Au moins 60% des pays à faible revenu sont surendettés ou courent un risque élevé de surendettement, a révélé le Fonds monétaire international (FMI) lundi, alors que les emprunts globaux ont bondi pour atteindre 256% du Produit intérieur brut (PIB) global en 2020.
Issa SIKITI DA SILVA
« Bien que leur dette publique reste bien en deçà des niveaux des années 90, la dette de ces pays n’a cessé d’augmenter ces dernières années », a souligné le FMI.
Ces pays, qui faisaient déjà face à des niveaux de dette très élevés avant la pandémie, se sont précipités pour emprunter davantage en vue d’atténuer les conséquences socio-économiques de la crise sanitaire.
A en croire l’institution de Bretton Woods basée à Washington, la guerre en Ukraine ajoute des risques à des niveaux d’emprunt public sans précédent, tandis que la pandémie pèse toujours sur de nombreux budgets gouvernementaux.
« La situation met en évidence la nécessité urgente pour les autorités d’entreprendre des réformes, y compris des réformes de gouvernance, pour améliorer la transparence de la dette et renforcer les politiques et les cadres de gestion de la dette afin de réduire les risques », a indiqué le FMI, appelant à une coordination globale plus efficace en vue de restructurer les dettes des pays pauvres.
Restructuration de la dette
Les experts définissent la restructuration de dettes comme étant une opération qui consiste à regrouper tous ses crédits en un seul afin de n’avoir plus qu’à rembourser un unique prêt dont les mensualités sont plus faibles. Par conséquent, les crédits sont rachetés par un établissement financier.
Selon Carlos Lopes, ancien secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), cité par les médias français, une restructuration de la dette africaine pays par pays permettra d’alléger le fardeau de la dette en ramenant les taux d’intérêt à des niveaux plus bas.
« Les restructurations de dettes sont susceptibles de devenir plus fréquentes et devront relever des défis de coordination plus complexes que par le passé en raison de la diversité accrue du paysage des créanciers. La mise en place de mécanismes de restructuration ordonnée est dans l’intérêt des créanciers comme des débiteurs », a renchéri le FMI.
Cependant, les experts insistent que la restructuration de la dette de l’Afrique doit réunir différents acteurs autour d’une même table, sous la présidence de l’Union africaine.
« L’engagement avec les acteurs privés sera plus important pour les pays à revenu intermédiaire, puisqu’ils détiennent environ 45% de leur dette extérieure totale, contre 14% pour les pays à faible revenu. Cependant, la coordination du nombre croissant de détenteurs d’obligations privés est plus complexe que celle des prêteurs bancaires privés, puisque davantage d’acteurs sont impliqués », ont expliqué Arthur Minsat, Chef de l’Unité Afrique du Centre de développement de l’OCDE et Yeo Dossina, Chef de la politique économique et de la recherche, dans le Grand Continent, la revue du Groupe d’études géopolitiques.