La Banque africaine de développement (BAD) a publié hier, mercredi 6 février 2019, le rapport intitulé ‘’Perspectives économiques en Afrique 2019’’. Cette nouvelle étude révèle que la croissance industrielle du Bénin devrait augmenter de 13,3 % au titre de l’année 2019.
Félicienne HOUESSOU
Les perspectives de la BAD pour 2019 sont favorables pour le Bénin. La croissance du Produit intérieur brut (PIB) réel devrait être de 6,3 % en 2019 etde 6,8 % en 2020. La croissance du secteur de l’extractionde matières premières devrait atteindre 5,7 % en 2019,tirée principalement par le secteur du coton. Cependant, le rapport 2019 de la BAD indique que la croissanceindustrielle du pays devrait augmenter de 13,3 % en 2019, grâceaux secteurs du bâtiment et des travaux publics (croissancede 25 %) et de l’électricité et de l’eau, qui devraientcroître de 8 % lorsque la centrale électrique Maria-Gléta de 120 M W débutera sa production. Alors qu’au cours de l’année 2018, la croissance du PIB réel a été estimée à 6,0 %, contre 5,4 % en 2017, en raison des bonnes performancesde l’agriculture, en particulier du coton (+5,6 %),du secteur industriel (+6,7 %), tiré par les usines d’égrenage(+18 %) et du secteur du bâtiment et travaux publics (+8,5 %). Au cours de la même année 2018, le secteur des services a progressé de 7,5 %grâce au dynamisme des transports, des postes et destélécommunications (+10,6 %), des banques et autresinstitutions financières (+9,5 %), du commerce et desindustries alimentaire et hôtelière (+6,9 %).
Du côté de lademande, la croissance a été tirée principalement par la consommation finale (+3,6 %).« Le déficit commercial s’estlégèrement réduit, passant de 9,1 % du PIB en 2017 à8,3 % en 2018.Le déficit budgétaire (dons compris) a été ramené à4,7 % du PIB en 2018, contre 5,9 % en 2017, grâce à lamobilisation des recettes (1,2 % du PIB) et à la réductiondes dépenses courantes. La dette intérieure (60 % dela dette publique totale) représentait 30,9 % du PIB et lerisque de surendettement est passé de faible à modéré.Le Bénin mène une politique monétaire commune miseen place par la Banque centrale des États de l’Afrique del’Ouest (BCEAO). Le taux d’inflation est passé de 0,1 % en 2017 à1,6 % en 2018 », précise le document de l’institution financière.Selon les estimations, le déficit budgétairedevrait se stabiliser à 2,6 % du PIB en 2019 et à 1,9 % en2020. La dette publique totale devrait tomber à 53, 3 % duPIB en 2019 et 48,9 % en 2020.
La BAD pointe du doigt quelques stratégies
Ses performances seront effectives grâce à la poursuite du Plan stratégique de développementdu secteur agricole 2017–2025 et du Plan national d’investissementagricole, de sécurité alimentaire et nutritionnelle2017–2021 et les stratégie de promotion de plusieurs sous-secteurs, tels que le maïs, le riz, le coton, lanoix de cajou, le manioc et l’ananas. Selon les experts de la BAD, les réformes du secteur de l’électricité engagées en2016 devraient améliorer la gouvernance et doubler la capacitéinstallée à 500 M W d’ici 2021. « Le taux brut de scolarisationestimé à 124,82 % en 2015, et la mise en œuvre de la Politique nationale de l’éducation 2018–2021 devraitaméliorer le secteur. Des progrès sont visibles dans la luttecontre le VIH/Sida avec une prévalence estimée à 1 % », peut-on lire dans le rapport. Mais, prévient le document, « les perspectives de croissance économique sont bonnes, mais restent vulnérables aux chocs extérieurs,en particulier les pluies, les prix mondiaux du coton etdu pétrole, et l’évolution de la situation économique duNigéria ».Pour les économies côtières comme le Bénin, l’étude a proposé quelques mesures spécifiques pour les programmes d’intégration.
Il s’agira primo, d’agrandir les installations portuaires, y compris les installations de stockage et d’administration des douanes, accroîtrel’efficacité des services maritimes et du chargement et déchargement des conteneurs. Le coût des installations portuairesafricaines est de 40 % supérieur à la norme mondiale. À cela s’ajoutent de longs délais d’immobilisation des conteneurs,des retards dans les autorisations de mouvements des navires, des lenteurs dans le traitement des papiers administratifs,et un faible nombre de conteneurs par grue et par heure (sauf en Afrique du Sud). En définitive, plus de 70 % des retardsdans la livraison du fret proviennent de retards au niveau des ports.
Secundo, d’augmenter la vitesse et la fiabilité des réseaux ferroviaires et routiers en réduisant la congestion et les retards aux points decontrôle, et l’envoi à l’entretien des camions et du matériel roulant.
Tertio, d’exercer des pressions pour l’amélioration des conventions et instruments au-delà des négociations multilatérales, au pointmort qui facilitent le commerce de transit.
Plusieurs pays africains montrent une amélioration budgétaire
La BADa axé sa nouvelle étude autour de trois volets, à savoir la croissance et les défis financiers et monétaires de l’intégration, la création d’emplois, les enjeux économiques de l’intégration en Afrique.Les experts notent une amélioration générale et continue des performances économiques du continent. Le produit intérieur brut (PIB) est estimé à 3,5 % en 2018, soit à peu près le même pourcentage qu’en 2017 mais en hausse par rapport à 2016 (2,1 %). La croissance du PIB de l’Afrique devrait s’accélérer à 4.0 % en 2019 et atteindre 4,1 % en 2020.Ce taux reste néanmoins insuffisant pour résorber les courants persistants et à une dette devenue parfois insoutenable. Il faut donc que les pays accélèrent leur taux de croissance et renforcent son efficacité pour créer des emplois décents. Les Perspectives 2019 montrent que les résultats macroéconomiques et en matière d’emploi sont meilleurs lorsque l’industrie mène la croissance.En ce qui concerne la politique monétaire des pays africains, certains ont vu leurs taux de change stabilisés après la diminution des pressions inflationnistes. Mais la croissance économique n’a pas profité à la création d’emplois. Pour stimuler le marché du travail, Il faudra selon la BAD des politiques économiques facilitant la mobilité de la main d’œuvre, accompagnées d’un environnement concurrentiel solide dans le secteur privé.Et pour créer de l’emploi qualité, la BAD recommande de diversifier les produits en développant un secteur manufacturier solide.Une corrélation a ainsi été faite entre le secteur informel et le taux de chômage, établissant que l’informalité est plus élevée dans les pays à faible revenu et le chômage plus élevé dans les pays à revenu intermédiaire.
En effet, cette année, les perspectives économiques en Afrique examinent les récentes évolutionsmacroéconomiques et les perspectives sur le continent, en mettant l’accent sur lesimplications des déséquilibres extérieurs sur la croissance et les défis financiers et monétairesde l’intégration. La création d’emplois est ensuite abordée à travers l’analyse dudynamisme des entreprises.
Enfin, le rapport explore les enjeux économiques del’intégration régionale en Afrique et les politiques susceptibles d’apporter la prospéritééconomique. Rappelons que le thème spécial de cette année est l’intégration régionale pour la prospérité économique de l’Afrique. Cette intégration couvre non seulement la coopération commerciale et économique mais aussi la fourniture de biens publics régionaux.
Photo : Serge
Légende : Serge Ahissou, ministre de l’Industrie et du commerce