Deux jours avant que le monde célèbre la Journée internationale du travail de l’année 2020 dans le confinement, l’Organisation internationale du travail (OIT) a prévenu que 1,6 milliard des travailleurs de l’économie informelle, soit près de la moitié de la main-d’œuvre mondiale, étaient en situation précaire et risquaient de perdre leurs moyens de subsistance à cause de la pandémie du Covid-19.
Issa SIKITI DA SILVA
L’OIT estime que le premier mois de la crise a entraîné une baisse de 60% du revenu des travailleurs informels dans le monde. Cela se traduit, explique-t-il, par une baisse de 81% en Afrique et dans les Amériques, 21,6% en Asie et dans le Pacifique et 70% en Europe et en Asie centrale.
L’un de ces travailleurs informels est Alfred, un cordonnier opérant en plein air dans les rues de Kampala, la capitale ougandaise, laquelle se trouve actuellement en plein confinement pour essayer de stopper la propagation du Covid-19.
« Avant la crise sanitaire, je gagnais chaque jour 10 à 15 dollars par jour, ce qui était suffisant pour acheter la nourriture pour ma femme et mes trois enfants. Mais depuis que j’ai arrêté de travailler par peur d’être contaminé, ma vie a basculé dans le néant et mon avenir reste sombre », s’est confié Alfred a l’Economiste.
« Ce travail est la seule source de mes revenus, donc je ne sais plus à quel saint me vouer », a-t-il ajouté.
« Pour des millions de travailleurs, sans revenu signifie pas de nourriture, pas de sécurité et pas d’avenir. Sans sources de revenus alternatives, ces travailleurs et leurs familles n’auront aucun moyen de survivre. Alors que la pandémie et la crise de l’emploi évoluent, la nécessité de protéger les plus vulnérables devient encore plus urgente », a indiqué Guy Ryder, le Directeur général de l’OIT.
Entreprises en difficulté
Par ailleurs, l’agence onusienne basée à Genève a tiré la sonnette d’alarme sur le sort de plus de 436 millions d’entreprises. Lesquelles selon elle, font face à des risques élevés de perturbation grave.
A en croire l’ONU, ces entreprises opèrent dans les secteurs économiques les plus durement touchés, dont 232 millions dans le commerce de gros et de détail, 111 millions dans le secteur manufacturier, 51 millions dans l’hébergement et les services de restauration, et 42 millions dans l’immobilier et d’autres activités commerciales.
Il faut des mesures urgentes, ciblées et flexibles pour soutenir les travailleurs et les entreprises, en particulier les petites entreprises, celles de l’économie informelle et les autres personnes vulnérables, a souligné Guy Rider.