L’Afrique sub-saharienne est une région des contrastes. Les millionnaires et les milliardaires pullulent la région et la croissance économique dans la plupart de ses pays monte en flèche, mais la pauvreté ne faiblit pas, et la faim menace des millions de ses habitants. Du Bénin au Zimbabwe en passant par la RDC, l’insécurité alimentaire persiste, semant la désolation et les inégalités sociales.
Issa SIKITI DA SILVA
Le dernier rapport du Programme alimentaire mondial (PAM), publié le 31 décembre 2019, vient de peindre une image catastrophique de la région, révélant que des millions des personnes en Afrique sub-saharienne auront besoin d’une aide alimentaire vitale dans les mois à venir.
L’ampleur et la complexité de ce phénomène pourraient handicaper la capacité de l’agence onusienne et nécessiteraient un soutien généreux des donateurs pour une réponse humanitaire accélérée, selon le rapport.
Bien que le rapport mentionne spécifiquement la situation désastreuse des millions de personnes au Zimbabwe, au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo et dans la région du Sahel central, le Bénin, lui, se trouve aussi sur une pente glissante parce que 9,6% de sa population souffre d’insécurité alimentaire alors que la malnutrition chronique affecte 32% des enfants.
La situation dans la région, selon l’ONU, est aggravée par les conflits armés interminables, l’instabilité politique et le changement climatique.
« Dans certains pays, nous voyons des conflits et une instabilité se combiner avec des extrêmes climatiques pour forcer les gens à quitter leurs domiciles, leur champs et leur lieu de travail », a déclaré le directeur exécutif du PAM, David Beasley.
« Dans d’autres pays, les chocs climatiques se produisent parallèlement à l’effondrement économique et laissent des millions de personnes au bord du dénuement et de la faim », a-t-il ajouté.
Au Bénin, pays à faible revenu dont l’économie monte en flèche mais dont l’agriculture est constamment menacée par le changement climatique, l’exode rural semble s’amplifier.
Au moins 2,2 millions d’hectares de terres béninoises équivalant à 19% du territoire national sont dégradées, ce qui correspond à un taux de dégradation moyen annuel de 220 000 hectares, selon une étude réalisée par le ministère du Cadre de vie et du développement durable.
Inquiétudes
Le PAM, qui s’inquiète quant à l’impact d’une sécheresse régionale qui pourrait entraîner encore plus de pays dans les premiers mois de l’année, semble mener de grandes batailles humanitaires complexes sur plusieurs fronts au début de cette année.
L’agence onusienne estime qu’il lui faudra plus de 10 milliards de dollars pour financer intégralement toutes ses opérations dans plus de 80 pays dans le monde au cours de l’année à venir.
Pendant que des millions de personnes meurent de fin en Afrique sub-saharienne, son économie va bon train. La croissance de son PIB devrait atteindre 3,6% en 2020 contre 3,2% en 2019, selon les Perspectives économiques régionales 2019 du Fonds monétaire international (FMI).