En quête d’une meilleure couverture énergétique dans l’espace ouest-africain, les ministres de l’Énergie et des Hydrocarbures de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont approuvé, 1er novembre 2024, plusieurs projets relatifs à l’avenir énergétique de la région. Déroulée à Abuja au Nigéria, cette réunion qui a connu la participation du Royaume du Maroc et de la Mauritanie, a enregistré la signature du Traité du Gazoduc Africain Atlantique.
Sylvestre TCHOMAKOU
Dans un contexte de déficit énergétique retardant la croissance ainsi que la transformation industrielle des économies ouest-africaines, les ministres de la Cedeao se mobilisent pour renforcer l’intégration énergétique régionale et promouvoir les énergies renouvelables. Réunis à Abuja le 1er novembre 2024, ces décideurs ont entériné le traité du Gazoduc Africain Atlantique (AAGP), un projet phare de 6 800 km reliant le Nigeria au Maroc. Ce gazoduc, dont 5 100 km seront sous-marins, traversera plusieurs pays de la CEDEAO, y compris les États côtiers et enclavés, avant de s’étendre potentiellement vers l’Europe. Avec une capacité de transport estimée à 30 milliards de m³ de gaz naturel par an, cette infrastructure vise à renforcer la sécurité énergétique des États membres tout en soutenant la production d’électricité à partir du gaz naturel, une source de transition moins polluante que le pétrole ou le charbon.
Au-delà du gazoduc, un autre projet utile pour la région a été approuvé : la création de la Facilité de la CEDEAO pour les Énergies Renouvelables et l’Efficacité Énergétique (EREEEF). Cette facilité, dotée d’un fonds de 75 millions de dollars, sera un catalyseur pour le financement de solutions énergétiques propres dans la région. Elle apportera un soutien sous forme de subventions, prêts, et garanties pour promouvoir les projets d’énergies renouvelables. Dans le cadre de ces efforts, les ministres ont également approuvé une directive visant à promouvoir l’énergie solaire photovoltaïque dans les pays membres de la CEDEAO. Cette directive encourage les projets de centrales solaires raccordées au réseau, avec des modèles types de contrats tels que des accords d’achat d’électricité et de concession, qui faciliteront le développement des énergies renouvelables.
Le Commissaire de la CEDEAO pour les Infrastructures, l’Énergie et la Numérisation, Sediko Douka, a souligné l’importance de ces initiatives pour la région. « Le Gazoduc Africain Atlantique est plus qu’un projet énergétique. Il s’agit d’un levier d’intégration régionale qui permettra non seulement de fournir une source d’énergie stable, mais aussi de stimuler la croissance industrielle et agricole dans toute l’Afrique de l’Ouest », a-t-il déclaré.
De son côté, le ministre nigérian des Ressources Pétrolières, Ekperikpe Ekpo, a insisté sur l’importance des accords institutionnels adoptés, qui renforceront le commerce des hydrocarbures et l’accès au gaz naturel dans toute la sous-région, tout en préparant le terrain pour une présence accrue sur les marchés mondiaux du gaz.
La réunion a aussi vu la participation de nombreuses organisations et compagnies énergétiques de la région, comme la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) et l’Office National des Hydrocarbures et des Mines du Maroc (ONHMN), qui ont souligné l’importance du projet de gazoduc pour garantir un accès plus large au gaz et soutenir la transition énergétique de la région. Le projet de Gazoduc Africain Atlantique, dont le coût est estimé à 26 milliards de dollars, est un symbole de la coopération régionale et internationale. Il promet de transformer la dynamique énergétique de l’Afrique de l’Ouest tout en apportant une solution aux défis mondiaux liés à la sécurité énergétique et au changement climatique.