Le développement des écosystèmes de production est au cœur de la transformation économique de l’Uemoa. En structurant des filières stratégiques et en stimulant l’industrialisation, la région peut espérer renforcer son autonomie économique, créer des emplois et améliorer son intégration dans le commerce international.
Aké MIDA
L’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) se lance dans une transformation structurelle ambitieuse avec son Plan stratégique 2025-2030. L’axe 1 du plan « Impact 2030 », consacré au développement des écosystèmes de production, vise à créer treize écosystèmes régionaux intégrés afin de renforcer la compétitivité de l’Union et de réduire sa dépendance aux importations. L’objectif principal est d’accélérer l’industrialisation et d’assurer une meilleure valorisation des ressources locales. Chaque écosystème bénéficiera d’une feuille de route stratégique et d’un cadre de suivi évaluant l’efficacité des actions engagées.
L’Union présente un fort déficit commercial avec 90 % des importations provenant de l’extérieur. En 2023, les échanges intracommunautaires formels sont estimés entre 11 et 13 % du total, ce qui demeure assez faible pour une zone économique intégrée, selon la Commission de l’Uemoa. Pourtant, la région dispose d’importantes ressources naturelles et d’un potentiel industriel sous-exploité. Face à cette situation, la stratégie repose sur la valorisation des matières premières locales et la création de chaînes de valeur régionales. Trois catégories d’activités sont mises en avant : l’agro-industrie, les industries légères et extractives ainsi que les services à valeur ajoutée. Le choix des écosystèmes prioritaires repose sur leur capacité à substituer des importations, leur potentiel de transformation locale et leur impact sur l’emploi et la croissance.
Renforcement des industries et des services
Dans l’agro-industrie, la production céréalière, l’horticulture, les oléagineux, les protéines animales et les produits agro-forestiers constituent les piliers stratégiques. L’agriculture qui représente 21 % du Produit intérieur brut (Pib) de l’Uemoa et emploie plus de la moitié de la population active, est appelée à se moderniser pour garantir la souveraineté alimentaire de la région. L’intégration de technologies avancées et la mise en place d’infrastructures de transformation seront essentielles pour y parvenir.
Les industries légères et extractives doivent, quant à elles, permettre une meilleure exploitation des ressources minières et pétrolières. La transformation locale des phosphates et du gaz en engrais contribuera à une agriculture plus productive. Par ailleurs, l’artisanat et la manufacture, notamment dans le textile et l’habillement, offrent des perspectives importantes pour créer de la valeur ajoutée et renforcer l’emploi. L’expansion de ces secteurs est un levier essentiel pour la diversification économique et la réduction de la dépendance aux importations manufacturières.
Les services à valeur ajoutée, qui englobent le numérique, la logistique et les industries culturelles, doivent aussi se développer. Actuellement, le numérique ne représente que 3 % du Pib de l’Uemoa, bien en deçà de la moyenne mondiale qui avoisine les 25 %. Une modernisation accrue de ce secteur s’avère nécessaire pour accélérer la transformation économique et améliorer la productivité des autres écosystèmes.