Le changement climatique qui bat son plein dans le monde a entraîné une sécheresse record en Afrique du Nord où la saison des pluies la plus récente – qui s’étend généralement d’août à décembre – n’a apporté que peu de soulagement. Conséquemment, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie devraient augmenter à nouveau leurs importations de blé en 2024/2025 pour répondre à la demande et renforcer leurs stocks, selon les prévisions de Gro Intelligence, une plateforme digitale agro-climatique américaine dont le bureau Afrique est basé au Kenya.
Issa DA SILVA SIKITI
« Au Maroc, l’un des principaux pays producteurs et importateurs de blé d’Afrique, les précipitations accumulées étaient 55% inférieures à la moyenne décennale au Maroc. La culture de blé actuellement en croissance au Maroc affiche des résultats de santé végétative parmi les plus bas des deux dernières décennies. Des conditions similaires pour cette période de l’année ont été observées récemment en 2022, lorsque la récolte de blé a chuté de 53% en dessous de sa moyenne quinquennale. Les importations de blé du pays ont donc grimpé cette année-là, 45% au-dessus de la moyenne, » a indiqué le rapport.
Pendant ce temps, poursuit Gro Intelligence, les conditions dans l’Algérie voisine se sont détériorées par rapport aux conditions déjà mauvaises observées en 2023, lorsque la production de blé du pays a chuté de 27% par rapport à l’année précédente et que les importations de blé ont augmenté. « Les pluies étaient 50% inférieures à la moyenne décennale et l’humidité des sols dans les régions productrices de blé étant actuellement à son niveau le plus bas pour cette période de l’année depuis au moins 2010. C’est pourquoi, les importations de blé du pays resteront probablement élevées en 2024/2025 », a estimé le rapport.
A en croire Gro, la Tunisie est la plus affectée car les pluies annuelles ont été 63% inférieures à la moyenne décennale. « Le pays a vu ses importations de blé en 2023/2024 augmenter par rapport à l’année précédente, la production ayant chuté et ses stocks de blé tombant au plus bas niveau depuis plus de 10 ans ».
Quant à l’Égypte, le premier importateur mondial de blé, elle devrait importer moins de blé cette année car les prix restent obstinément élevés en raison en partie de la chute du taux de change de la livre égyptienne.
Jamais sans le blé en Afrique
Le blé compte parmi les premières céréales consommées en Afrique, qui est donc le plus grand importateur mondial de blé. Selon la Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (FARM), sur les 200 millions de tonnes de blé disponibles sur le marché mondial, 13% sont importées chaque année par les pays d’Afrique subsaharienne. Ces volumes sont répartis dans un grand nombre de pays plaçant ainsi l’Afrique subsaharienne dans une situation de moindre dépendance que l’Afrique du Nord (15%) et le Moyen-Orient (16%), eux aussi gros importateurs de blé.