Endettés jusqu’au cou à l’externe et à l’interne et ne sachant à quel saint se vouer pour rembourser près de 160 milliards US à la Chine, bon nombre de gouvernements africains seraient prêts à céder les actifs les plus stratégiques de leurs pays à la Chine.
Issa SIKITI DA SILVA
Au Kenya, le port de Mombasa serait déjà dans le viseur de la Chine, qui souhaiterait en arracher sa gestion suite à l’incapacité de ce pays de l’Afrique de l’est à rembourser une dette de près de 5 milliards d’euros qui avait servi à financer la construction de deux tronçons de la ligne ferroviaire entre Nairobi et Mombasa.
En dépit des démentis répétés du gouvernement kényan, les travailleurs de cet important port africain continuent d’exprimer leur inquiétude face à un éventuel basculement de la gestion aux mains des Chinois, que beaucoup ici qualifient de « méchants ».
En RDC, depuis 2007 plus de la moitié des mines du pays sont exploitées par les compagnies chinoises en échange d’un prêt de près de 9 milliards US contracté par le gouvernement de Kabila junior auprès de la banque chinoise Exim Bank en vue de permettre aux Chinois de construire les infrastructures de base (hôpitaux, écoles, routes, lignes de chemin de fer, centrales hydroélectriques, universités et centres de santé), qui n’ont jamais vu le jour.
« A l’allure où vont les choses, les gouvernements africains vont finalement vendre ce Continent aux Chinois en échange de ces dettes macabres qui n’ont aucun impact sur les populations », a déclaré Daniel Njoroge, étudiant à l’université.
Saisie de l’aéroport ?
A Kampala, la capitale ougandaise, depuis l’année dernière la population s’inquiète à propos d’une éventuelle saisie par la Chine de l’aéroport international d’Entebbe au cas où le pays ne serait pas en mesure de rembourser le prêt de 207 millions US octroyé en 2015 par Exim Bank pour réfectionner cet aéroport.
En Afrique de l’ouest, à défaut de paiement de sa dette de 3,121 milliards US envers la Chine, le Nigeria pourrait devenir la prochaine victime de la « diplomatie de la dette » de la Chine, dont le premier composant est de saisir des biens stratégiques des pays qui peinent à rembourser leur dette.
Mais la Chine a souvent déclaré qu’elle n’avait aucune intention de saisir les actifs des pays africains pour défaut de paiement. Cependant, elle insiste qu’elle n’est pas prête à oublier ou à sacrifier ces créances.
Fin 2020, les pays africains dont la dette envers la Chine était très élevée étaient : l’Angola (25 milliards US), l’Éthiopie (13,5 milliards US), la Zambie (7,4 milliards US), le Congo-Brazzaville (7,3 milliards US) et le Soudan (6,4 milliards US).