Les attaques récurrentes des rebelles yéménites Houthis en mer Rouge contre les navires apparemment liés à Israël ou ses soutiens ont semé le désarroi dans l’une des voies navigables les plus importantes du monde, essentielle pour une part importante du trafic mondial de conteneurs qui représente une valeur de plus de 1 000 milliards de dollars en marchandises par an. Ce cri d’alarme a été lancé par Zera Zheng, responsable mondial du conseil en résilience commerciale chez Maersk.
Issa DA SILVA SIKITI
« La crise a des implications économiques considérables et affecte le commerce et la logistique mondiaux. Et, à une époque marquée par des incertitudes géopolitiques croissantes, la capacité de résilience est primordiale pour maintenir la continuité et la stabilité des chaînes d’approvisionnement mondiales », a déclaré Zera Zheng, cité par le World Economic Forum (WEF) site officiel.
A en croire Stephen Olson, chercheur adjoint principal de Pacific Forum International, également cité par le WEF, certaines perturbations de la chaîne d’approvisionnement sont suffisamment graves pour forcer la fermeture d’usines, notamment dans le secteur automobile. « Les coûts de transport ont grimpé en flèche, doublant ou triplant parfois, et il va sans dire que les tirs de missiles sur une principale route commerciale mondiale augmentent considérablement les risques et l’incertitude, ce qui freine l’activité commerciale. Les responsables de la logistique fonctionnent en mode crise, détournant leur attention des opérations normales, alors qu’ils tentent de garder plusieurs balles en l’air. Comme si tout cela ne suffisait pas, la malchance a aggravé la situation. Une route alternative principale – le canal de Panama – est restreinte en raison des conditions de sécheresse », s’est-il lamenté.
Covid-19 et baisse de l’offre
Les attaques en Mer rouge ont fait baisser les revenus du canal de Suez de 40 à 50% depuis le début de l’année, selon le président égyptien. Le canal de Suez, par où transitent habituellement 12 à 15 % du trafic mondial, rapporte à l’Egypte près de 10 milliards de dollars par an.
Les agressions interviennent dans un moment où le secteur maritime international a entamé une récupération graduelle mais importante après avoir été durement frappé par la pandémie de Covid-19.
En effet, après avoir connu une croissance plus modérée de 1,4% en 2022, le secteur devrait croître de 2,1% par an en moyenne sur la période 2023-2027, contre une moyenne de 3,3% sur les trente dernières années, selon les chiffres de la CNUCED, l’agence de l’ONU pour le commerce et le développement basée à Genève, en Suisse.
Près de 90% du commerce mondial est maritime et chaque année, 9 milliards de tonnes de marchandises sont transportées par environ 90 000 navires.