Au lendemain des Assemblées annuelles 2024 du Groupe de la Banque Mondiale qui ont pris fin le 26 octobre, le Président de la Commission de l’Uemoa, Abdoulaye Diop, a été reçu, mercredi 30 octobre 2024 à Paris, par le Président du Comité d’Aide au Développement de l’OCDE, Carsten Staur. Du financement de l’économie sous régionale à la promotion du secteur privé communautaire, les échangent ont permis d’évaluer les perspectives de développement.
Sylvestre TCHOMAKOU
Dans un contexte de croissance économique mêlée à la fois de tensions sécuritaires et d’impacts climatiques, le financement des États membres de l’Uemoa restent au cœur des priorités de l’institution sous régionale. Ce, sans oublier le développement de financements concessionnels et l’implication accrue du secteur privé ont été au centre des discussions. A Paris, Abdoulaye Diop, Président de la Commission de l’Uemoa, a passé en revue, mercredi 30 octobre 2024, ces deux préoccupations avec le Président du Comité d’Aide au Développement (CAD) de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), Carsten Staur. Déroulée en présence de Mahamadou Gado, Commissaire en charge des Politiques économiques et de la fiscalité intérieure de l’Uemoa, cette réunion a permis aux deux institutions de réaffirmer leur engagement commun en faveur d’un soutien renforcé aux États de la sous-région ouest-africaine. Abdoulaye Diop, à l’occasion, a présenté la situation économique marquée par des perspectives de croissance prometteuses pour l’Union, avec un taux prévu de 6 % en 2024 après avoir atteint 5,3 % en 2023.
Il a toutefois attiré l’attention des partenaires sur l’augmentation des dépenses publiques liées aux efforts de sécurisation, un contexte qui pèse sur les budgets nationaux. En dépit de cette hausse de l’endettement, le taux reste bien en deçà du seuil de 70 % fixé par les normes communautaires. Face à cette situation, le Président de la Commission de l’Uemoa a plaidé pour des financements concessionnels massifs, essentiels pour accélérer le développement des pays de l’Union. Il a également insisté sur l’importance d’une mobilisation renforcée des ressources internes et d’une implication plus significative du secteur privé afin de répondre aux défis actuels. Abdoulaye Diop a, par ailleurs, mis en lumière l’impact des agences de notation sur l’accès aux emprunts des pays à faible revenu, rappelant que les États de l’Uemoa ont toujours respecté leurs engagements financiers.
En réponse, Carsten Staur a réaffirmé l’intérêt des pays membres du CAD/OCDE pour la situation en Afrique, citant des sujets comme la migration et la stabilité sécuritaire, notamment au Sahel. Il a souligné la nécessité de mieux redistribuer l’Aide Publique au Développement (APD), dont le volume a augmenté de 47 % entre 2015 et 2023, dans un contexte mondial marqué par de nombreuses crises. Toutefois, a-t-il rappelé, les pays européens sont également confrontés à des priorités budgétaires liées à la sécurité, influençant leur capacité à contribuer à l’APD. Conscient des défis, Carsten Staur a appuyé la suggestion d’utiliser des financements mixtes pour attirer davantage d’investissements privés dans la région ouest-africaine. Il s’est engagé à soutenir les États de l’Uemoa dans la mise en place de réformes fiscales permettant une meilleure mobilisation des recettes et créant un environnement propice aux investissements. Carsten Staur a également annoncé l’organisation, au premier trimestre 2025, d’une rencontre de haut niveau consacrée à la coopération économique avec les pays à faible revenu. La rencontre de Paris aura été l’occasion pour l’Uemoa et l’OCDE, de renforcer leur dialogue dans une dynamique de recherche de solutions innovantes pour répondre aux défis de développement et aux besoins croissants de financement dans l’Union.