La mauvaise gouvernance et la corruption ont un impact négatif sur la croissance économique. Elles faussent les dépenses publiques et compromettent la mobilisation des recettes intérieures, causant des pertes de recettes fiscales estimées à 1 000 milliards de dollars dans le monde, selon Antoinette Sayeh, directrice générale adjointe du Fonds monétaire international (FMI).
Issa SIKITI DA SILVA
« A une époque où le monde est confronté à de multiples crises – la pandémie de COVID-19, la guerre en Ukraine et les défis permanents du changement climatique – le besoin d’une bonne gouvernance est devenu plus urgent », a déclaré Antoinette Sayeh dans une interview accordée récemment à « IMF Country Focus ».
En voyage au Botswana où elle a assisté à une conférence de haut niveau sur la promotion de la bonne gouvernance, la Libérienne a laissé entendre que les pays les plus performants économiquement ont généralement un niveau élevé d’engagement politique en faveur de la bonne gouvernance et de transparence.
Ceci, explique-t-elle, peut être analysé de plusieurs façons : par la façon dont le budget d’un pays est formulé et présenté, par le degré d’indépendance de la banque centrale et s’il existe un engagement à déclarer les actifs des principaux responsables publics, et à publier des audits.
En Afrique, une région longtemps considérée comme le berceau de la mauvaise gouvernance et la corruption, très peu de dirigeants politiques (chefs d’Etat, députés, gouverneurs des provinces, maires, ministres, politiciens de l’opposition et tant d’autres) déclarent publiquement leurs actifs, lesquels sont estimés à des centaines de milliards de dollars « cachés » hors du continent, y compris dans des paradis fiscaux, pendant que près de 50% de la population africaine vit dans l’extrême pauvreté.
Entre 1 200 et 1 400 milliards de dollars auraient quitté l’Afrique entre 1980 et 2009 à travers des flux financiers illicites, selon l’ONU. Treize ans après, les chiffres auraient peut-être quadruplé et atteint des proportions alarmantes, selon des sources indépendantes.
Mauvaise allocation des ressources
Un rapport de Transparency International intitulé en anglais « The Impact of Corruption on Growth and
Inequality » a indiqué que la corruption conduit à une mauvaise allocation des ressources, détourne les talents et les ressources, y compris les ressources humaines, et agit comme une taxe inefficace sur le business, augmentant ainsi les coûts de production. Par ailleurs, la corruption mine la qualité et la quantité des services de santé et de l’éducation, souligne le rapport.
Respect de l’État de droit
A en croire Antoinette Sayeh, le respect de l’État de droit et des droits de propriété est primordial pour attirer les investisseurs étrangers dans un pays. La bonne gouvernance consiste à assurer l’efficacité, la transparence et la surveillance publique des investissements, selon cette ancienne ministre des finances, qui ajoute que l’accès à l’information, l’innovation et la technologie peuvent jouer un rôle important pour aider les gouvernements à concrétiser leurs priorités.
Le FMI vient de publier un livre intitulé « Good Governance in Sub-Saharan Africa », dans lequel sont présentés trois pays – le Botswana, le Rwanda et les Seychelles – qui fournissent des efforts pour améliorer la gouvernance.