(237 Plateformes industrielles : la solution au développement ?)
Afin de booster leur développement industriel et inclusif, de nombreux pays africains misent sur la création des Zones économiques spéciales (ZES) ou des Zones économiques (ZE). Le continent africain en compte 237 en 2023 et d’autres sont en cours de projets.
Abdul Wahab ADO
Dans le but de renforcer le partenariat public-privé (PPP) en Afrique et attirer des investisseurs locaux et internationaux pour développer des chaînes de valeur axées sur la transformation des ressources locales, notamment dans les secteurs de l’agro-industrie, du bois, des matériaux de construction et des produits pharmaceutiques etc., les pays africains se sont engagés dans la création des Zones économiques spéciales. Selon un rapport publié en décembre 2023 par le ministère sénégalais de l’Economie, du plan et de la coopération, l’Afrique compte au total 237 ZES réparties sur 37 pays africains. De l’Afrique du Nord en passant par le centre, l’ouest, l’est et le sud, la création des zones économiques spéciales est le challenge des gouvernements africains. Et les zones économiques se multiplient à foison en Afrique. Selon un rapport, les pays africains qui abritent le plus grand nombre de ces zones sont le Kenya (61), le Nigeria (38), l’Ethiopie (18), l’Egypte (10) et le Cameroun (9). Mais ce n’est pas tout.
Le Cameroun à l’école du Bénin, du Togo et du Gabon
Développeur et opérateur panafricain de parcs industriels, ARISE Integrated Industrial Platforms (ARISE IIP), a annoncé dans un communiqué publié lundi 30 septembre 2024, la signature d’une convention de partenariat avec le Port Autonome de Douala (PAD) pour la création d’une zone industrialo-portuaire à Dibamba, une ville située à l’ouest de Douala. Selon la source, la convention prévoit la création d’un écosystème industriel qui s’étendra sur 517 hectares et comprendra plusieurs espaces distincts, dont une aire logistique multimodale, un parc industriel intégré, un guichet unique pour les procédures administratives et un centre de formation professionnelle destiné au renforcement des capacités. Les différentes industries seront réparties par secteur, avec des parcelles individuelles d’une superficie qui dépendra des besoins des investisseurs. La zone proposera également plusieurs incitations, y compris des avantages fiscaux et douaniers, ainsi qu’un accès privilégié aux marchés mondiaux selon la source. « En conjuguant nos expertises avec celles de nos partenaires du Port Autonome de Douala, nous allons créer ici un écosystème industriel de classe mondiale qui valorisera les ressources locales, attirera d’importants investissements internationaux, générant ainsi des milliers d’emplois et une croissance durable pour le Cameroun et la région CEMAC », a déclaré le fondateur et directeur général d’ARISE IIP, Gagan Gupta, cité dans le communiqué. La mise en œuvre de cette politique de développement sera calquée sur l’exemple de la Zone Industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ) de 1 640 hectares ; Zone Economique Spéciale du Gabon et au Togo (Plateforme Industrielle d’Adétikopé) dénommée PIA et dans d’autres pays du continent Africain où le développeur des zones économiques ARISE a fait ses preuves.
Les zones économiques sont-elles la solution au développement des pays africains ?
Les zones économiques semblent être de véritable socle de la transformation structurelle des pays africains si elles respectent quelques principes des pays asiatiques qui aujourd’hui inondent l’Afrique avec les produits commerciaux. En effet, les zones économiques sont considérées comme étant des espaces géographiques délimités à l’intérieur des frontières d’un pays, qui offrent aux investisseurs des incitations fiscales (réduction ou la suppression des impôts), des infrastructures (terrains aménagés, bâtiments d’usine, services publics), un régime douanier spécial (exemption des intrants des droits de douane et de taxes) et des procédures administratives simplifiées. Les zones économiques ont été un catalyseur dans le décollage économique de la Chine et d’autres dragons asiatiques comme la Corée du Sud, Hong Kong et Singapour sans oublier la Chine.
En Chine, les ZES ont apporté une plus-value à l’économie chinoise. La création des zones économiques spéciales, dans les années 80, dans des villes portuaires chinoises telles que Zhangzhou et Shenzhen a permis à l’empire du Milieu de transformer structurellement son économie, à travers la diversification et l’accroissement de ses exportations de produits manufacturés. Selon la Banque mondiale, les ZES chinoises ont représenté au moins 22% du PIB, 46 % des IDE et 60 % des exportations au cours de ces dernières années. Elles ont également généré plus de 30 millions d’emplois et accéléré l’industrialisation, la modernisation de l’agriculture et l’urbanisation du pays, tout en permettant un transfert des technologies, du savoir-faire technique et des compétences managériales. L’exemple de rigueur appliquée dans ces pays asiatiques serait opportun pour les pays africains afin de bénéficier des opportunités de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pour booster les échanges intra africains.