Le Sommet Union européenne-Union africaine qui a réuni l’ensemble des chefs d’État et de gouvernement s’est tenu les 17 et 18 février 2022 à Bruxelles. A la veille de cet évènement, le groupe de l’Agence Française de Développement (AFD) a organisé le mercredi 16 février 2022 à Paris, une conférence de haut niveau afin de promouvoir une nouvelle alliance euro-africaine pour des investissements durables. Cet atelier a réuni de nombreux partenaires du secteur privé et de la société civile des deux continents dont Khaled Igué, Economiste et président du Club 2030 Afrique qui a fait d’importantes propositions pour le nouveau partenariat entre l’Ue et l’Afrique.
Abdul Wahab ADO
« Il faut impérativement réinventer le multilatéralisme entre l’Europe et l’Afrique. C’est très important ». C’est l’une des expressions fortes de Khaled Igué, le jeune banquier d’affaires et président du Club 2030 lors de la conférence du groupe AFD sur le thème « Contribuer à la nouvelle alliance entre l’Afrique et l’Europe ». Le président du Club 2030 Afrique explique que « l’élément dimensionnant le plus important pour renouveler ce partenariat, c’est la formation et l’employabilité de la jeunesse africaine et Européenne, tout le reste est secondaire ».
Si vous regardez bien, soutient-il, « nous avons une population africaine très jeune aujourd’hui. 70% de la population, africaine a moins de 30 ans. « Nous avons les ressources humaines et naturelles en Afrique et en face, vous avez une population européenne qui est beaucoup plus mature en matière de démographie et a aujourd’hui, la technologie de pointe et de marketing, un savoir-faire. (…) si on prend en compte l’élément dimensionnant de la formation et de l’employabilité de la jeunesse, on pourrait le décliner en besoin d’investissement dans les industries, les infrastructures en termes de transport et d’éducation de santé, d’énergie d’agriculture et de la technologie. Et c’est à ce moment-là qu’allait converger vers l’agenda global Europe Afrique, les sociétés civiles, les entreprises et les collectivités territoriales ».
Toujours dans son développement des approches de solution pour booster le développement du continent, l’auteur du livre « L’heure de l’Afrique », fait savoir : « En 2022, nous sommes là à parler à nouveau de partenariat entre l’Europe et l’Afrique parce que depuis 30 ans, l’Europe n’a pas encore fait le choix de l’Afrique comme partenaire stratégique. L’Europe n’a toujours pas lié son destin à celui de l’Afrique…Il y a 30 ans les entreprises européennes ont décidé de délocaliser pas mal d’industries en Asie notamment en Chine. Elles ont contribué à augmenter les échanges commerciaux entre la Chine et les pays africains. Parce que la Chine est allée en Afrique chercher les matières premières pour satisfaire son marché local mais aussi pour répondre aux marchés européens. Si l’Europe avait fait le choix de l’Afrique comme partenaire stratégique depuis 30 ans, nous aurions eu assez d’industries parce que nous aurions co-industrialisé, co-investi. Le cas concret de la pandémie de Covid-19, l’Afrique aura été capable. Parce que les pays africains sont de grands producteurs de coton capable de fournir des marques à l’Europe avec des stocks.
Les trois autres propositions du président du Club 2030 Afrique
Trois axes principaux ont été proposés par le président du Think thank Club Afrique 2030. « Pour que ce partenariat soit gagnant-gagnant, pour les 30 prochaines années, il faut qu’en premier, l’Europe choisisse l’Afrique en tant que partenaire stratégique et pour cela, que nous réinventions ensemble le multilatéralisme Europe-Afrique. Ensuite, il faut dimensionner autour de ce partenariat l’employabilité et la formation de la jeunesse africaine et européenne et pour cela, créer une agence commune de transfert de compétences et de technologie, et enfin, l’auteur du « L’heure de l’Afrique » a insisté sur la nécessité de mettre massivement en place la co-entreprise et le co-investissement dans l’approche de partenariat entre l’Europe et l’Afrique. « On n’aide pas quelqu’un dans un partenariat d’égal à égal. On s’entraide entre. Du point de vue économique on parle d’entraide entre nation ».
L’économiste Khaled Igué a cité « Chaque génération dans une relative opacité doit découvrir sa mission, la remplir ou la trahir ». Cette phrase de Frantz Fanon est encore valable aujourd’hui et s’applique à toutes les nations africaines en construction, mais aussi à toutes les nations européennes qui sont aujourd’hui à la recherche d’une certaine identité. « Si ma génération devrait trouver une mission, ce serait de faire en sorte qu’on ait une prospérité partagée. Et, c’est seulement à ce moment qu’on peut parler de construire un avenir en commun. Notre responsabilité en tant qu’Africain, c’est de définir nos besoins, d’amorcer nos projets, d’investir dans un premier lieu, d’aller chercher les investisseurs directs étrangers européens pour faire un effet de levier. C’est ça notre responsabilité. Mais vous ne pouvez pas parler de l’Afrique et de l’Europe comme on parlait de l’Afrique et des Etats Unis. Nous avons une proximité géographique très importante et nous avons une proximité historique qui n’a pas d’égal. Donc, accepter, que certaines responsabilités soient mises sur la table (…). Il faut qu’on accepte si on veut construite cet avenir commun, il faudrait qu’on s’asseye pour définir les règles du jeu », revendique le panafricaniste.
De grandes personnalités aux côtés de l’économiste Khaled Igué
Pour le premier atelier de haut niveau, sur la thématique « Investir ensemble pour une nouvelle alliance entre l’Afrique et l’Europe », il y avait : Achille Mbembe, philosophe et professeur d’histoire et de sciences politiques à l’université de Witwatersrand, Johannesbourg ; Chrysoula Zacharopoulou, députée européenne ; Khaled Igué, président du Club 2030 Afrique; Koen Doens, directeur général pour les Partenariats internationaux (INTPA) à la Commission européenne ; et Hervé Berville, député français ; Serge Ekué, président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). Pour le président de la BOAD, Serge EKUE, en tant que président de l’institution ouest africaine, c’est de financer le développement de l’économie avec des maturités les plus longues. « Il faut financer les projets qui changent la vie des gens. Si vous ne changez pas la vie des gens notre œuvre est inutile », avait fait savoir le président de la Banque ouest-africaine de développement à cet atelier.