Les prix du coton sont en chute libre alors que les inquiétudes concernant la baisse de la demande due au ralentissement de l’économie mondiale éclipsent le resserrement de l’offre dans les trois régions principales productrices mondiales, a déploré Gro Intelligence, la plateforme intelligente agro-environnementale.
Julien COSTA
Aux États-Unis, le troisième plus grand producteur mondial de coton, les agriculteurs devraient planter 18% d’acres en moins en coton cette année, l’une des plus fortes baisses de superficie de coton de ce siècle. Les États-Unis sont également le premier exportateur de coton, et une plus petite récolte américaine aura un effet démesuré sur les disponibilités exportables mondiales, selon les prévisions de Gro de mai 2023.
« La sécheresse frappe également la culture du coton en Chine, premier producteur mondial de coton et elle est pire surtout dans la province du Xinjiang qui produit environ 90% de la récolte du pays », se lamente la plateforme agricole de l’intelligence artificielle basée aux Etats-Unis et au Kenya.
Quant à l’Inde, le deuxième producteur mondial, des années consécutives de production stagnante ont forcé le pays à importer du coton. Les exportations ont historiquement dépassé les importations par une marge significative, et la dernière fois que les importations ont été plus nombreuses, c’était il y a près de 20 ans.
Ralentissement
Selon Gro, les causes de cette chute sont liées au ralentissement de l’économie mondiale dont le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont tous deux révisé à la baisse les prévisions de croissance économique en 2023. « Les taux d’inflation élevés devraient également persister, un scénario qui devrait freiner la demande des consommateurs pour les produits cotonniers », expliquent les experts de Gro.
En Afrique, la région dominée par le Bénin, le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire qui produisent environ 50% de la production du continent, les producteurs auront de la peine à avaler leur pilule car elle sera amère.
La plupart des producteurs seront en impayés, affirme Youssouf Djimé Sidibé, secrétaire exécutif de l’Aproca, l’association des producteurs de coton africains, sur les antennes de RFI.
« Les producteurs de coton d’Afrique de l’Ouest seront confrontés à une baisse de revenus car la campagne cotonnière 2022/2023 s’annonce difficile. Entre la crise des engrais, et les attaques de parasites, la productivité et la production sont en baisse chez les principaux producteurs d’Afrique de l’Ouest, à l’exception du Bénin. Une crise qui va entraîner des répercussions sur le niveau de vie des producteurs », rapporte RFI.
Néanmoins, malgré ce revers, la chute des subventions et les menaces du changement climatique et les jassides (insectes nuisibles), le futur du secteur africain s’annonce radieux.
La taille du marché du coton africain, déjà estimée à 5,78 milliards USD en 2023, devrait atteindre 7,34 milliards USD d’ici 2028, ce qui équivaut à un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 4,91% au cours de la période de prévision (2023-2028), selon les statistiques de Mordor Intelligence.