La situation de 22 pays africains à faible revenu surendettés ou au bord du surendettement pourrait s’aggraver en 2023, selon les experts. Ceci nécessite une coopération stratégique entre la Chine, l’Occident et les nations africaines pour faire face à cette catastrophe.
Les prêteurs chinois représentent 12% de la dette extérieure privée et publique de l’Afrique, laquelle a plus que quintuplé pour atteindre 696 milliards USD entre 2000 et 2020, souligne d’emblée le Chatham House, un think-tank britannique, dans un document de recherche publié en mi-décembre.
Depuis un certain moment, le monde assiste impuissamment à un bras de fer entre l’Occident et la Chine sur le sort de la dette africaine. Dans un conflit qui semble cacher des rivalités géopolitiques de plus en plus croissantes, les européens et les américains reprochent à la Chine d’avoir piégé le continent dans une mer de dette.
« La Chine n’a pas causé le surendettement de l’Afrique dans la plupart des cas, mais elle est essentielle pour trouver une solution », insistent Alex Vines, Creon Butler et Dr Yu Jie, les auteurs de ce rapport.
Malgré les tensions politiques et économiques croissantes, la Chine et l’Occident ont un fort intérêt mutuel à coopérer entre eux, ainsi qu’avec les nations et institutions africaines, telles que l’Union africaine (UA) pour relever le défi du surendettement, ajoutent-ils.
Face à l’incapacité continue des pays africains de rembourser leurs dettes, ces trois experts de Chatham House lancent un appel urgent à l’Occident et l’Orient à mettre de côté leur concurrence géostratégique pour œuvrer à trouver la solution du surendettement du continent africain.
Non au « piège de la dette »
En examinant les réponses politiques au surendettement de l’Afrique, il est important d’éviter de se plonger dans le débat des récits de la « diplomatie du piège de la dette » chinoise prédatrice et des craintes d’appropriation des actifs, rappellent Alex Vines, Creon Butler et Dr Yu Jie.
Ceci tend, poursuivent-ils, à minimiser la capacité des acteurs africains dans la formation de la nature et l’impact des investissements chinois.
« Ces perspectives ignorent également le caractère marqué d’hétérogénéité des approches et des motivations chinoises. Parfois, les investissements chinois en Afrique ont été mis en œuvre de manière non planifiée et non coordonnée par des prêteurs concurrents ayant des liens avec différents éléments de l’État chinois », indiquent-ils.
« Néanmoins, la Chine a un rôle central à jouer dans la recherche d’une solution efficace et durable au surendettement de l’Afrique. Une meilleure coordination et coopération entre les créanciers de la Chine et du reste du monde pourrait accroître considérablement l’efficacité des initiatives multilatérales d’allégement de la dette », affirment Alex Vines, Creon Butler et Dr Yu Jie.