Le secteur informel représente plus de 50% de la valeur ajoutée globale du Produit intérieur brut PIB) des pays à faible revenu et plus de 80% de l’emploi total crées dans ces pays, selon un récent rapport de l’Organisation internationale de la Francophonie OIF). Bien qu’il soit une arme efficace contre la pauvreté, le secteur semble être négligé, mal compris et en proie à de sérieux défis.
ISSA SIKITI DA SILVA
Les acteurs du secteur informel sont nombreux et disséminés dans les rues, petites boutiques et marchés de l’Afrique. La plupart opèrent en dehors de normes légales, administratives et fiscales mais tolérés dans une Afrique appauvrie et rendue malade par la corruption et la mauvaise gouvernance.
« Les implications du secteur informel sont donc fortes sur les opportunités d’emplois, la productivité, les recettes fiscales et la croissance économique », a déclaré le rapport intitulé « Le rôle du secteur informel pour la croissance, l’emploi et le développement durable « .
« Si le gouvernement comprenait les conditions de vie dans lesquelles nos familles vivaient, il n’allait pas nous chasser ici, mais chercher une solution permanente qui nous aiderait à continuer de lutter pour nourrir nos familles », a indiqué Adjoua, une vendeuse ambulante au marché de Tokpa.
« Nous sommes dedans ici mais regardez la façon dont la pluie a inondé les entrées et ces passages. C’est difficile pour les clients et pour nous-mêmes de circuler. En plus, c’est difficile pour les petits commerçants d’avoir accès au crédit, ce qui freine notre développement », s’est lamenté Atayi, un vendeur de pièces détachées.
Dynamiques
Comprendre les dynamiques du secteur informel est pourtant crucial pour réaliser la transformation structurelle des économies les moins avancées, pour une croissance et des emplois de meilleure qualité, renseigne le rapport précité.
Le rapport recommande les points suivants, entre autres :
Formaliser
Les grandes entreprises qui pourraient sans problème se formaliser mais qui choisissent de ne pas le faire, devraient être sanctionnées, alors que les entreprises de taille très réduite, devraient plutôt bénéficier d’assistance pour améliorer leur productivité.
Développer un agenda de recherche et un plan d’actions pour étudier et implémenter les politiques d’assistance aux petites entreprises informelles visant à augmenter leur productivité, et dans le même temps, amener les grandes entreprises informelles à respecter leurs obligations fiscales et réglementaires.
Recouvrement fiscal
Le secteur informel en Afrique de l’Ouest francophone ne contribue que moins de 3% au recouvrement fiscal, tandis que les grandes entreprises formelles contribuent pour plus de 95% des recouvrements fiscaux, selon les experts Ahmadou Aly Mbaye et Nancy Benjamin.
Lancer des négociations entre le public et le privé pour améliorer à la fois les performances de l’Etat dans la délivrance des services publics et le niveau de contribution à l’impôt des différents acteurs. Un tel dialogue, qui doit être profitable aux deux parties, devrait inclure les acteurs de l’informel et aller au-delà des parties ayant plutôt intérêt au statu quo.
Renforcer les capacités
Beaucoup d’études ont montré qu’il existe un écart de productivité et de gain substantiels entre les entreprises du formel et de l’informel, en Afrique comme ailleurs dans le monde, selon l’OIF.
Par conséquent il est souhaitable de poursuivre le développement des programmes visant, par l’accès à la formation et aux services sociaux de base, le renforcement des acteurs les plus vulnérables et la performance des plus petites entreprises du secteur informel, sans forcément avoir pour objectif premier de les formaliser ou de les taxer davantage. Légende : Le secteur informel en Afrique est souvent négligé et mal compris.