Une politique régionale orientée sur l’approche par chaîne de valeur permettra de mieux cadrer les activités de valorisation énergétique des déchets dans les pays de l’Uemoa. C’est l’une des recommandations d’une étude menée à cet effet et qui sera au cœur d’un atelier de partage des conclusions fin juin à Lomé.
Par Aké MIDA
Il est recommandé l’élaboration d’une politique régionale de gestion durable des déchets ménagers et industriels orientée sur l’approche par chaîne de valeur dans les Etats de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Cette politique permettra de mieux cadrer les activités de valorisation énergétique des déchets, selon l’étude sur la gestion durable des déchets en vue de la production d’énergie menée par le consortium Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (Institut 2IE) – Finergreen.
L’état des lieux révèle que dans les pays de l’Union, plus d’un million de tonnes de déchets ménagers, agricoles et industriels sont produits chaque année. La production d’énergie propre, de biogaz à partir du volume important de déchets ménagers composés, en grande proportion d’éléments fins et fermentescibles est encore marginale. Les déchets agroindustriels sont utilisés très partiellement pour la production d’énergie thermique.
Les pays disposent d’un cadre juridique, règlementaire et institutionnel sur le secteur de l’électricité en général et sur le développement et l’intégration des énergies renouvelables dans le mix énergétique. Cependant, un des défis majeurs reste, pour la filière déchets ménagers, le tri à la source et la structuration du maillon de la pré-collecte. Les infrastructures de traitement des déchets solides restent limitées en termes de capacité et de fiabilité.
A tout cela s’ajoute l’absence de projets de grande ampleur dans le domaine de recyclage et de valorisation des déchets à des fins énergétiques dans la plupart des pays de l’Union, quoique plusieurs initiatives privées se développent.
4 projets pilotes
Les conclusions et recommandations de l’étude feront l’objet d’un atelier, le 30 juin prochain à Lomé au Togo. Les résultats du diagnostic appellent à une mise à jour des textes en vigueur sur la gestion des déchets dans les pays de l’Union et éventuellement d’abord au niveau régional pour descendre au niveau des Etats, selon le consortium Institut 2IE – Finergreen.
La mise en œuvre d’une stratégie adéquate devrait permettre de pallier les difficultés financières et de moyens récurrentes des municipalités à jouer leur rôle de collecte des déchets ménagers. Le financement restant un enjeu de la filière de gestion et de valorisation des déchets dans les pays, la solution se trouve dans la combinaison entre la privatisation et la constitution de fonds, suggère l’étude.
Selon les résultats de l’étude, il est pertinent de favoriser les techniques de combustion directe et indirecte et de méthanisation à petite et moyenne échelle afin de valoriser énergétiquement les déchets agricoles et agro-industriels. A cet effet, quatre types de projets ont été identifiés pour la valorisation des déchets en énergie propre. Il s’agit de : la valorisation des déchets des marchés de fruits et légumes par la production de biogaz, la valorisation énergétique des déchets agricoles dans une zone industrielle, la production d’énergie à partir de déchets organiques et la mise en place d’une chaîne de valeur des déchets ménagers à l’échelle d’une commune. Cette dernière inclut le tri à la source, la collecte, la mise en place d’un centre de traitement et de valorisation énergétique des déchets.
La mise en place de tels projets passe par l’accompagnement de l’ensemble de la filière, de la collecte au traitement final des déchets, notamment le renforcement de capacités des acteurs et la sensibilisation des parties prenantes sur leurs rôles et responsabilités. Aussi, des expériences fructueuses au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire pourraient être répliquées à l’échelle sous-régionale.