(L’économie béninoise enrhumée)
La suppression de la subvention du carburant par Bola Tinubu, le nouveau président du Nigeria, met en difficulté l’économie béninoise. Une décision audacieuse qui a entraîné la hausse immédiate du prix de l’essence et de l’inflation (2,1% en mai 2023 contre 1,8% un mois plus tôt) au Bénin. La tendance haussière se poursuit car les prix grimpent pour les produits de grande consommation.
Falco VIGNON
Le taux d’inflation au niveau national au titre du mois de mai 2023, suivant la définition adoptée dans l’espace UEMOA, est ressorti à 2,1%, soit une hausse de 0,3 point de pourcentage par rapport à celui du mois précédent, a indiqué l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INStaD) dans un récent bulletin.
L’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation du mois de mai 2023 a enregistré une hausse pour ressortir à 110,7 contre 109,3 un mois plus tôt. La hausse mensuelle de l’indice est imputable essentiellement à l’augmentation des prix des biens des fonctions « Produits alimentaires et boissons non alcoolisées » (+2,7%) et « Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles » (+1,0%). Les principaux groupes de biens dont les prix ont contribué à cette augmentation sont : « Légumes frais en fruits ou racine » (+35,9%), en lien avec la hausse des prix de la tomate fraîche, de l’oignon frais, du poivron frais et de la carotte en raison de la saison ; « Poissons frais » (+12,2%), due à la période des pluies qui ne facilite pas la pêche ; « Combustibles solides » (+4,6%), lié à la diminution de l’offre du charbon et du bois de chauffe en période des pluies. Toujours selon l’Instad, l’indice sous-jacent est l’indice de l’évolution du niveau général des prix obtenu en dehors des phénomènes perturbateurs liés aux produits saisonniers et énergétiques. Ainsi, l’inflation sous-jacente est obtenue à partir de l’indice des prix des produits hors énergie et produits frais. En mai 2023, l’indice des prix des produits hors énergie et produits frais s’est établi à 109,7 contre 109,6 au mois précédent. En comparaison au même mois de l’année dernière, il est en hausse de 1,9%, contre 2,8% un mois plus tôt.
L’inflation a accéléré depuis 2023 et a atteint 6,9% fin mars dans Uemoa
Un rapport de juin 2023 de groupes de réflexion et les chercheurs, le public et la direction de la Banque mondiale sur l’état de l’économie béninoise et ses perspectives, ainsi que sur les défis immédiats du développement indiqu’au niveau régional, l’inflation dans un premier temps est restée modérée en 2022 mais a accéléré depuis 2023 et atteint 6,9% fin mars. À fin 2022, l’inflation atteignait 2,9 % en glissement annuel, soit un niveau nettement inférieur à la moyenne de l’UEMOA qui était de 7,8 %. Cet écart s’explique par plusieurs facteurs. Alors que l’inflation alimentaire était le principal moteur de l’inflation dans la région, les prix des denrées alimentaires sont restés relativement stables sur 2022 grâce à une bonne récolte de produits locaux et à une bonne saison de pêche. De plus, les mesures adoptées en mars 2022 pour contrôler l’exportation de denrées alimentaires produites localement, combinées à des exonérations fiscales temporaires sur certains produits importés (riz, huile de cuisson, farine de blé), ont permis de maintenir l’inflation alimentaire à de très faibles niveaux. Néanmoins, l’expiration des mesures de soutien combiné à l’impact de la hausse des prix de l’essence à la pompe et des pénuries de carburant au Nigéria ont conduit à une accélération de l’inflation depuis février 2023. Les prix des denrées alimentaires (+10,8 % en glissement annuel en mars 2023), des transports (+7,8 % en glissement annuel en mars 2023) et de l’énergie et du logement (+10,3 % en glissement annuel en mars 2023) ont conduit l’indice global à la hausse. En mars, l’inflation en glissement annuel atteignait 6,9, affectant de manière disproportionnée les ménages les plus pauvres pour lesquels les prix des denrées alimentaires et de l’énergie représentent une plus grande part de leur panier de consommation. La position extérieure s’est sensiblement détériorée pour la deuxième année consécutive dans un contexte d’augmentation des prix de produits d’importation, notamment pétroliers.
Le déficit du compte courant s’est creusé en 2022, sous l’effet de la hausse des prix des importations de pétrole et de produits alimentaires. Après une première baisse à 4,1 % du PIB en 2021 (-2,5 pt en glissement annuel comparé à 2020), le déficit du compte courant s’est détérioré pour atteindre un niveau estimé à 5,6 % du PIB en 2022 (-1,5 pt en glissement annuel). Cette détérioration s’explique principalement par la hausse du déficit de la balance commerciale des biens, qui est passée de 2,0 à 3,4% du PIB. Sous l’effet de la hausse des prix, les exportations de coton ont augmenté mais n’ont pas pu compenser la hausse des importations (+27,8% en glissement annuel) suite à l’augmentation des prix des matières premières, notamment des produits pétroliers ainsi que des dépenses liées à la sécurité.