Le Japon a accueilli les dirigeants africains du 28 au 30 août 2019, dans le cadre de la septième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD). A Yokohama, de nombreux chefs d’Etats africains ont échangé pendant trois jours pour le développement et les partenariats économiques.
Abdul Wahab ADO
Les rideaux sont tombés ce vendredi 2019 pour marquer la fin de la Ticad 7.
« En apportant une assistance à l’Afrique, nous devons tenir compte du
fardeau de la dette du pays qui reçoit cette aide et faire en sorte que ce fardeau
ne devienne pas excessif » a déclaré le Premier ministre
japonais Shinzo Abe aux termes
des conclusions de la Ticad 7. L’agriculture numérique, est la prochaine étape
du développement économique de l’Afrique que le Japon veut pour le continent
africain. Pour y parvenir le Japon envisage de favoriser l’espace numérique qui aidera à
recentrer les priorités de développement du secteur agro-industriel de
l’Afrique et à surmonter ses nombreux obstacles. A cette conférence de haut
niveau « « L’Afrique
numérique 2020 et le Groupe d’investissement japonais : la création
de marchés pour la numérisation de l’Afrique » est la thématique.La nouvelle édition intervient dans un contexte marqué par la forte
présence du géant chinois sur le continent africain. Le Japon, à l’instar des
Etats-Unis ou de la Russie, veut redynamiser ses relations avec les pays
africains afin de rattraper son retard par rapport à Pékin. En effet, les
participants à la 7ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement
de l’Afrique (TICAD 7) ont souligné leur détermination à poursuivre le
partenariat entre l’Afrique et les partenaires de la TICAD afin de renforcer le
développement durable et consolider la paix et la stabilité dans le continent.
Dans la «Déclaration de Yokohama» marquant la fin des travaux du Sommet de la TICAD, qui s’est
clôturé vendredi, et qui a connu la participation de hauts responsables
japonais et africains, dont le Maroc, les participants ont également mis en
avant le rôle d’un partenariat renforcé dans le développement des technologies et
des innovations en Afrique. «Compte tenu des concepts de développement
durable et de sécurité humaine, la mise en œuvre de la TICAD devrait être
guidée par les dynamiques et les priorités de développement de l’Afrique»,
ont-ils insisté, soulignant que la TICAD doit s’aligner sur la vision africaine
telle qu’elle est clairement exprimée dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine
(UA), ainsi que l’engagement pris au niveau mondial pour l’Agenda 2030 pour le
Développement durable (ODD). La déclaration de Yokohama a également salué
les efforts déployés par l’UA et ses Etats membres pour renforcer l’intégration
économique, à travers notamment l’entrée en vigueur récente de la Zone de
libre-échange continentale africaine (ZLECAF) qui est susceptible de favoriser
un commerce plus inclusif et plus durable, moins tributaire des fluctuations
des prix des produits de base.
Le texte a aussi mis en exergue
l’importance de la coopération entre le Japon et l’Afrique dans de nombreux
secteurs, dont les infrastructures, les investissements du secteur privé, les
innovations technologiques, en particulier dans le domaine de l’industrie, en
plus de la diminution des impacts des changements climatiques et des risques de
catastrophes, ainsi que le développement des ressources humaines.
A cet égard, les participants ont salué les relations entre le Japon et
l’Afrique, en ce sens qu’elles permettent aux deux parties un bénéfice mutuel,
notamment grâce à l’expérience japonaise en matière de développement en Asie et
la dynamique économique récente en Afrique.
Par ailleurs, la déclaration a Yokohama réitéré l’importance
du développement du secteur privé, de la transformation numérique, et de
l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes pour la mise en œuvre des domaines
prioritaires de la TICAD 7, saluant, dans ce sens, la participation active des
sociétés privées du Japon et de l’Afrique à ce sommet. « La participation
soutenue du secteur privé constitue un élément essentiel du processus de la
TICAD dans le sens du progrès ». Placé
sous le thème « faire progresser le développement de l’Afrique à travers les
hommes, la technologie et l’innovation », le sommet, qui a connu la
participation de plus de 4.500 personnes, vise à mener des concertations et des
débats sur le thème du développement du continent africain et d’autres thèmes
liés à la sécurité et la stabilité.
Lancé par le Japon en 1993, le sommet
de la TICAD est une conférence internationale sur le développement de l’Afrique
qui est organisée à l’initiative du gouvernement japonais, conjointement avec
les Nations unies, le Programme des Nations unies pour le développement, la
Commission de l’Union africaine et la Banque mondiale.
L’investissement dans les infrastructures
L’Afrique et le Japon ont jugé vendredi essentiel que les infrastructures construites en Afrique soient « abordables », dans une allusion apparente aux projets chinois pharaoniques des Nouvelles routes de la soie, accusés de précipiter les pays dans le piège du surendettement. « Nous estimons que des infrastructures de qualité, abordables surtout leur cycle de vie sont fondamentales pour une transformation économique durable », selon le texte de la déclaration finale publiée à l’issue d’un sommet de trois jours sur le développement de l’Afrique.
La Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad) co-organisée avec l’ONU, la Banque Mondiale et l’Union Africaine depuis 1993, a réuni plus de 50 pays africains à Yokohama, dans la banlieue de la capitale japonaise. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a mis en garde l’Afrique contre des niveaux excessifs d’endettement. « Si des pays partenaires sont profondément endettés, cela gêne les efforts de tout le monde pour entrer sur le marché », avait déclaré M. Abe devant des dirigeants africains. Dans les trois prochaines années le Japon prévoit aussi de former dans 30 pays africains des experts à la gestion des risques financiers et de la dette publique, avait ajouté M. Abe. Le nouveau chiffre du total des investissements japonais à venir en Afrique n’est pas encore dévoilé. La Ticad 7 insiste sur les investissements du secteur privé plutôt que des financements publics au développement. En une décennie les exportations japonaises vers l’Afrique ont été réduites de moitié à environ 7 milliards de dollars. Le pays qui accueille près d’une cinquantaine de chefs d’Etats africains à la 7e conférence TICAD réitère sa stratégie basée sur l’appui au développement des compétences locales à la place de l’aide classique, avec comme fer de lance les entreprises nippones.
Le Japon veut dépasser la Chine en investissements en Afrique
Puissance régionale et grande rivale de la chine en Asie, le Japon a mis du temps à exploiter le potentiel africain pour ses entreprises, largement distancées par les sociétés européennes, américaines ou chinoises en Afrique. Le pays du soleil levant compte se rattraper en accélérant le rythme de ses investissements en s’appuyant notamment sur ses entreprises.