(Une hausse du Pib projetée à plus de 4 % en 2024)
Le financement du secteur privé est essentiel pour compléter les efforts des pouvoirs publics en vue de parvenir à une croissance verte et durable en Afrique de l’Ouest. L’augmentation du Pib est projetée à 3,9 % en 2023 et 4,2 % en 2024 dans la région, selon un dernier rapport de la Bad.
Aké MIDA
Les perspectives de croissance du produit intérieur brut (Pib) en Afrique de l’Ouest sont positives et devraient augmenter légèrement pour atteindre 3,9 % en 2023 et 4,2 % en 2024. Le rapport 2023 des Perspectives économiques de l’Afrique de l’Ouest, lancé fin juillet par la Banque africaine de développement (Bad), reste optimiste suivant l’hypothèse d’un recul de l’inflation.
L’amélioration des perspectives inflationnistes mondiales devrait accroître les liquidités mondiales et ainsi stimuler les entrées de capitaux dans la région. Le niveau général des prix dans la région devrait se stabiliser à 17,5 % en 2023 avant de baisser à 11,1 % en 2024 d’après le document de la Bad. Ainsi, l’inflation restera supérieure à la moyenne continentale en 2022, 2023 et 2024.
Le taux d’inflation est ressorti à 17 % en 2022, après 12,7 % en 2021 et 9,7 % sur la période 2014-2020. La hausse du niveau général des prix est essentiellement due à l’augmentation des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, suite aux tensions sur la chaîne d’approvisionnement mondiale occasionnées par la pandémie de Covid-19 et le changement climatique et amplifiées par le conflit russo-ukrainien depuis février 2022.
L’activité économique serait tirée par la demande intérieure, en l’occurrence la consommation des ménages et les investissements, ainsi que la demande extérieure en raison d’une reprise des activités dans les économies émergentes comme la Chine. En ce qui concerne l’offre, la croissance devrait être stimulée par l’agriculture, l’industrie et les services.
Changer de paradigme
La croissance régionale reposerait davantage sur le dynamisme des économies à faible intensité de ressources comme Bénin, Cap-Vert, Togo, Sénégal, Guinée Bissau, Gambie, Côte d’Ivoire. Les performances de croissance relativement élevées des économies non intensives en ressources pourraient être attribuées à la nature diversifiée de leur base de production et l’amélioration de la gestion des politiques publiques.
Le rapport Perspectives économiques de l’Afrique de l’Ouest 2023 a pour thème « Mobiliser le financement du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique de l’Ouest ». Il appelle les entreprises et les gouvernements à agir pour remédier à la contribution limitée du secteur industriel afin de changer la structure économique de la région, tout en veillant à une transition verte.
Une aide financière internationale s’avère nécessaire pour faciliter la croissance et la mise en œuvre de changements structurels indispensables pour soutenir une croissance rapide, durable et inclusive, plaide la Bad. La politique budgétaire à suivre, préconise-t-elle, doit être axée sur un programme de consolidation des ressources favorisant la croissance, complété par une initiative de restructuration de la dette publique qui reste élevée pour les pays depuis l’avènement de la Covid-19.
Il s’agit aussi d’exploiter le riche capital naturel (pétrole brut, gaz naturel, minéraux, forêts et faune) dont est dotée la région en tant qu’option de financement économique complémentaire pour le climat et la croissance verte.
Par ailleurs, il convient de mettre en œuvre toute une gamme d’instruments fiscaux sur les ressources renouvelables et non renouvelables, d’investir dans les technologies, approches et outils nécessaires pour bénéficier de meilleures pratiques en matière de gouvernance des ressources naturelles et de réduire, à travers les réformes, les flux illicites financiers de corruption.
Encadré
Besoins financiers accrus
Les flux de financement pour l’action climatique dans la région ouest-africaine ont atteint en moyenne 7,9 milliards de dollars en 2019-2020, et le déficit financier annuel est évalué à 28,5 milliards de dollars. Les estimations font état d’un déficit de financement climatique du secteur privé de 213,4 milliards de dollars par an entre 2020 et 2030 pour l’ensemble du continent. D’où, le financement du secteur privé paraît incontournable pour parvenir à une croissance verte.
L’Afrique de l’Ouest a besoin d’environ 36,3 milliards de dollars Us par an sur la période 2020-2030 pour mettre en œuvre ses contributions déterminées au niveau national, soit environ 400 milliards de dollars Us au total, selon le rapport de la Bad. A l’échelle du continent, un besoin de 235 à 250 milliards de dollars par an est nécessaire jusqu’en 2030 pour réaliser les investissements prévus, selon Kevin C. Urama, économiste en chef et vice-président chargé de la Gouvernance économique et de la Gestion des connaissances de la Bad.
Le rapport souligne la nécessité d’envisager un mix d’interventions politiques pour accélérer la croissance économique de la région qui a ralenti de 4,4 % en 2021 à 3,8 % en 2022, et stabiliser l’environnement macroéconomique face aux chocs existants. Il est question à court terme de s’attaquer aux coûts associés aux chocs pour relancer la croissance.
A. M.