Le président de la Banque Africaine de Développement (BAD) s’est engagé, lors de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU 79), pour le renforcement des perspectives économiques de l’Afrique. Dans une vidéo publiée sur sa page X le dimanche 29 septembre 2024, Adesina a appelé à une série de réformes institutionnelles et financières pour bâtir un avenir africain plus riche et plus résilient.
Bidossessi WANOU
Pour « Construire un avenir africain plus riche », il faudra aller au-delà des réformes de l’architecture financière mondiale, selon Akinwunmi Adesina. Ainsi, le président de la BAD a plaidé pour la mise en place de « nouveaux systèmes de soutien institutionnel » afin de renforcer les capacités de résilience du continent. Ces systèmes, selon lui, sont essentiels pour relever les défis structurels auxquels l’Afrique est confrontée. Le président de la BAD, Akinwunmi Adesina a mis en lumière les difficultés que rencontrent les pays africains en matière de coût d’accès aux capitaux, en raison des biais inhérents aux systèmes mondiaux de notation de crédit. « La création de l’Agence africaine de notation de crédit, réclamée par l’Union africaine, est essentielle pour y parvenir », a-t-il déclaré.
Ce mécanisme, selon lui, permettrait de corriger les désavantages financiers auxquels l’Afrique est confrontée. En évoquant les vulnérabilités financières, Adesina a souligné que le système financier mondial ne protège pas l’Afrique contre les chocs financiers internationaux. « L’Afrique est la seule région du monde sans filet de sécurité financière », a-t-il déploré, appelant à la mise en place d’un Mécanisme de Stabilité Financière Africaine pour offrir une protection contre les crises mondiales. Cette initiative, selon Adesina, permettrait à l’Afrique de mieux résister aux chocs économiques externes. En matière de financement, il a exhorté les parties prenantes à intensifier les efforts pour mobiliser les capitaux privés. « La Banque africaine de développement regroupe déjà tous ses instruments de garantie dans une agence africaine d’assurance et de garantie », a-t-il déclaré. Cette agence permettrait d’attirer des investissements massifs sur le continent en déployant des instruments de gestion des risques à grande échelle. Le président de la BAD a également exprimé son inquiétude quant à l’insécurité croissante en Afrique, laquelle pousse les États à augmenter leurs dépenses sécuritaires au détriment du financement du développement. Il a proposé la création d’« obligations d’investissement à indice de sécurité », qui serviraient à financer la reconstruction des zones touchées par les conflits.
Une Afrique verte et prospère
Akinwunmi Adesina a insisté sur l’importance d’évaluer tous les atouts verts de l’Afrique et de les inclure dans son Produit intérieur brut (PIB). « L’Afrique doit passer d’un état vert et pauvre en liquidités à un état de richesse verte grâce à une valorisation appropriée de son capital naturel dans son PIB », a-t-il souligné. Pour Adesina, les vastes forêts, la biodiversité et les puits de carbone africains sont des éléments essentiels pour la sauvegarde de l’environnement mondial, et leur contribution doit être pleinement reconnue.
L’initiative de gestion de la dette africaine
Ces propositions du Président de la BAD interviennent dans un contexte de pressions financières croissantes sur le continent. En effet, la BAD a lancé le 16 juin 2024, le Réseau de l’Initiative des gestionnaires de la dette africaine, une plateforme qui entend apporter des solutions locales aux problèmes d’endettement. Actuellement, 13 pays africains sont exposés à un risque élevé de surendettement, tandis que six autres sont déjà en situation de surendettement. La BAD joue un rôle clé en soutenant les États membres dans la gestion de leur dette et en promouvant un développement financier durable. Enfin, Adesina a lancé un appel aux dirigeants africains pour qu’ils soutiennent avec audace les initiatives visant à renforcer les structures financières du continent. « Les fondations que nous posons aujourd’hui garantiront une Afrique de plus en plus riche pour les générations futures », a-t-il affirmé.