La violence à l’égard des femmes et des filles a un effet multidimensionnel sur la santé globale d’une économie, tant à court terme qu’à long terme, selon une récente étude du Fonds monétaire international (FMI), qui révèle que les coûts économiques de la violence conjugale sont plus élevés en période de ralentissement et pourraient rendre la reprise plus difficile.
Issa SIKITI DA SILVA (Coll.Ext.)
Les résultats de l’étude révèlent qu’une augmentation de 1 point de pourcentage de la violence à l’égard des femmes est associée à une baisse de 9% du niveau d’activité économique. A court terme, les femmes issues de foyers violents sont susceptibles de travailler moins d’heures et d’être moins productives, selon l’étude du FMI.
À long terme, des niveaux élevés de violences conjugales peuvent réduire le nombre de femmes sur le marché du travail, minimiser l’acquisition de compétences et d’éducation par les femmes et entraîner une diminution globale des investissements publics. Car davantage de ressources publiques sont acheminées vers les services de santé et judiciaires. « Nous avons constaté que des niveaux plus élevés de violences à l’égard des femmes et des filles sont associés à une activité économique plus faible, principalement en raison d’une baisse significative de l’emploi des femmes. La violence physique, psychologique et émotionnelle que subissent les femmes, rend plus difficile pour elles d’obtenir ou de conserver un emploi », ont expliqué Rasmane Ouedraogo et David Stenzel, les auteurs du rapport. Selon une enquête démographique et de santé de l’Agence américaine pour le développement international, cité dans cette étude, plus de 30% des femmes en Afrique subsaharienne ont déjà subi une forme quelconque de violence conjugale de 1980 à nos jours.
L’enquête menée dans 18 pays de l’Afrique subsaharienne dont le Bénin, révèle que le Libéria est leader en matière de violences conjugales avec un taux avoisinant 50%, suivi du Mali, du Ghana et du Bénin (près de 35%). La violence conjugale en Afrique semble avoir atteint l’un des niveaux les plus élevés pendant les confinements liés à la pandémie du Covid-19.
Au Nigéria, le nombre de cas signalés de violences conjugales consécutives aux confinements, avait augmenté de plus de 130%, selon l’étude du FMI, qui martèle que mettre fin à la violence à l’égard des femmes n’est pas seulement un impératif moral, mais constitue un enjeu majeur pour booster l’économie et la productivité.
Si les pays d’Afrique subsaharienne devaient réduire le niveau de violence sexiste au plus près de la moyenne mondiale de 23 % de femmes victimes d’abus, cela pourrait entraîner des gains de Produit intérieur brut (PIB) à long terme d’environ 30%, ont souligné Ouedraogo et Stenzel.
Les auteurs lancent un appel solennel aux pays de voter des lois efficaces pour dissuader la violence à l’égard des femmes, protéger les victimes de violences conjugales et promouvoir la participation des femmes au marché du travail.