie. Innocent Goudjo, un retraité, fasciné par les exploits du docteur s’est mis à faire l’élevage des volailles. « Le système Babadjidé, c’est l’élaboration de techniques simples basées sur les lois universelles, la physiologie et le comportement animal pour produire, à partir de dix poules locales, trois cents poules vivants en six mois », a-t-il témoigné. Avec le Docteur Michel Babadjidé, la formation des villageois, qu’elle soit collective ou individuelle, n’est jamais gratuite. Il a indiqué que chaque villageois paye sa formation, la provende à utiliser aux animaux jusqu’au moment où il pourrait se les fabriquer lui-même. Nul n’étant prophète chez soi, ce sont les pays étrangers qui profitent du système de formation Babadjidé. Ayant découvert l’homme, ses réalisations, la philosophie et les méthodes de ses interventions, la Fao a décidé de l’utiliser comme Consultant. C’est ainsi qu’il va procéder à la formation des formateurs au Burkina Faso, au Congo, au Gabon, et en Rdc. Il part parfois pour 3 mois, parfois 5 mois. Dans son propre pays le Bénin, le Docteur Michel Babadjidé est aussi apprécié.
Le Réveil Agro-pastoral
En 2000 le docteur vétérinaire Michel Babadjide a initié “Le Réveil Agro-pastoral” après le constat que malgré les potentialités naturelles abondantes dont ils disposent, les paysans vivent dans une pauvreté sans pareil. Leur quotidien est caractérisé par un faible rendement des productions agricoles et une mortalité très élevée au niveau des productions animales malgré l’encadrement et les milliards déversés chaque année dans l’agriculture. Une enquête qu’il a réalisée dans trois arrondissements différents, auprès des ménages ruraux du Bénin en janvier 2000, a révélé que chacun de ces ménages (élevant 5 poules),perd en moyenne 70 à 90 œufs non éclos tous les ans de même qu’un minimum de 100 poussins de moins de 2 semaines d’âge. Pour un seul Arrondissement de 2000 ménages, la perte en poussins est estimée à plus de deux cent mille unités (200.000), soit une perte de plus de deux cent millions de francs (200 000 000 FCFA) sans compter que chaque année, la volaille traditionnelle et les petits ruminants payent un lourd tribut à la pseudo peste aviaire, au choléra aviaire, à la coccidiose, aux verminoses et à la peste des petits ruminants. Malgré tout cela, la population demeure indifférente et ignorante par rapport aux soins vétérinaires et aux techniques de conduite des élevages traditionnels et de productions végétales. Ce tableau bien qu’alarmant laisse les agro éleveurs dans un état d’indifférence suicidaire que qu’il caractérise de léthargie agropastorale. Pour les réveiller et les amener à se prendre réellement en charge par des mécanismes naturels, il a mis en place un module de sensibilisation intitulé: “La pauvreté n’est pas villageoise” qu’il déroule à travers les villages. L’objectif de cette module est d’amener les paysans à se découvrir, à comprendre l’état comateux dans lequel ils se trouvent, les amener à opposer le tableau dramatique de leur condition de vie à l’abondance naturelle qui caractérise leur milieu de vie. Ainsi, il les amène à se rendre compte qu’il n’a pas de raison que la pauvreté se soit installée à la place d’un paradis terrestre que constitue le village: lieu, à partir duquel la vie a commencé. Lieu qui a abrité Adam et Eve. Il les amène à prendre conscience de l’abondance naturelle dans laquelle ils baignent quotidiennement. De même, à accepter de se faire former d’une manière pratique sur place, dans leur propre village afin de transformer la nature en lapins, aulacodes, ruminants, porcs, volailles locales avec des techniques nouvelles adaptées à la réalité villageoise. Le réveil Agropastoral initié par la maison du paysan depuis 2000 apparait aujourd’hui comme une arme de mobilisation sociale, de lutte contre la pauvreté et la faim et permet de créer des emplois durables et confortables en milieu rural. Des résultats concrets sont obtenus dans plusieurs villages et peuvent être partagés.