L’administrateur provisoire de la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin (CCIB), Alain Hinkatin, s’achemine vers le terme de sa mission. En effet, après plus de huit mois passés à la tête de l’institution consulaire, celui-ci a introduit des réformes concrètes pour faire d’elle un véritable instrument au service du développement des entreprises béninoises. Mieux, Alain Hinkatin a travaillé à baliser le terrain à la prochaine équipe qui aura à la charge la gestion de la CCIB, à telle enseigne que les prochains élus n’auront plus à s’entremêler dans des fonctions ou dispositions difficiles à déterminer avec exactitude.
L’économiste du Bénin : Vous avez été nommé à la tête de cette institution en tant qu’administrateur général depuis le 23 janvier 2019. Rappelez-nous les missions qui vous ont été assignées par le gouvernement.
Vous avez annoncé que j’ai été nommé administrateur provisoire de la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin depuis le 23 janvier 2019. Nomination qui est intervenue parce que les élections à la Chambre du commerce et d’industrie du Bénin n’ont pas pu être organisées alors même que le mandat de la mandature précédente venait à échéance. Et donc j’ai été chargé par le gouvernement de réaliser trois missions essentielles. La première mission est de conduire la révision des textes qui encadrent le processus électoral. Et donc cette révision ne peut intervenir que lorsqu’on touche les statuts de la chambre. Il s’agit alors de réviser les statuts de la CCIB, de conduire la réforme statutaire pouvant organiser les élections.
La deuxième mission est de réorganiser la gestion administrative et financière de la CCIB car elle avait des problèmes de gouvernance. C’est de réorganiser le secrétariat général de la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin notamment sa gestion administrative et financière. Il y avait évidemment les problèmes de gouvernance au niveau de la CCIB.
Troisième mission, faire en sorte qu’on puisse mettre du contenu au service de l’appui aux entreprises. Donc, relancer vraiment les activités d’appui et de conseils pour dynamiser les services d’appui aux entreprises au niveau de la Chambre. La Chambre a une mission qui est d’accompagner les opérateurs économiques. Nous avons noté que pour cette mission il y a eu beaucoup d’insatisfaction. Les opérateurs économiques ne se retrouvaient plus par rapport à leur chambre, notamment au niveau de l’accompagnement nécessaire pour les petites et moyennes entreprises, pour le développement de nos entreprises, ce qui est sa mission première. Donc, il s’agit au niveau de cette troisième mission de travailler à donner du contenu au service d’appui aux entreprises et de contribuer à animer davantage la chambre pour qu’elle vive et que les opérateurs économiques se retrouvent dans les activités de la CCIB. Ce sont les trois missions qui m’ont été assignées.
Quelles étaient les insuffisances au niveau des textes qui régissaient la CCIB ?
Il y avait eu une certaine désaffection des opérateurs économiques par rapport à leur Chambre. Une désaffection parce que ceux qui dirigeaient la Chambre avaient des problèmes de représentativité. Pour être membre de l’Assemblée consulaire, il faut remplir certains critères. Donc, les critères qui déterminaient l’élection des personnes qui doivent représenter la communauté des opérateurs économiques à la chambre ne permettaient pas aux opérateurs économiques d’une certaine envergure de se retrouver dans la famille consulaire. Le fait est qu’on n’a pas suffisamment réfléchi pour savoir à quoi sert une chambre de commerce. C’est lorsqu’on a répondu à cette question qu’on saura, qui il faut à la chambre afin de s’assurer que les missions de la chambre seront réalisées.
La réflexion a consisté à dire que nous passons en revue les activités essentielles de la chambre et voyons quel type d’opérateur ou de personne on peut avoir pour que la chambre puisse jouer pleinement le rôle qui est le sien. Quand on a fait cette réflexion, ce qu’il faut savoir est qu’une chambre de commerce est un organe consultatif et de représentation. C’est un organe d’accompagnement et d’appui aux entreprises et enfin elle est un organe à vocation à contribuer à la formation des agents des entreprises. Parce que les entreprises ont besoin des ressources humaines qualifiées pour pouvoir les aider à se développer. Le troisième point, la chambre a vocation à contribuer à développer nos régions. Nous devons initier des infrastructures au niveau des régions pour qu’on puisse valoriser, exploiter les potentiels économiques de nos régions. Donc, il faut que les entreprises s’installent dans nos différentes régions économiques pour les développer. La CCIB doit voir comment accompagner les opérateurs économiques pour qu’ils puissent s’installer sur toute l’étendue du territoire national. Voilà un peu les quatre grandes missions de la Chambre. Et pour accomplir convenablement ces missions, il faut avoir des opérateurs qui ont une certaine expérience. Lorsque vous ne savez pas de quoi on parle, vous ne pouvez pas conseiller. Le gouvernement a une politique de promotion du secteur privé. La CCIB est là comme instrument qui doit aider à mettre en œuvre cette politique. Ainsi, il faut trouver des personnes qui doivent conseiller le gouvernement, apprécier le choix de l’exécutif par rapport à son orientation et discuter pour qu’on adopte la meilleure approche pour l’opérationnalisation de la vision du gouvernement. Pour le faire, il faut être sélectif. Cette sélection doit tenir compte de la provenance des opérateurs économiques. Il faut les avoir dans toutes nos régions, c’est une question de représentativité. Mais il faut aussi choisir ceux qui sont en mesure d’apporter une contribution de qualité dans le débat. Il faut choisir ceux qui ont des idées et des expériences à partager. Si vous venez de créer votre entreprise, vous n’avez pas suffisamment d’expérience pour contribuer dans les réflexions et mettre vos réseaux d’affaires au service des autres entreprises. Dans ce sens, la réflexion a consisté à dire qu’à la Chambre de commerce et d’industrie il faut avoir majoritairement des représentants d’entreprises qui représentent le poids économique le plus important au niveau du pays. Il ne faut pas qu’on ait que des opérateurs économiques de petites tailles. Il faut majoritairement ceux qui ont une certaine taille, une certaine surface financière et qui ont déjà eu le temps de développer leurs affaires et de connaître les problèmes qui se posent en ce qui concerne le développement du commerce, de l’industrie et des services. C’est bien ce qu’il faut pour que ça marche. La Chambre même peut évoquer des problèmes et faire des plaidoyers auprès du gouvernement pour qu’on mette un certain nombre de dispositifs en place pour faciliter les affaires. Vous voulez développer le secteur privé, il faut écouter les opérateurs économiques les plus représentatifs et par défaut ceux qui ont réussi, ceux qui ont connu des difficultés et qui ont relevé des défis.
Ne pensez-vous pas que les grandes entreprises pourraient écraser les petites ?
Ce qu’il y a lieu de comprendre est que la Chambre a vocation à aider l’ensemble de la communauté des opérateurs économiques. Et quand vous êtes grand aujourd’hui et avez eu à écraser des difficultés, vous avez donc la matière pour aider les petites entreprises sur comment on fait pour que celles nouvellement créées puissent grandir, comment on fait pour avoir des financements, comment créer des filières… Mais si vous venez de commencer, vous n’avez pas cette expérience. L’idée est donc d’accompagner les petites entreprises à grandir et être en mesure de devenir aussi de grandes entreprises pour pouvoir venir à la chambre pour continuer à atteindre l’objectif commun. Les petites entreprises peuvent se retrouver exclues du processus électoral parce qu’elles n’ont pas encore atteint la taille utile pour participer au processus. Lorsque la chambre est bien organisée et joue correctement son rôle, les années à venir ces entreprises auraient grandi pour venir remplacer les représentants des grandes entreprises d’aujourd’hui. C’est ça en fait le processus vertueux que nous souhaitons mettre en place. La réflexion a consisté à réexaminer les critères pour être électeurs et les critères pour être candidats.
Nous avons interrogé les statistiques au niveau de l’Insae sur nos entreprises et ces statistiques ont révélé que 20% de nos entreprises ont un chiffre d’affaires annuel de plus de 500 millions et le total leurs chiffres d’affaires représente 90%. La réflexion consiste donc à dire que si tel est le cas, nous souhaitons avoir à l’Assemblée consulaire des entreprises d’une certaine taille pour enrichir les débats et il faut discriminer. Il nous faut avoir 2/3 des sièges à l’Assemblée consulaire que nous réservons aux entreprises qui ont un chiffre d’affaire annuel de plus de 500 millions et le reste des entreprises prendrons le 1/3 des sièges. En fait, vous notez que si on donne 1/3, c’est que nous sommes à 33% à peu près en valeur. Nous avons procédé à une surreprésentation des petites entreprises au nom de l’Assemblée consulaire en prenant ce critère. Nous sommes donc passés de 89 élus à l’Assemblée consulaire à 69. Nous avons décidé de réduire parce qu’on n’a pas besoin d’avoir autant de monde pour la réflexion. Nous avons tenu compte des normes et regarder un peu ce qui se passe ailleurs et nous estimons rationaliser. Plus on a un effectif de qualité mieux ça vaut pour les débats. Nous avons donc prévu réduire à 69. Nous aurons 48 élus pour l’élection au plan national qui concerne ceux qui ont un chiffre d’affaires de plus de 500 millions par an et la deuxième catégorie de corps électoraux créés au niveau des régions. Là, nous avons 23 sièges pour ces corps. Les élections au niveau des régions vont permettre de dégager 23 élus et au niveau national 46. Désormais, on a fait en sorte que les corps électoraux soient constitués de personnes qui se ressemblent et qui se connaissent. Ce qui se passait avant, c’est qu’on mettait tout le monde ensemble. ‘’Les petits’’ pouvaient voter pour ‘’les grands’’. Vous savez que les Pme sont les plus nombreuses et si je suis une grande entreprise, j’envoie mon représentant pour être élu, je n’ai pas la chance d’être élu parce que majoritairement, les gens vont préférer ceux qui leur ressemblent plutôt que les grands. C’est ce que nous avons observé à la chambre d’industrie et du commerce et les élections précédentes n’ont pas permis de dégager les élus qui ont eu ces suffrages. Et vous savez que si vous démarrez en affaires, vous avez une autre préoccupation que celui qui a grandi n’a plus. Tout cela a contribué sur ce que nous avons appelé la mauvaise gouvernance. Il faut donc régler le problème à l’origine et s’assurer que nous avons des opérateurs économiques d’une certaine catégorie et c’est ce que nous sommes en train de faire. Nous avons donc séparé les corps électoraux. Vous ne pourrez pas être une grande entreprise et participer aux élections avec les petites entreprises. Ce que nous organisons au plan national concerne les entreprises qui ont un chiffre d’affaires annuelles de plus de 500 millions et si vous en avez moins, vous devez être électeur ou candidat au niveau de nos 6 régions. Et là, le critère de chiffre d’affaires n’intervient plus nécessairement de façon prépondérante, c’est beaucoup plus la répartition des effectifs qui va jouer dans l’attribution des sièges. Ces 23 sièges sont répartis en tenant compte de la concentration des entreprises qui ont leur siège dans les régions. Donc, si vous en avez plus, vous aurez plus de sièges et vous en avez moins, vous aurez moins de sièges.
Au niveau national, nous avons retenu 21 branches d’activités les plus représentatives pour notre économie parce qu’on parle de représentativité. Il faut s’assurer que les secteurs qui contribuent à la richesse nationale soient représentés à l’Assemblée consulaire. Nous avons privilégié ces secteurs et il y en a 23 qui sont retenus et on a tenu compte de la contribution de ces secteurs dans la richesse nationale pour déterminer le nombre de sièges qui doivent revenir aux représentants des entreprises qui travaillent dans ce secteur. C’est donc ce que nous avons retenu au plan national. La correction des questions de représentativité a été faite en réduisant les critères pour être électeurs et les critères pour être candidats et en faisant en sorte que majoritairement à l’assemblée consulaire nous ayons des représentants d’une certaine envergure pour rehausser les débats et permettre aussi que les petits bénéficient de l’expérience des grands et si vous êtes conduit par des gens qui ont la lumière vous êtes sûr de ne pas sombrer. Cela ne veut pas dire qu’on n’a pas des représentants des petites entreprises au niveau de l’assemblée consulaire. Les 23 sièges des régions ont donc vocation à ramener les petites entreprises au niveau des objectifs. Nous l’avons fait pour que le bureau consulaire soit constitué par des représentations des entreprises d’une certaine envergure. Et pour toujours corriger les problèmes de représentativité dans le bureau, nous avons décidé qu’on aura un élu provenant des régions par tête obligatoirement dans le bureau consulaire. Pour ceux qui vont donc diriger les postes au niveau du bureau consulaire, nous aurons obligatoirement quelqu’un qui provient des élections au niveau des régions. On peut considérer que l’assemblée consulaire est souveraine et peut décider que de ne nommer que des représentants des régions dans le bureau mais nous faisons le postulat que si les représentants des grandes entreprises sont les plus nombreux, le bureau ne sera pas par principe constitué des représentants des petites entreprises. Autant que nous avons réduit le nombre d’élus consulaires nous avons aussi rationalisé la composition du bureau en passant de 7 membres à 5 parce qu’il y avait certains postes dont le contenu ne se justifiait pas. Lorsque vous avez un poste de trésorier général par exemple ou de secrétaire exécutif, c’est des fonctions qui sont assurées dans le fond par le secrétariat général de la Chambre. Les élus sont donc là mais fondamentalement ce ne sont pas eux qui font le travail. Nous avons donc voulu nous coller à la réalité de ce qui se fait. Et nous considérons que juste en dehors du président il faut avoir quatre (4) autres vice-présidents qui sont sur des fonctions précises de la chambre. Parmi eux, le premier va relever du secteur du commerce, le second du secteur de l’industrie et le troisième du secteur service. C’est donc des élus qui proviennent de ces différents secteurs et le quatrième vice-président va provenir des régions. Nous avons voulu en même temps que nous avons la représentativité au niveau des secteurs de la Chambre, nous ayons la représentativité régionale. Nous avons amélioré la représentativité et tous ceux qui ont un poids importants sont là de même que nos six (6) régions. Nous pensons qu’avec ça, nous avons une équipe qui pourra travailler plus efficacement. C’est ainsi que globalement les questions de représentativité ont été redressées. Pour être électeur à la chambre désormais, il faut donc distinguer les électeurs au niveau régional et celui national. Et pour être électeur au niveau régional, il faut avoir son siège social dans la région comme premier critère, avoir un mandat de la représentativité de la société et il faut que l’entreprise soit créée il y a deux ans avant la date de convocation du corps électoral. En plus la société ou l’entreprise doit être à jour dans ses cotisations à la chambre de commerce. Nous avons dit qu’il faut avoir au moins payé sa cotisation au titre de l’année 2019 parce que la chambre n’arrivait véritablement plus à donner compte tenu du service aux opérateurs économiques et nous avons considéré que pour une réforme, il faut trouver des mesures d’assouplissement pour encourager les gens à participer pour que les gens constatent que la chambre a changé et qu’ils soient incités à payer leurs cotisations. Pour être électeur au niveau national, vous devez avoir le mandat de représentation de la société, elle doit-être créée au moins deux (2) ans et vous devez être à jour dans votre cotisation 2019 à la CCIB et nous avons rajouté deux autres critères.
Quels sont alors les autres critères que vous avez rajoutés à ceux existants ?
Nous avons rajouté deux autres critères : le critère du chiffre d’affaires justement parce que là, nous sommes au niveau national. Vous devez avoir un chiffre d’affaires de 500.000.000 au moins une fois les 3 dernières années. Donc, 2016, 2017 et 2018. Si au titre de l’une de ces trois années, vous avez réalisé un chiffre d’affaires de plus de cinq cent millions, vous pouvez être électeur au niveau national. Et en plus de ça, nous avons rajouté que vous devez avoir déclaré, au niveau de la caisse nationale de sécurité sociale, au moins 20 salariés. Nous sommes vraiment avec les entreprises d’une certaine taille. Si vous remplissez ces critères, vous pouvez être électeur au plan national. Pour les candidats, il faut retenir globalement que, pour être candidat, il faut être d’abord électeur. Donc au niveau régional, il y a des critères qui touchent à la personne qui représente l’entreprise. Il y a un qui concerne l’entreprise. Tout ce qui concerne l’individu qui sera candidat, il faut qu’il ait, au moins, l’expérience et il faut qu’il ne soit pas condamné à une peine d’emprisonnement devenue définitive. Donc, il va produire son casier judiciaire. Il doit avoir aussi un mandat de représentation en tant que candidat. Il faut que ce soit l’entreprise qui l’ait désigné comme un candidat. Tout ça, ce sont des critères qui concernent l’individu qui va être élu. Et tout ce qui concerne l’entreprise, nous avons, au plan régional, des critères de chiffres d’affaires. Il faut avoir, dans les 3 dernières années, un chiffre d’affaires d’au moins 20 millions, un chiffre d’affaires annuel une fois au moins les 3 dernières années qui précèdent la convocation du corps électoral. Et si vous n’en avez qu’une seule fois. C’est bon. Vous pouvez être candidat et il faut avoir déclaré à la caisse nationale de sécurité sociale, au moins 5 salariés à la date de convocation du corps électoral du 5 septembre 2019. Si vous remplissez ces conditions-là, vous pouvez être candidat au niveau des régies. Donc, voilà globalement ça. Pour ce qui concerne le niveau national, il faut avoir déjà été électeur et rempli tous les critères qui concernent l’électeur. J’ai oublié de dire pour le niveau régional qu’il faut être à jour dans ses cotisations aux impôts et aussi à la Cnss. Vous devez produire des attestations fiscales et CNSS en cours de validité. Vous devez prouver que vous êtes à jour dans les cotisations aux impôts et des obligations à la CNSS parce que vous devez être exemplaire en tant que candidat. Vous voulez défendre les autres, il faut être exemplaire. Pour ce qui concerne le niveau national, les mêmes critères s’appliquent en ce qui concerne les individus qui sont candidats. Avoir un mandat de représentation de 5 ans et produire un casier judiciaire pour prouver que vous n’êtes pas condamné à une peine d’emprisonnement criminelle. Ce qui s’ajoute, c’est que vous devez être aussi à jour. L’entreprise n’est pas vous-même. L’entreprise qui vous envoie doit être à jour dans ses cotisations à la sécurité sociale et être à jour dans ses obligations fiscales. Donc, attestation fiscale en cours de validité et attestation de la CNSS. Si vous avez ces éléments, vous pouvez être candidat au plan national. Comme j’ai indiqué, le candidat est censé être un électeur, les critères de chiffre d’affaires qu’on avait fixés pour être électeur au plan national, c’est que d’emblée, vous remplissez ces critères-là aussi. Voilà un peu comment c’est configuré. L’idée de cette organisation, c’est de séparer les corps électoraux. Les entreprises de taille modeste se retrouvent entre elles pour procéder à leur élection. Elles forment des corps électoraux. Au niveau de chaque région, nous avons érigé, à peu près 3 corps électoraux. Vous avez un corps électoral qui concerne le commerce, un corps électoral qui concerne l’industrie et un corps électoral qui concerne les services. Dépendant de votre domaine d’activité, vous vous positionnez dans un corps. Si vous êtes électeur dans ce corps, vous ne pouvez présenter votre candidature que dans ce corps. Les corps sont bien séparés. Avant, ce qui se passait et les gens votaient dans tous les sens, les processus étaient fissurés et je pouvais être électeur au niveau régional et être encore électeur au niveau national. Ça créait des problèmes de fiabilité, de transparence. Et il manquait même une certaine rigueur dans l’organisation des élections.
Comment analysez-vous les statistiques de l’Insae ?
En fait, nous prenons des statistiques sur l’année de référence, les statistiques les plus récentes. Et sur cette base, on voit comment le secteur ou la branche d’activité se comporte par rapport aux autres en termes de chiffres d’affaires, en termes d’importance, en tant qu’outil de concentration des effectifs. Au plan national, pour attribuer les sièges, c’est des critères cumulés ; nous avons cumulé le critère de chiffre d’affaires et le critère d’effectif pour qu’on tienne compte, en même temps, de votre contribution dans le chiffre d’affaires global et aussi de la concentration des entreprises dans la branche pour pouvoir déterminer le nombre de sièges qui doivent vous revenir.
Pour synthétiser un peu sur ce plan, aujourd’hui, nous avons 4 textes qui reflètent très correctement les réformes statutaires que nous avons effectuées et ces textes ont été adoptés au conseil des ministres du 5 septembre passé. Il s’agit de nouveaux statuts qui reflètent ce que je viens de dire. Il s’agit du décret qui porte sur le régime électoral à la Chambre. Ce décret indique les innovations apportées au processus électoral et rappellent tous ces critères dont je viens de parler. Et le 3è décret porte sur la fixation des branches d’activité et des secteurs économiques dans le cadre de la répartition des sièges. Vous avez les règles définies. On ne peut pas faire de l’arbitraire. On ne va pas créer des branches parce qu’on veut viser quelqu’un. C’est sur la base de la configuration de l’économie nationale que ces branches ont été instaurées.
Ces branches profiteront-elles à tous ?
On a considéré les statistiques au plan national, c’est pourquoi le travail n’a pas été fait par la chambre du commerce. Le travail a été confié à l’Insae en charge de ce type d’activité. Disons que c’est l’Insae qui, sur la base de ces statistiques, a fait le travail. C’est sur la base des statistiques que les critères de répartition ont été définis et que les répartitions ont été faites. Là où on doit mettre les sièges, c’est déterminé par rapport à la configuration de l’économie et ça peut évoluer si, dans les activités économiques, il y a une certaine dynamique, une certaine modification même de la composition du tissu de la population. On a prévu ça. Aujourd’hui, nous avons peu d’entreprises industrielles. Si on travaille de manière à avoir plus d’entreprises industrielles, la répartition va changer parce qu’on va choisir les secteurs qui émergent. Ce sont eux qui seront les secteurs ou les branches d’activité les plus représentatives. Nous avons des critères complètement objectifs et impersonnels. Les textes, aujourd’hui, fixent les bases. Donc il n’y aura plus de débat. Tous les contours qu’on a observés par le passé parce qu’on a créé telle branche, parce qu’on a cumulé des postes au détriment de tel autre, ces problèmes ne se poseront plus. Nous sommes allés loin parce qu’on a prévu comment faire les arrondis.
Cela signifie-t-il que rien ne se fera à la tête du client ?
Non, rien ne se fera à la tête du client car nous avons des critères complètement objectifs et impersonnels. Aujourd’hui, les textes posent cette base. Il n’y a donc plus de débat. Tous les conflits qu’on a observés par le passé parce qu’on a créé telle branche ou parce qu’on a attribué plus de sièges à telle personne au détriment de telle autre n’auront plus lieu d’être. Nous sommes allés loin puisque nous avons prévu comment on fait les arrondis de sorte qu’à partir des statistiques, nous sommes en mesure de définir les branches d’activité, les secteurs économiques dans lesquels on va avoir les sièges. De même, on est capable de déterminer automatiquement le nombre de sièges qu’ils représentent à chaque branche ou à chaque corps électoral ou par grille. Ainsi, on peut se rassurer aujourd’hui que ce décret offre cette base et en même temps fixe très clairement pour les élections prochaines le nombre de sièges à pourvoir au niveau des 21 branches et dans chacune de nos régions économiques par secteur. Voilà les éléments fournis par ce troisième décret. Le 4ème décret a, quant à lui, convoqué le corps électoral. La nouveauté s’y trouvant est que le gouvernement a convoqué le corps électoral au 18 décembre 2019. De même, l’innovation ici fixe les objectifs de performances attendues de cette mandature. Ce même décret dit aux opérateurs économiques ce que le gouvernement attend d’eux s’ils sont intéressés par ces élections. Nous avons donc quatre points de performance qui sont établis pour nous assurer que la chambre ne va pas continuer à tâtonner mais qu’elle restera dans la mission que le gouvernement lui a assignée.
Est-ce à dire que vous ne laisserez pas les dirigeants élus prendre les taureaux par les cornes ?
Les dirigeants élus ont de la marge, de la latitude dans leurs actions. Néanmoins, il faut bien noter que la Chambre du commerce et de l’industrie est un établissement public. Par conséquent, c’est un instrument pour la mise en œuvre de la politique du gouvernement en ce qui concerne la promotion du secteur économique. Alors, pour que l’Etat puisse contrôler ce qui se passe dans cet établissement, il faut quand-même donner des lignes directrices qui sont au nombre de quatre. Nous avons, par exemple, fixé à 10% le taux de mortalité des entreprises qui vont être créées après l’installation de cette assemblée consulaire dans les trois années qui suivent. Et ça, c’est un défi. La raison est que tout ce qu’on attend d’une assemblée consulaire est de l’accompagnement, de l’appui et du conseil. Si le conseil est prodigué et l’accompagnement nécessaire apporté à nos entreprises, elles mourront moins. Donc, si vous êtes un jeune entrepreneur, vous êtes suffisamment suivi et votre projet au départ est challengé, tout cela réduira le taux de mortalité de votre entreprise. Nous savons que ledit taux de mortalité est au-delà de 30 à 40%. Nous ne pouvons pas, certes, éliminer totalement la mortalité des entreprises au début mais nous décidons de ramener la marge à 10%.
La deuxième cible de performance est que les opérateurs économiques créent une école de commerce en partenariat avec des écoles connues au plan international avant la fin de la mandature. Car c’est la mission qui leur est assignée.
Pensez-vous que les prochains responsables de la CCIB pourraient créer et faire fonctionner une école de commerce lors de la mandature prochaine ?
S’ils disposent de cinq ans, c’est largement suffisant puisque le Programme d’actions du gouvernement s’étale aussi sur cinq ans. On est donc en train de leur demander de nouer des partenariats parce que c’est la vocation d’une Chambre d’en créer. C’est d’ailleurs la mission des Chambres. En réalité, il n’y a que les opérateurs économiques pour connaître leurs propres besoins. De même, il n’y a que des professionnels pour en former d’autres. Au-delà de la théorie existante dans nos universités, on a besoin des professionnels dans nos écoles pour identifier au mieux les besoins de nos entreprises Au-delà des offres de formation qu’on a aujourd’hui, vous savez qu’il y a la problématique des chambres qui travaillent sur la base de la formation professionnelle. Ce sont les chambres de commerce qui peuvent donner des expertises et les ressources pour que ce genre de chose soit fait. Donc nous voulons déjà que la chambre comprenne que les questions de formation majeure impliquent tous les opérateurs économiques de notre pays. Ils ont du mal à avoir les ressources humaines de qualité, c’est une vraie problématique pour le développement des affaires.
3ème élément, c’est faire des études au niveau de nos régions. Que la chambre puisse faire différentes études dans nos régions pour identifier les filières et pour créer les infrastructures. Pour qu’au moins deux entreprises s’installent dans ces filières avant la fin du mandat. Ça vous permet de voir les potentiels au niveau de nos différentes régions et comment on fait pour valoriser et faciliter l’implantation d’entreprise pour exploiter ces potentiels.
4ème élément. Vous savez il y a eu le problème de gouvernance de la chambre. Nous avons beaucoup d’infrastructures qui ont été construites par les différentes mandatures qui sont vraiment en état de dégradation. Les mandatures précédentes n’ont rien fait par rapport à ces infrastructures réalisées à grands frais. Nous demandons maintenant à la nouvelle mandature de faire des études sur ces infrastructures, de penser à comment réhabiliter et les mettre en état de fonctionnalité.
Plus on a les ressources, plus on a la capacité d’agir dans le sens de mettre en œuvre des actions. Pensez-vous que la mandature précédente a bien agi dans ce sens ?
Si on a bien fait déjà, on sentirait un peu les effets. Ils ont fait quelque chose, mais ils n’ont pas suffisamment visé ce qui nous permet d’être fiers de notre Chambre. Ils n’ont pas suffisamment visé les services d’actions de notre entreprise. Ils ont réalisé des infrastructures, c’est bien. Mais beaucoup de ces infrastructures ne sont pas en état de fonctionnalité. La preuve, ils ont un problème. Mais pendant qu’on faisait ça, on a délaissé l’organisation des services d’appui et d’accompagnement dont nos opérateurs économiques sont en droit d’attendre leurs changements. Ce sont les éléments sur lesquels on va revenir.
Vous avez parlé des problèmes liés à la gouvernance. Que proposez-vous de façon concrète ?
Vous savez que les mandatures précédentes se sont beaucoup moins occupées. On a observé beaucoup de pratiques, multiplications de voyage, payements de primes. On s’est occupé des marchés pour les infrastructures. Donc on s’est beaucoup plus occupé de la gestion financière de la chose, plutôt que du service attribué aux entreprises. L’administration de la chambre n’était pas aussi organisée. Nous avons prévu de revoir l’organigramme du secrétariat général pour le sortir des prérogatives des élus en ce qui concerne la gestion financière. Donc, nous avons donné pleins pouvoirs en matière de gestion des activités financières au secrétaire général qui s’en occupe. Ils ne sont pas élus pour devenir des financiers de la chambre. Ils sont élus pour donner leurs idées, leurs raisons et pour challenger les propositions, parce qu’ils connaissent les problèmes qu’ont les opérateurs économiques. Nous avons un outil qui a vocation à faire le don et donc il faut connaître les parties pour les régler. C’est ce qu’on attendait. Donc on n’attend pas de la gestion financière. Si on a besoin de la gestion financière, il faut les experts, les spécialistes.
Le secrétariat général sera désormais comme un conseil. Il faut regrouper les spécialistes pour accompagner les entreprises et on a besoin des idées des élus pour mieux définir ce que ces spécialistes vont faire. On a séparé les responsabilités. Désormais, c’est le secrétariat général qui aura la pleine responsabilité de la gestion financière et nous allons réajuster l’organigramme pour répondre à ce besoin pour mettre en lumière très clairement les services d’appui aux entreprises et les services supports. Nous travaillons aussi à réviser nos manuels de procédures parce que par le passé, il y a eu beaucoup d’imprécisions. Les responsabilités ne sont clairement situées mais maintenant les textes ont été repris pour que les responsabilités soient mieux situées, que les gens soient mieux redevables et qu’ils savent exactement ce qu’on attend d’eux. Nous avons aussi fait un bilan de compétences de nos agents. Si nous avons une nouvelle vision, il faut penser à l’équipe qui pourra nous aider à l’assumer. On a fait un bilan de compétences qui permettra d’identifier les compétences qui manquent au niveau de la chambre pour pouvoir recruter. Aujourd’hui, la réforme offrira des possibilités à des experts.
Avez-vous échangé avec les opérateurs économiques par rapport aux réformes avant de les introduire ?
Nous les avons rencontrés. Nous avons partagé les projets. Quand j’ai été installé en tant qu’administrateur provisoire, j’ai rencontré les opérateurs économiques, les groupes les plus représentatifs pour leur expliquer ce que nous voulons faire et quelles étaient les orientations que nous avons.
Bien sûr. Pour la plupart, ils ont adhéré à la vision du gouvernement. Ils ont fait des propositions qui étaient en phase avec ce que le gouvernement avait décidé. Quand les projets de textes ont été élaborés, nous sommes passés dans toutes les six régions économiques pour réunir l’ensemble des opérateurs économiques afin d’ouvrir un débat autour des propositions. Nous avons tenu compte de leurs contributions pour finaliser les textes qui ont été adoptés par le conseil des ministres.
Quelle est la suite après l’adoption en conseil des ministres ?
Je voudrais dire un mot sur toutes les activités que nous avons entreprises. Nous avons donc décidé de nouer des alliances. La chambre est un instrument merveilleux pour les alliances parce que nous avons des représentants dans plusieurs secteurs. Des accords de partenariat ont été signés avec des experts comptables CNSS, DGI et d’autres accords sont en train d’être conclus. L’idée est de créer de nouveaux produits sur la base de ces accords. Les nouveaux produits que nous allons créer, c’est par exemple le rendez-vous au marché des experts, le parcours de l’entrepreneur, les « matinal thématique » où on choisit un thème et on réunit les gens pour en discuter. Il y a vraiment de l’animation au niveau de la chambre. Nous avons créé de nouvelles fonctions. Nous aurons désormais des conseillers d’entreprises qui ont pour vocations d’aller collecter les besoins des entreprises et leur donner des opportunités.
Nous travaillons aussi sur le système d’information de la chambre. C’est ça l’instrument majeur des choses. Il faut que ça aide véritablement à connecter nos entreprises. Les services d’appui ont été organisés. Si vous permettez, je donne un élément sur le vote électoral qui est aussi une innovation. Pour faire les élections, nous avons besoin de professionnaliser l’organisation des votes. Si nous avons décidé de confier la mise au point de la liste des électeurs et des candidats à la Cena. Elle a de la technicité pour faire ce type d’opérations. Les élections, c’est assez risqué avec des délais courts. Il y a des risques de conflits. Il faut choisir un organe qui en a déjà l’expérience. Avant, on avait des commissions dans tous les centres peu professionnels. Ça allait dans tous les sens avec les risques de contestations. Nous avons décidé que ça soit du vote électronique. C’est une technique qui a été éprouvée. Sous d’autres cieux, nous avons recruté un partenaire leader au plan mondial. Les gens auront les codes qui vont leur permettre d’accéder à la plateforme. Nous nous sommes entourés de toutes les sécurités. Ça offre tous les gages de sécurité, de transparence.
Un message à l’endroit de tous les opérateurs.
Ce que je peux dire aux opérateurs économiques, c’est que la chambre est en train d’être toilettée, assainie pour que quand la nouvelle assemblée sera là, vous en soyez soit fières. Moins de soucis pour tout ce qui est administratif, organisation des activités. Je veux inviter ceux qui veulent contribuer à l’amélioration de la politique du gouvernement en matière de promotion du secteur privé à venir participer aux débats.
Réalisation : ORTB, l’économiste, fraternité, l’événement précis…
Photos : Alain Hinkatin