Depuis le mode de vie jamais expérimenté qu’elle a imposé, la pandémie du coronavirus a redynamisé et fait naître un peu partout dans le monde, le goût du travail à distance. Si ailleurs, ce mode de production a atteint de plus grandes statistiques, en Afrique, précisément au Bénin, qu’en est-il ? Les avantages et les défis de ce mode de travail se mesurent-ils de la même manière qu’ailleurs ?
Sylvestre TCHOMAKOU
Activité professionnelle effectuée en intégralité ou en partie à distance du lieu où le résultat du travail est attendu, le télétravail qui s’oppose au travail réalisé dans les locaux de son employeur, a depuis l’avènement du coronavirus, davantage investi les habitudes des entreprises du monde, quel que soit leur secteur. Contrairement à certains pays, notamment la France où les entreprises ont de plus en plus recours à ce mode de travail, selon l’autorité publique française de régulation de l’audiovisuel, CSA, au Bénin, la tendance peine à s’assimiler. Pendant qu’au mois de février 2020, une enquête menée dans la métropole a révélé que plus de 27 % des entreprises déclarent avoir déjà incité leurs salariés à télétravailler en période d’épidémie, au Bénin, excepté quelques structures qui se l’ont imposé, la présence des employés reste de mise. Pour cause, avec des moyens limités, notamment un manque notoire d’outils informatiques, une incapacité à mettre à la disposition des agents la connexion internet depuis leur domicile, nombre d’entreprises se sont vues inaptes à expérimenter le travail à distance pour réduire les risques de contaminations. Ces raisons ne sont d’ailleurs pas les seules. Elles sont aussi relatives d’une part, à la qualité pas très satisfaisante de la connexion offerte par les GSM, et, d’autre part, à la faible utilisation des moyens digitaux par leur clientèle, avec certains métiers qui ne le permettent pas carrément.
Toutefois…
Depuis l’avènement de la pandémie du coronavirus, le télétravail ou travail à distance s’est imposé à certains niveaux dans l’administration. Du cas du gouvernement du président Patrice Talon, l’exercice a été entamé le 1er avril 2020 avec le conseil hebdomadaire des ministres qui s’est tenu par visioconférence et depuis lors, s’est poursuivi. Dans certains ministères comme celui des affaires étrangères, les travailleurs dont la présence n’est pas nécessaire ont été invités depuis leurs logis respectifs à officier à distance. Cependant, dans les autres branches de l’administration publique, à défaut d’aller au télétravail, ce qui n’est d’ailleurs pas possible vue les moyens que cela nécessite à l’endroit de chaque personnel, la stratégie est autre. « Service minimum dans les différentes administrations », c’est ce qu’a recommandé pour sa part, Jean-Claude Codjia, préfet de l’Atlantique et du Littoral. Ceci, avec la nécessité pour les différentes administrations d’élaborer « un calendrier de tour », pour permettre le fonctionnement rotatif au niveau des bureaux. Du niveau de la société civile ou des partenaires sociaux, la dynamique du travail à distance n’a pas tardé à se mettre en place. Avec son slogan « la santé avant tout », l’Agence belge pour le développement (Enabel Bénin) est passée à l’isolement professionnel depuis le vendredi 20 mars 2020, et a mis l’accent sur une présence minimum par jour à la représentation et dans les bureaux des Projets et Programmes.
Pas de grands changements dans la presse
Dans les médias béninois, le mode de collecte et de traitement de l’information a, certes connu un léger changement, mais la présence reste de mise. Coïncidant avec la période électorale, l’avènement du coronavirus n’a pas contraint les rédactions telles que Canal3 Bénin à opter pour la réduction du personnel. « Nous avons un rythme de travail très soutenu parce que, figurez-vous, la période de coronavirus est doublée d’une période électorale. Donc le défi est énorme pour nous», a fait savoir André Dossa, Rédacteur en Chef de Canal3 Bénin au micro de « Reporter Bénin Monde ».
Des avantages et incommodités
Bien qu’il offre de nombreux avantages à savoir, moins de contact humain, des horaires de travail plus souples, réduction du temps de transports, baisse de l’absentéisme, etc., le mode de travail à distance n’est pas sans conséquences sur les entreprises. Celles-ci sont relatives au management des équipes et à la sécurité des données. En ce qui concerne la sécurité des données, l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI-Bénin) chargée de mettre en œuvre les orientations de la stratégie nationale de sécurité, a anticipé l’inquiétude. Au début de l’épidémie du coronavirus au Bénin, l’agence a élaboré et mis à la disposition des télétravailleurs, spécialement en cette période de pandémie, un guide de bonnes pratiques de sécurité informatique qui propose des conseils aux employés sur les fondamentaux du télétravail. « Utiliser un VPN et les méthodes d’authentification doubles prévues par votre employeur afin d’accéder de manière sécurisée aux ressources de l’entreprise ; ne pas désactiver, ni contourner les outils de sécurité installés par votre employeur sur vos terminaux de travail (antivirus, mise à jour, outils de chiffrement de données) ; utiliser les appareils fournis par l’entreprise pour accéder aux ressources professionnelles », recommande l’agence. Ces étapes passées, il revient aux télétravailleurs de renforcer la sécurité de leur réseau domestique qui n’offre pas les mêmes niveaux de sécurité qu’en entreprise. Pour cela, le guide propose de « changer le mot de passe du Wi-Fi par un mot de passe complexe en privilégiant le chiffrement WPA2. Eviter de nommer votre réseau Wi-Fi en votre nom. Privilégier une connexion dédiée (boîtier 4G, autre SSID, etc.) à votre usage personnel et différent du Wi-Fi utilisé pour l’usage domestique.». Une chose reste évidente, pour un avènement heureux du télétravail au Bénin, même après le coronavirus, le défi informatique doit être relevé.