Le Mobile Money a battu tous les records dans les pays en développement. Selon un récent rapport de la Banque mondiale, la forte pénétration des téléphones portables a permis d’enregistrer 1,3 milliard de dollars de transactions quotidiennes dans ces pays ; soit environ 786,5 milliards FCFA.
Félicienne HOUESSOU
L’Afrique subsaharienne a dominé le marché mondial du Mobile Money pour ce qui est de la valeur financière des transactions. Elle demeure la région du monde où le Mobile Money est de plus en plus dynamique. Si pour l’année 2019, la zone a enregistré 23,8 milliards de transactions sur les 37,1 milliards comptabilisés au niveau mondial par l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA), 2020 promet de meilleures performances à cause de la pandémie du coronavirus. Selon les experts de la Banque mondiale, l’éclosion d’une première génération de services financiers dématérialisés et l’essor de l’argent mobile se font plus sentir en Afrique subsaharienne. Considéré comme la pointe en la matière, un cinquième de sa population adulte dispose d’un compte d’argent mobile. L’expérience de la région, à en croire l’institution financière, montre également que ces comptes ouvrent la possibilité d’accéder à des services numériques plus sophistiqués tels que les prêts et l’assurance. « À ce jour, plus de 850 millions de comptes utilisant la téléphonie mobile sont recensés dans 90 pays et ils enregistrent 1,3 milliard de dollars de transactions quotidiennes », peut-on lire. Des chiffres qui affolent les compteurs. En 2019, l’Afrique subsaharienne dispose à elle seule 64,15% du volume des transactions mondiales, en croissance de 19,7%. Selon les statistiques de l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA), les services de paiement mobile y sont plus que jamais sollicités. Car, ils peuvent aider aujourd’hui les économies en développement à faire face à la crise et stimuler la croissance de demain
Dans le nouveau rapport, la Banque explique comment un meilleur accès aux services de base, comme les comptes courants, le crédit, les produits d’épargne et l’assurance, permet aux pauvres d’augmenter leurs revenus et de devenir plus résilients. Les technologies numériques ouvrent l’accès à de tels services à ceux qui en sont actuellement privés, soit près des deux tiers des adultes dans les pays en développement. L’étude analyse aussi la crise sanitaire actuelle qui est venue renforcer l’urgence du recours à des services financiers numériques. Pas moins de 456,3 milliards USD ont été envoyés, reçus ou dépensés de janvier à décembre, depuis 469 millions de comptes. La quantité de comptes connait une croissance annuelle de 11,9%, et avec la pandémie de Covid-19 qui limite au maximum les déplacements, il est fort probable que ces performances augmentent encore. La pandémie du Covid-19 permet aux particuliers d’envoyer de l’argent, y compris dans d’autres pays, et de payer des achats depuis chez eux, sur un marché ou dans un magasin sans contact physique. Si la tendance se poursuit, il y aurait là un moyen de mieux tracer les flux financiers dans les divers Etats d’Afrique subsaharienne, et donc de mieux gérer leurs systèmes économiques.
Le renforcement du système
Le potentiel des services financiers numériques est encore plus vaste. La crise du Covid-19 met en évidence ses avantages et pour mieux les exploiter, les experts de la Banque mondiale ont mené leur étude sur plusieurs domaines d’actions. Ainsi, l’accélération et le déploiement des services financiers numériques supposent d’agir sur 4 principaux leviers. Primo, il faudra investir dans les conditions préalables au développement des services financiers numériques, notamment la mise en place d’infrastructures mobiles haut débit, en particulier dans les régions reculées et de réseaux d’agents locaux qui répondent aux besoins d’encaissement et de paiement des particuliers. Secundo, diffuser plus largement les interfaces de programmation ouvertes. C’est-à-dire ce qui permet aux développeurs d’accéder à des logiciels propriétaires afin que les nouvelles applications puissent communiquer et interagir les unes avec les autres. Tertio, mettre en place des cadres juridiques et réglementaires permettant au plus grand nombre de bénéficier des services financiers numériques et, garantissant un écosystème compétitif, sachant qu’il convient de déterminer s’il faut autoriser les acteurs non bancaires à accéder à l’infrastructure nationale de paiement et à émettre de la monnaie électronique, et de fixer les règles correspondantes. Enfin, il est indispensable de développer les systèmes d’identification numérique, notamment les dispositifs biométriques et d’autoriser l’accès aux bases de données gouvernementales. La Banque mondiale promet continuer sa collaboration avec les secteurs publics et privés pour aider davantage de pays à élargir de manière responsable l’accès aux services financiers numériques.