Le gouvernement béninois innove et révolutionne le secteur agricole par la mise en place d’un système de technologie pour appuyer les producteurs. Les drones et les TIC sont mis à contribution pour des transformations structurelles dans le secteur agricole.
Belmondo ATIKPO
Le gouvernement réactualise le projet du CTA, mis en œuvre de 2017 à 2019, pour aider le secteur des services de drones à faire de l’agriculture africaine un secteur high-tech, où la prise de décision s’appuie sur la collecte et le traitement des données en temps réel, ce qui permet d’accroître la productivité et les rendements. Les activités du projet incluent un volet de recherche scientifique, des initiatives de validation de principes, le renforcement des capacités, des aides à l’investissement, le développement d’entreprise, la mise en réseau et la capitalisation des expériences. Les systèmes aériens sans pilote, ou technologies des drones, ont le potentiel de transformer les petites exploitations agricoles et de les aider à accroître leur production. Ces outils agricoles de précision fournissent aux agriculteurs des données exploitables en temps réel sur leurs terres, leurs récoltes et leur bétail. Ces agriculteurs peuvent ainsi optimiser l’efficacité de leurs intrants, réduire leur empreinte environnementale, accroître la qualité de leur production et limiter les risques. Le projet vise à former et équiper 32 opérateurs de drones et à les aider à se construire une bonne réputation dans le secteur.
L’existence de prestataires de services de drones réputés et respectés devrait déboucher sur la création de nouveaux emplois dans les entreprises. Selon les estimations, 16 000 petits exploitants bénéficieront de conseils pratiques dans le domaine de l’agriculture, ce qui leur permettra de mieux rentabiliser leurs investissements. Les résultats positifs attestés, les enseignements acquis et les conclusions ainsi tirées telles que l’augmentation des revenus des agriculteurs ayant bénéficié de conseils basés sur les drones seront documentés et diffusés pour inciter davantage de jeunes à se lancer dans des activités similaires et pour inciter les coopératives agricoles et les agro-entreprises à recourir aux services de conseils basés sur les drones.
Le drone quadricoptère doté d’une caméra de haute résolution, d’une nacelle 3 axes d’une grande précision et d’une portée de transmission pouvant atteindre 7 km ; l’appareil Mavic Pro offre des prises d’images sous différents angles, lesquelles seront analysées via des algorithmes pour en sortir une cartographie aérienne qui permet non seulement de délimiter le champ mais aussi et surtout d’en faire un diagnostic. « Le modèle 3 D issu de la photogrammétrie, donne des informations sur le relief du champ, la taille des arbres, les endroits où les plants ont besoin d’eau ou de nutriments », informe Dr Marietta Gonroudobou, ingénieure agronome, spécialiste en production végétale. « Les données sur le relief du champ permettront de savoir où on a besoin de faire du drainage, dans quel sens il faut faire les sillons en tenant compte des chemins de l’eau, en vue d’en faire une utilisation rationnelle et efficiente. Elles renseignent aussi sur les superficies nécessitant une irrigation », assure la diplômée de l’université de Yamagata au Japon.
S’appuyant sur un algorithme combinant l’imagerie par drone avec des services d’Intelligence artificielle (IA), la technologie «Drone4Ag » aide les producteurs à identifier et localiser les plantes non fleuries. En réponse, l’induction de floraison artificielle (Afi) avec des produits chimiques (éthéphon, carbure de calcium) permet de réduire le cycle de production d’ananas de 196 jours en moyenne par rapport à l’ananas avec induction de floraison naturelle (Nfi). Dr Marietta Gonroudobou, est lauréate du dernier « Hackathon pour la sélection des start-up innovantes développant des solutions Tic4Ag à forte valeur ajoutée », concours organisé par le Programme Approche communale pour le Marché agricole – phase 3 (Acma 3) avec son projet « Pad Hikari », projet d’insertion de la technologie drone en agriculture et de pulvérisation avec les drones.
Sur ses applications innovantes, il y a, une offre de porte-monnaie électronique nommée « agriwallet » qui est disponible. Accueillie avec enthousiasme par les acteurs, la digitalisation des flux financiers a permis aux producteurs membres des clusters de recevoir les paiements directement de l’entreprise et d’avoir la possibilité d’épargner progressivement pour acheter des intrants auprès d’un fournisseur de référence. L’ambition est de faire du Bénin le carrefour de l’innovation numérique dans le secteur agricole en Afrique francophone. C’est un projet pertinent, engagé et porteur d’impact pour les acteurs agricoles, grâce à sa contribution au renforcement de la conscience sur l’importance des Tic dans la stimulation de la croissance agricole et le renforcement de la résilience des agriculteurs face aux défis actuels.