Face à l’invasion sans merci de la pandémie du Covid-19 dans le monde, les pays exportateurs du pétrole semblent avoir mordu la poussière, à cause de la baisse alarmante du prix de l’or noir.
Issa SIKITI DA SILVA
Au Nigeria, l’un des pays les plus endettés de l’Afrique, la panique socio-économique bat son plein car, le gouvernement sollicite à emprunter davantage. Mais la situation serait autrement si ces pays pourraient diversifier leurs économies.
« Cette chute des prix démontre une fois de plus les dangers d’une dépendance économique excessive aux revenus des ressources naturelles. Les pays dépendants du pétrole se préparent à une période de crise budgétaire, en plus, d’un choc économique en cours causé par la pandémie de COVID-19 », ont indiqué trois experts du Brookings Institution la semaine dernière.
« Ces effets seront graves dans des pays comme le Nigéria, le plus grand producteur de pétrole en Afrique, qui perçoit 57% de ses recettes publiques et, plus de 94% des recettes d’exportation des pétrodollars », ont révélé Addisu Lashitew, Michael Ross et Eric Werker.
Le Nigeria dont la dette couvre déjà 55,8% de son PIB, connaitra un déficit budgétaire de 2,6%, selon les chiffres récents de la Commission économique africaine de l’ONU (UNECA).
L’UNECA ajoute que les pays africains exportateurs dont la liste comprend entre autres, le Ghana, l’Angola, la Guinée Equatoriale, le Sénégal et le Gabon, verront leurs revenus émanant des exportations du pétrole brut, chuter de 65 milliards de dollars.
Très peu de pays riches en ressources ont pu transformer leurs ressources en terre en capital physique et humain qui peut être utilisé pour assurer la prospérité de leurs citoyens, déplore le Brookings Institution, un think-tank basé à Washington.
Comme le Nigéria, la plupart de ces pays présentent de faibles niveaux de diversification économique et d’exportation. Car, les ressources naturelles occupent une place prépondérante dans leurs revenus d’exportation et recettes publiques. Cela les rend à leur tour vulnérable aux chocs économiques liés à la volatilité des prix des matières premières, ont expliqué les trois experts qui ont entrepris une étude approfondie sur ce que les analystes appellent souvent l’économie politique de la malédiction des ressources.
« Si la chute actuelle des prix des matières premières persiste au-delà de la crise du COVID-19, les pays riches en ressources devront changer de vitesse rapidement. La meilleure solution consiste à concevoir des politiques de diversification actives adaptées à leurs conditions de marché et institutionnelles spécifiques », ont prévenu Addisu Lashitew, Michael Ross et Eric Werker.