La dette totale mondiale, englobant à la fois les emprunts publics et privés dans le monde entier, a atteint un niveau record de 184 000 milliards de dollars en valeur nominale, soit l’équivalent de 225% du Produit intérieur brut (PIB) en 2017, selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI) publié en 2019.
Issa SIKITI DA SILVA
Bien que les trois principaux emprunteurs dans le monde – les États-Unis, la Chine et le Japon – soient aussi les économies les plus riches, la dette dans les pays à faible revenu, surtout la dette publique, a continué de croître en 2017, indique le FMI. Et dans certains cas, ceci a atteint des niveaux proches de ceux observés lorsque ces pays à faible revenu demandaient un allégement de leur dette, ajoute-t-il.La dette publique africaine se situait à 45 % de ses richesses totales à la fin de 2017, et 11 des 35 pays à faible revenu que compte l’Afrique subsaharienne sont classés comme étant à haut risque de surendettement par la Banque mondiale.
Ces chiffres offrent une image sans précédent de la dette mondiale au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, se lamente le FMI.Le surendettement de l’Afrique, dont la Chine est la première source, semble donner des maux de tête aux experts africains.Près de 70 % de la dette publique bilatérale camerounaise est détenue par Beijing, révèle l’IRIS, un think-tank français travaillant sur les thématiques géopolitiques et stratégiques. C’est la même situation au Kenya où, en 2016, la Banque mondiale a pointé du doigt l’appétit du pays pour les prêts chinois.« Les niveaux d’endettement externe comme interne augmentent au point de fragiliser les équilibres macroéconomiques et de menacer les perspectives de croissance à moyen terme », avertit Pierre Jacquemot, chercheur à l’IRIS, dans son document d’analyses intitulé »Les risques de la relance de l’endettement en Afrique ».
Nigeria dans le gouffre
La situation n’est guère meilleure au Nigeria où 60 % des recettes de l’État vont au paiement du service de la dette, pénalisant les investissements publics et générant d’importants arriérés intérieurs, explique Pierre Jacquemot. Le secteur bancaire compte un volume croissant de créances improductives.Au Ghana, le gouvernement du président Nana Akufo-Addo, installé en janvier 2017, doit assumer la dette laissée par son prédécesseur, soit environ 80 % du PIB. Dans un contexte de baisse des cours des matières premières, de stagnation de l’aide publique au développement et d’un recours accru à la dette pour financer leurs infrastructures et leurs secteurs sociaux, et faute d’avoir opéré une réforme fiscale d’envergure, de nombreux États africains se sont tournés vers les marchés internationaux des capitaux afin de répondre à leurs besoins de financement, déplore l’IRIS.Les populations les plus pauvres, qui n’ont pas bénéficié de l’expansion du commerce international, sont souvent les premières victimes de ce surendettement et des mesures d’assainissement financier qui vont en résulter, souligne Richard Gerster, un expert suisse.