Ils mettent au service des béninois des pièces de rechange de qualité à des prix abordables, les nigériens paient les taxes et les impôts et évitent à tout prix le piège du recel. Voici comment ces étrangers participent à l’économie du Bénin.
Issa SIKITI DA SILVA
« J’ai commencé ce business il y a trois ans. On remercie Dieu qu’on est encore là et on continue de tenir le coup malgré les difficultés de tous bords ». C’est en ces termes que Ibrahim Souleymane, homme d’affaires nigérien dans sa boutique de vente des phares à Zongo a renseigné sur ses activités.
Dans un pays où le secteur informel contribue entre 40 et 50% au Produit intérieur brut (Pib), selon le Fonds monétaire international (Fmi), bon nombre de gens se lancent dans les petits commerces sans soucier d’abord d’être en règle avec l’Etat.
« Je ne suis pas allé dans les bureaux de l’Etat avant d’ouvrir, l’Etat est venu nous consulter après pour nous dire ce que nous allons faire pour être en règle avec les lois de la République. Nous l’avons fait et nous voilà aujourd’hui. En plus de cela, nous continuons à payer les impôts annuels d’un montant d’à peu près 35 000 FCFA. Si tu ne paies pas, l’Etat ferme ta boutique sans autre forme de procès », a souligné Ibrahim Souleymane, jeune entrepreneur de 32 ans.
Pour Ousmane Tiemogo, vendeur nigérien de pneus, le plus important c’est d’abord de payer les taxes et les impôts de l’état en vue d’opérer dans toute la légalité parce que, souligne-t-il, c’est une manière propre de contribuer à l’économie du Benin.
A la question de savoir s’il comptait solliciter un prêt bancaire pour développer son petit commerce, Ibrahim Souleymane a rejeté cette idée. « S’il faut agrandir ou même ouvrir une autre boutique, on devrait le faire nous-mêmes car les banques traînent pour vous répondre et vous imposent des conditions très dures. En plus, nous ne travaillons même pas avec des banques et préférons garder notre argent nous-mêmes pour que nous puissions nous approvisionner le plus vite que possible », a-t-il ajouté.
La plupart des commerçants qui font ce type de business, a expliqué cet entrepreneur, s’approvisionnent au Nigeria.
Mais cela n’est pas toujours facile même si le pays est plus proche du Bénin.
« C’est encore un autre épisode de douanes et des frais divers qu’il faut payer et cela, parfois, impacte sévèrement sur nos petits bénéfices. Si on pouvait acheter sur place, cela nous aiderait énormément », a dit Ousmane Tiemogo.
Ladani Adiatou, vendeuse béninoise des lubrifiants et de batteries, est d’accord avec Tiemogo. « Je souhaiterais que les patrons béninois se lancent dans l’importation de ces marchandises pour que nous puissions acheter ici au Benin. Ce serait moins cher et plus facile pour nous. Malheureusement les béninois ne veulent pas prendre de risques » a dit Ladani Adiatou.
Néanmoins, se lancer dans ce type de business a parfois des risques imprévisibles dont celui du recel. Ousmane Tiemogo a déclaré à propos du recel que : « C’est une zone rouge que chacun de nous évite de traverser. Il faut être vigilant parce que ça peut te ruiner à vie ».
« Si le prix normal d’une pièce est par exemple 19 000 francs et que quelqu’un te propose de l’acheter pour 9 000 francs, tu commences à suspecter que quelque est louche dans cette transaction », a expliqué Ladani Adiatou.