En octobre, Orano a annoncé selon le site d’information ecofin, la suspension de sa production d’uranium au Niger. Cette décision, liée aux difficultés financières de l’entreprise française face à l’impossibilité d’exporter sa production depuis le début de 2024, suscite le mécontentement des autorités nigériennes.
Le Conseil d’administration de la Société des mines de l’Aïr (Somaïr), une filiale d’Orano exploitant la seule mine d’uranium active au Niger, a mis un terme aux dépenses consacrées à l’extraction et au traitement du minerai. Cette action contredit les demandes des autorités nigériennes, qui ont insisté fin octobre pour que les opérations sur le site se poursuivent.
Orano a souligné que la Somaïr est actuellement en difficulté en raison de l’accumulation des dettes de son actionnaire, la SOPAMIN, ainsi que de son incapacité à exporter et à encaisser les revenus des ventes, malgré des infrastructures industrielles performantes et des réserves minérales suffisantes pour assurer une production jusqu’en 2040.
Le gouvernement nigérien, à travers la Société du patrimoine des mines du Niger (SOPAMIN), détient 36,6% des parts de la Somaïr, tandis qu’Orano en possède 63,4%. En octobre, Orano avait justifié sa suspension de production par l’impossibilité d’exporter les volumes produits cette année. En réaction, l’Etat nigérien a dénoncé un « manque de transparence » et a annoncé l’achat de 210 tonnes d’uranium parmi les 1000 tonnes bloquées à la mine fin octobre 2024.
Les difficultés rencontrées par Orano s’inscrivent dans un contexte de tensions accrues entre le Niger et la France, suite au coup d’État de juillet 2023. Bien que le Niger fournisse jusqu’à 17% des besoins français en uranium, la société semble souffrir des frictions entre Paris et Niamey. En plus de la suspension des exportations, Orano a perdu en 2024 les droits d’exploitation d’un autre site d’uranium, celui d’Imouraren, retirés par le gouvernement nigérien en juin.
Il est important de noter que cette situation pourrait affecter non seulement les revenus du Niger, où l’uranium représente 15% à 20% des exportations selon la BCEAO, mais aussi les emplois des 750 salariés de la Somaïr, sans oublier les sous-traitants. Orano a cependant affirmé que les mesures prises jusqu’à présent visent à protéger les salaires des employés jusqu’à la reprise des activités.
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