A l’instar de tous les domaines d’activités qui se sont vus bouleversés par la révolution numérique dans le monde, le secteur agricole ne fait pas exception. Mais au Bénin, le développement des outils digitaux n’ont pas eu assez d’effets sur l’agriculture à la base.
Félicienne HOUESSOU
L’immense potentiel que représente le numérique pour le secteur agricole constitue un moyen d’améliorer la traçabilité des produits. Dans le contexte actuel de changement et de variabilité climatiques, la mise à l’échelle de systèmes plus productifs mais plus économes en ressources naturelles offre une opportunité aux pays ouest-africains de relever le défi de la résilience face à l’insécurité alimentaire et aux déficiences nutritionnelles qui affectent les ménages pauvres ou très pauvres. L’ensemble de dispositifs technologiques permet une connaissance de plus en plus fine des exploitations agricoles. À ce titre, la transition agro-écologique est particulièrement concernée par les bénéfices tirés des outils digitaux en matière de performance économique et environnementale. Via toutes les données produites par les nouveaux capteurs, le numérique se révèle un outil puissant pour mieux comprendre la dynamique et la complexité des écosystèmes. Mais force est de comprendre que le secteur agricole du Bénin demeure jusqu’à ce jour dans la précarité. Pour faute d’alphabétisation, les agriculteurs béninois se retrouvent dans l’incapacité d’associer à de nouveaux usages qui permettent de préserver les écosystèmes en concevant de nouvelles méthodes de production plus sobres. Or, l’utilisation du numérique dans le champ de l’agriculture, se trouve être la possibilité de disposer d’informations plus précises conduisant à un meilleur bilan énergétique de l’exploitation, un meilleur suivi des rendements, des troupeaux, des ravageurs et maladies avec, à terme, la réduction du recours à l’eau, aux engrais et autres traitements. Agriculteur depuis 28 ans, Georges se dit conscient de l’évolution de son métier grâce aux outils numériques. « J’ai entendu parler des robots agricoles et viticoles conçus pour désherber, assainir et assister à la récolte, libérant donc les exploitants de tâches parfois pénibles et réduisant la consommation d’herbicides », confie Georges. Mais déplore-t-il, « nous les agriculteurs béninois n’avons pas accès à ces technologies. Nous sommes encore loin de ce développement agricole ». Comme lui, la majorité des exploitants agricoles reconnaissent l’utilité des nouvelles technologies pour l’agriculture mais ils n’en ont pas accès. D’autres solutions, comme les drones, font également partie des innovations technologiques mises au service d’une agriculture plus précise et plus économe en ressources. Il faudra donc encourager les recherches sur le développement des capteurs, de la robotique, avoir une couverture réseau étendue et développer les compétences des agriculteurs en matière de numérique ; améliorer des performances (au sens large) des exploitations agricoles familiales, en particulier l’augmentation de productivité de la terre et du travail, l’accroissement des revenus, une meilleure gestion des risques et des aléas ainsi qu’une amélioration du bien-être des ruraux ; renforcer des capacités d’intervention des producteurs et de leurs organisations (activités productives, négociation, organisation, mobilisation) afin d’être acteurs à part entière de cette transition agroécologique.