Coiffeuse de profession, dame Brigitte Sohloué vit aujourd’hui de l’activité de tissage de nattes. Cette mère de famille en situation de handicap habite Djèkountomey, un quartier de la ville de Lokossa.
Née handicapée en 1995 dans le village Hékpé, arrondissement d’Adjéhountimey, commune de Djakotomey, dame Sohloué dès son enfance a le don de coiffeuse, puisqu’à l’époque, elle tresse ses camarades et aussi les personnes âgées. Ainsi, après son échec au Certificat d’étude primaire (Cep) en 2007, elle a mis le cap sur Lokossa pour perfectionner le don de coiffeuse qui est en elle. Alors, elle s’est inscrite dans un salon de coiffure de la place où elle a fait deux ans de formation. « C’est vers la fin de mon apprentissage, j’ai découvert par le biais d’une handicapée, cliente à ma patronne l’association “Grossomodo” qui s’occupait de la formation et réinsertion des handicapés. Sous l’autorisation de ma patronne, j’ai commencé par y aller et là j’ai appris l’activité de tissage de natte », a-t-elle déclaré. A la fin de sa formation en coiffure, Brigitte Sohloué a ouvert son atelier qui n’accueillait pas de clients à cause de la méchanceté des hommes, a-t-elle dit. Fille aînée attachée à sa mère, Brigitte Sohloué assiste celle-ci dans son activité de tissage de natte et les travaux domestiques lors de son décrochage scolaire à l’âge de douze ans environ. Aujourd’hui mariée, elle est mère de trois jeunes filles. C’est avec fierté que la mère de famille parle de l’activité qu’elle exerce malgré son handicap moteur.
Le tissage de natte et ses avantages
« Je vis aujourd’hui de ce métier que j’avais appris dans l’association “Grossomodo”. Grâce à cela j’arrive à nourrir mes trois enfants sans forcément attendre le soutien de mon mari. Ainsi, ai-je la paix du cœur et également il y a la paix au foyer », confie Brigitte Sohloué. Poursuivant, elle indique qu’elle achète le foin qui permet la confection des nattes, parfois à 6000f ou 8000f selon le temps. Et le file à 700f. Avec un lot de foin, elle réalise 13 à 14 nattes or une natte est vendue entre 800f et 1000f, ajoute-elle. Mais, seule elle réalise une natte par jour. Avec l’aide de sa fille, elles confectionnent deux nattes par jour. Comme difficultés, elle sent des douleurs après l’activité. S’adressant aux autres personnes en situation de handicap comme elle qui quémandent dans les feux tricolores et un peu partout dans les villes du pays, Brigitte Sohloué dira qu’être handicapé n’est pas une fatalité. « Un handicapé doit pouvoir apprendre un métier pour pouvoir se libérer, excepté le handicap visuel », a-t-elle exhorté. Dans cet ordre d’idées, elle témoigne en souriant que c’est grâce à ce qu’elle sait faire qui a d’abord qui a poussé son homme à oublier son handicap pour ensuite l’aimer. « En tout cas, il faudrait que toute femme sache faire quelque chose pour pouvoir soutenir son mari », a-t- elle conseillé.
Gaétan Nato (Correspondant/Mono-Couffo)