Tout investissement suppose un capital à rentabiliser. Mais de plus en plus, cette règle est contournée au Bénin. De jeunes investisseurs et commerçants développent de nouvelles méthodes qui prennent de l’ampleur. Elles consistent à bâtir son capital sur un préfinancement de la clientèle.
Bidossessi WANOU
« J’ai des fournisseurs. Quand le stock vient, ils m’envoient des images que je partage via des supports numériques avec le prix de vente. Quand quelqu’un est intéressé, il m’envoie les sous et je lui donne un délai de livraison ». C’est ce qu’a confié Abdel Machoudi, jeune commerçant distributeur d’habits prêt à porter à Abomey. Il n’a donc pas eu besoin d’un capital avant d’entreprendre son commerce. Et il n’est pas le seul. Sylviane Atchawé, distributrice d’ustensiles de cuisine a fait la même option. Pour cette jeune dame, « vous n’avez pas besoin d’un capital avant de vous investir dans certains commerces ». Toutefois, ce procédé a son couvent que croient connaitre les interlocuteurs. Selon Abdel Machoudi, « il faut s’assurer que les produit que vous voulez livrer vont intéresser la cible que vous visez ». Mieux, le marché doit être disponible et l’investisseur quant à lui, développera de bonnes relations avec un réseau de fournisseurs. Parlant des dessous de la méthode, Sylviane explique : « Nous nous assurons que le produit explique chez le fournisseur. On se fait une idée du prix et on vient poster avec ce qu’on peut gagner comme bénéfice en même temps ». Machoudi, lui va plus loin en abordant les astuces de fixation du prix par rapport à celui indiqué par le fournisseur afin de donner quelques marges de négociation aux clients. A en croire ces jeunes vendeurs, on prend les sous du demandeur ou du client pour aller sur le marché. En tant que tel, il faudra s’assurer qu’il prendra réellement le produit.
Le capital préfinancé par le client
Dans cette méthode en vogue chez nombre de jeunes commerçants béninois, c’est le client qui finance l’achat. En effet, le capital pour aller sur le marché vient de lui. Selon Faneth Houansou, une jeune commerçante rencontrée à Abomey-Calavi, les achats pour client se faisaient sur commande et sans préfinancement. Mais force est de constater que certains après commande, disparaissent et ne viennent plus chercher le produit. Toute chose qui occasionne des difficultés de livraison ou de cession. Ainsi, selon elle, cette nouvelle trouvaille vient limiter le risque. Et pour cause, en décaissant à l’avance les sous, le client rassure de ce qu’il veut réellement le produit. Mais la nouvelle stratégie aussi n’est pas exempte de risques pour les clients qui dénoncent des trahisons qui finissent par donner lieu à des mésententes. C’est le cas de Lucienne Lègba et de l’un de ses fournisseurs. « J’avais vu un tout-cousue que j’ai commandé. Mais on est venu me dire après que c’est fini et donc elle a dû me prendre un autre modèle qui ne m’a pas plu ». Dans le souci de ne pas laisser leur échapper le marché, certains jeunes commerçants s’arrangent pour ne pas rater l’opportunité ; ce qui n’est pas toujours du goût de leurs clients. C’est donc une méthode innovante mais des risques également. Pour rentabiliser, Abdel Machoudi a expliqué qu’il faut enregistrer une certaine quantité de commandes pour ne pas avoir à faire le tour à chaque réception de commande. C’est dire que plus en plus, de jeunes béninois trouvent la stratégie pour dérouler certaines affaires par l’entremise d’un tiers car, selon les uns et les autres, il faut souvent un guide qui introduit le débutant à un fournisseur, un procédé jugé parfois risqué par certains qui craignent à indiquer la voie aux autres.
De nouveaux procédés d’investissement sans capital
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