Avec plusieurs filières, les unes liées aux autres, l’Industrie culturelle et créative, important générateur d’emplois et de revenus, sous d’autres cieux, reste faiblement exploitée dans la sous-région ouest-africaine. En raison surtout du modèles de financement qui se révèlent obsolètes dans un monde en évolution rapide. Consciente des opportunités qu’offrirait une meilleure réorganisation de ce secteur avec des investissements viables, la Commission de l’Uemoa s’est engagée dans la mise en place d’un Fonds Crédit Culture-Uemoa.
Sylvestre TCHOMAKOU
Riche d’une industrie culturelle et créative dense et variée, l’Afrique subsaharienne en général, et l’espace Uemoa en particulier peinent à exploiter pleinement le potentiel de ce secteur qui, ailleurs, constitue une énorme source d’emplois et de revenus. Preuve ! Alors qu’en 2022 les secteurs de la culture et de la création représentaient 3,1% du Produit intérieur brut (PIB) mondial, la part de l’Afrique et du Moyen-Orient dans cette contribution est évaluée à environ 3 % au niveau mondial. Une part relativement faible mais principalement portée par les pays d’Afrique du Nord et d’Afrique du Sud. Face à ce constat non reluisant et prenant conscience de l’enjeu et des profits à tirer des Entreprises de l’industrie culturelle et créative (EICC), aussi bien pour l’économie sous-régionale que pour l’emploi des jeunes, la Commission de l’Uemoa s’est engagée dans la mise en place du « Fonds Crédit Culture-Uemoa » à l’horizon 2025. « Nous travaillons à mettre la culture comme une source d’économie, que les musiciens, les artistes, tout le monde qui travaille dans la culture puisse avoir la rentabilité de ces métiers même. Quand ils vont danser, créer la musique, qu’ils aient la rentabilité de ce qu’ils sont en train de faire », a confié Mamadù Serifo Jaquité, Commissaire en charge du département du développement humain de l’Uemoa, à l’occasion de l’atelier de formation des journalistes de la « Plateforme Médias-Uemoa » déroulé à Ouagadougou du 09 au 13 septembre 2024. Matérialisation des recommandations du symposium international du 12 au 14 décembre 2013, à Ouagadougou, cette initiative n’attend que l’approbation des Etats membres de l’Union pour le démarrage de sa phase pilote sur la période 2025-2027.
Avec un capital social de 20 milliards de FCFA dont 33% de participation de l’institution communautaire, ce Fonds dont le premier closing aura lieu en 2028, est porté par une Alliance constituée par les institutions financières régionales (BOAD, BCEAO, BRVM, AMF-UMOA). L’objectif, à l’horizon 2030, est de contribuer à la structuration, au financement et au développement des entreprises et industries culturelles et créatives dans l’espace Uemoa. Prenant conscience de la richesse culturelle de l’espace communautaire, la Commission a retenu 08 filières, à savoir : « livre et édition », « musique enregistrée », « cinéma et audio-visuel », « arts vivants », « arts visuels », « multimédia et jeux vidéo », « arts appliqués » et « patrimoine culturel ».
Du mode d’accompagnement aux ICC
Dans un contexte où les défis sont énormes, au-delà de l’apport financier, le « Fonds Crédit Culture-Uemoa », dans sa mise en œuvre, entend se focaliser sur le renforcement des capacités techniques et managériales des entreprises et industries culturelles et créatives ; les investissements dans les infrastructures culturelles ; la stimulation de l’impact économique, social et environnemental des secteurs bénéficiaires au plan communautaire en référence aux ODD et ESG ; et la prise en compte de la propriété intellectuelle. Mieux, à l’instar d’un fonds d’investissement à impact, Crédit Culture-Uemoa envisage intervenir sous forme de prise de participation et de prêt participatif dans les structures de types startups, entreprises en croissance et entreprises matures.
La taille cible du fonds étant estimée à 200 milliards de FCFA après la phase pilote. Les choix d’intervention de Fonds Crédit Culture se fonderont principalement sur les critères tels : la créativité et l’innovation culturelles ; le potentiel de croissance et la pérennité ; l’impact social et environnemental ; la viabilité du projet ; et la gouvernance.
A noter qu’avec la phase pilote, l’objectif de la Commission de l’Uemoa est non seulement d’affirmer les identités, socle de cohésion entre les populations de l’Union, mais aussi améliorer les conditions de vie et de travail des créateurs, des professionnels et accompagner le développement de l’entrepreneuriat en faveur des jeunes et des femmes.