Une dizaine de pays africains, dont le Ghana, le Kenya et l’Afrique du Sud, vont bientôt lancer leurs monnaies numériques de banque centrale (CBDC), emboîtant ainsi le pas au Nigeria qui avait introduit e-Naira en octobre 2021.
Issa SIKITI DA SILVA
Les CBDC (Central Bank Digital Currency) sont des versions numériques des espèces plus sûres et moins volatiles que les actifs cryptographiques, car elles sont émises et réglementées par les banques centrales. Le Nigeria a été le premier pays en Afrique et le deuxième au monde après les Bahamas, à lancer la version numérique de sa monnaie.
Selon le Fonds monétaire international (FMI), l’Afrique du Sud et le Ghana mènent déjà des projets pilotes, tandis que des pays tels que le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, la Tanzanie, le Malawi, la Zambie, la Namibie, le Zimbabwe et la grande île de Madagascar sont en phase de recherche.
La Banque du Ghana est en train de tester une CBDC à usage général ou de détail (e-Cedi), qui peut être utilisée par toute personne disposant soit d’une application de portefeuille numérique ou d’une carte à puce sans contact pouvant être utilisée hors ligne, a révélé le FMI.
Quant à l’Afrique du Sud, sa banque centrale (South African Reserve Bank) expérimente une CBDC, qui ne pourra être utilisée que par les institutions financières pour les virements interbancaires, dans le cadre de la deuxième phase de son projet Khokha. Le pays participe également à un projet pilote transfrontalier avec les banques centrales d’Australie, de Malaisie et de Singapour.
En février 2022, la Banque centrale du Kenya (CBK) avait publié un document de travail dans lequel il lançait l’appel à toute personne d’apporter ses suggestions et commentaires sur le lancement prochain de la version numérique du Kenyan Shilling (Ksh).
« De nouveaux moyens de paiement numériques ont vu le jour pour faciliter les transactions, y compris les CBDC, émis par les banques centrales pour servir de monnaie sous forme numérique. Naturellement, l’équilibre des risques et des avantages des CBDC dépendra d’une économie à l’autre », a déclaré la CBK.
Motivations différentes
Les pays ont des motivations différentes pour émettre des CBDC, mais pour l’Afrique, il y a des avantages potentiellement importants, selon trois experts du FMI.
« Le premier est la promotion de l’inclusion financière. Les CBDC pourraient apporter des services financiers aux personnes qui ne disposaient pas de compte bancaire auparavant, surtout si elles sont conçues pour une utilisation hors ligne. Dans les régions éloignées sans accès à l’internet, les transactions numériques peuvent être effectuées à de frais très bas ou gratuitement à l’aide de simples téléphones polyvalents », ont expliqué Habtamu Fuje, Saad Quayyum et Franck Ouattara, dans une tribune publiée sur le site de l’institution de Bretton Woods.
A en croire le FMI, les CBDC peuvent également faciliter les virements et les paiements transfrontaliers. L’Afrique subsaharienne étant la région la plus chère pour envoyer et recevoir de l’argent, les CBDC pourraient rendre l’envoi de fonds plus facile, plus rapide et moins cher en raccourcissant les chaînes de paiement et en créant plus de concurrence entre les fournisseurs de services.