Le déficit commercial de biens de l’Uemoa s’est aggravé pour ressortir à 3 671,1 milliards F Cfa en 2022 contre 1 111,4 milliards en 2021, selon la Bceao qui recommande des réformes structurelles afin de lever les contraintes à la transformation des économies.
Aké MIDA
Les exportations totales de biens et services dans l’Uemoa sont établies à 26 829,5 milliards F Cfa tandis que les importations de biens et services ont atteint 36 511,2 milliards F Cfa en 2022, selon les données de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Il en ressort un taux de couverture des importations par les exportations de 73,5 % en 2022 contre 78,5 % un an plus tôt, soit une baisse de 5,0 points de pourcentage (pdp), souligne le Rapport sur le commerce extérieur de l’Uemoa au titre de l’année 2022 (Bceao, août 2023). Les échanges extérieurs de biens et services des pays de l’Union ressortent globalement déficitaires à -8,7 % du produit intérieur brut (Pib) de la zone en 2022 contre -6,4 % en 2021. Cette détérioration de 2,3 pdp est notamment liée à l’alourdissement des factures énergétiques et alimentaires. Selon la Bceao, cette évolution est en lien avec une progression des importations de biens et services (+ 21,5 %) plus importante que celle des exportations (+13,6 %).
De manière spécifique, les exportations totales de biens en valeur des pays de l’Uemoa sont chiffrées à 23 999,1 milliards F Cfa, alors que les importations de biens sont ressorties à 27 660,2 milliards en 2022 contre 22 073,2 milliards en 2021. Le déficit commercial de biens de l’Union ressort ainsi à 3 671,1 milliards ou 3,3 % du Pib, contre 1 111,4 milliards ou 1,1 % du Pib en 2021. Par rapport à 2021, le déficit commercial s’est aggravé en raison de l’accroissement de la facture énergétique et alimentaire. En effet, la forte augmentation des importations est imputable à l’augmentation des acquisitions de produits énergétiques (+73,4 %) et de biens intermédiaires (+40,0 %), indique la Bceao.
Contraintes et solutions
Une multitude de contraintes pèsent sur la transformation structurelle des économies et explique la persistance des déficits extérieurs. Au nombre des facteurs limitant la capacité d’offre de biens et services à forte valeur ajoutée des Etats membres de l’Union, la Bceao indique : la faible disponibilité de facteurs de production et leurs coûts de fourniture élevés qui constituent des obstacles majeurs à l’essor des chaînes de valeur. A cela, s’ajoutent la forte sensibilité de la balance commerciale à la volatilité des cours des produits échangés, le déficit d’offre de produits alimentaires non transformés, notamment les céréales, en raison de la vulnérabilité du secteur agricole aux chocs climatiques ainsi que la facture du fret.
Face à cette situation, il urge d’intensifier la mise en œuvre de réformes structurelles afin d’améliorer la compétitivité des filières exportatrices traditionnelles et de diversifier l’offre de biens et services destinés aux non-résidents, prône la Bceao. Des stratégies appropriées devront être envisagées par les Etats en vue de renforcer la résilience des filières de productions vivrières locales, à travers notamment la promotion des cultures irriguées, la vulgarisation de semences améliorées plus résilientes aux chocs climatiques et une utilisation intensive des engrais.
La Banque centrale recommande aussi que des dispositions soient prises à l’effet de promouvoir les chaînes de valeur dans le domaine de l’industrie agroalimentaire et textile et d’accroître l’offre locale de produits énergétiques notamment celle des produits raffinés.
La priorité devrait être également accordée à la maîtrise des risques d’insécurité et à l’accroissement des investissements dans les infrastructures portuaires et aéroportuaires, estime la Bceao, en vue de réduire les coûts des prestations de services de transport facturés aux pays de l’Union.