Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une légère reprise de la croissance à 3,4% en 2018 en Afrique subsaharienne, malgré un surendettement qui reste préoccupant dans de nombreux pays, selon son rapport d’avril présenté mardi 08 mai 2018 à Libreville. Ce rapport classe le Bénin parmi les Etats les plus performants de la région.
Les Etats les plus performants sont le Bénin, le Burkina Faso, l’Éthiopie, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Rwanda, le Sénégal et la Tanzanie, indique le FMI. Leurs économies ont progressé de 6% ou plus en 2017 et maintiendront une forte croissance à moyen terme. L’Ethiopie réalise la meilleure performance avec 10,9% de croissance en 2017 et une prévision de 8,5% pour 2018. A l’autre extrémité, quinze pays à faibles revenus ont une dette jugée préoccupante. Selon M. Sélassié, l’augmentation de l’endettement dans certains d’entre eux a accaparé « des ressources qui pourraient être consacrées à des domaines essentiels tels que la santé, l’éducation et les infrastructures ». Les deux « géants » économiques du continent, l’Afrique du Sud et le Nigeria, sont quant à eux en état de stagnation, ce qui pèse sur la croissance globale de l’Afrique. « Le taux de croissance moyen de la région devrait passer de 2,8% en 2017 à 3,4% en 2018, en hausse dans environ deux tiers des pays de la région », selon ce rapport qui fait le point des six derniers mois en Afrique subsaharienne. Mais la croissance moyenne « ne devrait pas dépasser les 4% à moyen terme », indique dans un communiqué de presse Abebe Aemro Sélassié, directeur du département Afrique du FMI. Ce chiffre reste « insuffisant » selon lui et en-deçà des performances de croissance entre 1995 et 2015 en Afrique, d’autant qu’un tiers de la population africaine a vu ses revenus baissés. Cette légère reprise s’explique par de « bonnes perspectives économiques mondiales » ou encore « une hausse des prix des matières premières », a indiqué à l’AFP Dominique Desruelle, directeur adjoint du département Afrique du FMI. « Ces facteurs ont suscité d’importantes entrées de capitaux dans la région », selon M. Sélassié qui se félicite de « l’amélioration des politiques appliquées dans certains pays ».
Les conflits, frein au développement
Depuis 2014, ce continent a été touché à des degrés variables par la baisse des prix du pétrole – la plus forte depuis 1970, souligne le FMI -, ce qui a entraîné « un taux de croissance bien inférieur aux tendances passées et un endettement en hausse ». L’Afrique souffre de périodes de baisse de la croissance « plus longues et plus profondes » que les autres régions du monde, du fait notamment de sa dépendance aux matières premières, analyse M. Desruelle. Le FMI note en outre que les conflits représentent un coût majeur et des freins au développement pour les pays du Sahel, le Burundi, la République Démocratique du Congo ou le Soudan du Sud. Le Fonds, qui a lancé dans 20 pays d’Afrique subsaharienne des programmes d’appui ou d’aide financière, prône une croissance « soutenue » car en « en Asie, c’est cela qui a transformé la situation », selon Dominique Desruelle. Le FMI soutient également l’investissement privé qui reste « trop faible » par rapport aux pays émergents d’Asie. Pour l’institution de Bretton Woods, il faut aussi mettre l’accent sur l’élargissement de l’assiette fiscale. « En moyenne, il devrait être possible d’augmenter les recettes fiscales d’environ trois à cinq points de pourcentage du PIB au cours des prochaines années », selon M. Sélassié. Les plans d’ajustement structurels du FMI dans les années 1980-1990, ont laissé de douloureux souvenirs en Afrique, accusés d’avoir appauvri une partie de la population par des mesures trop libérales. Aujourd’hui, l’institution dit vouloir mettre davantage l’accent sur le PIB par habitant que par pays et protéger les dépenses sociales.
Joël YANCLO