La crise du coronavirus continue d’impacter négativement les secteurs vitaux de l’économie béninoise. Le secteur du tourisme et de l’hôtellerie traverse une crise grave due à la pandémie du coronavirus. Une crise qui selon les acteurs, fragilise davantage un secteur déjà en baisse de forme.
Absence de clientèle, baisse drastique des recettes, chômages techniques, et licenciements temporaires ou définitifs, ce sont là quelques conséquences de la crise sanitaire liée au coronavirus dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie. Et ce n’est pas qu’au Bénin, mais au plan national la situation est préoccupante. La preuve, la perte dans le secteur depuis l’apparition de la COVID 19 est estimée à environ 100 milliards de fcfa a laissé entendre Albin FELIHO, président de la fédération des organisations patronales de l’hôtellerie et du tourisme du Bénin. Une situation qui selon les promoteurs d’hôtels, est devenue presque insupportable. Le secteur de l’hôtellerie et celui de la restauration sont les plus sinistrés, pensent les acteurs qui s’interrogent sur les moyens d’amortissement des investissements et le payement des dettes au niveau des banques et autres institutions financières. En attendant une réponse, à Cotonou et environs l’heure est à la réduction maximale des charges. Les promoteurs d’hôtels et autres lieux de loisirs et de plaisance dans le souci de ne pas mettre la clé sous le paillasson, sont obligés de procéder à une réduction de charges. Un tour dans les hôtels et autres centres de loisirs dans la capitale économique, Cotonou et, on peut se rendre compte que le secteur tourne au ralenti. Une situation qui a amené les associations de l’hôtellerie et du tourisme a adressé un mémorandum au gouvernement.
Un mémorandum pour demander une aide du gouvernement
A travers ce mémorandum, les faîtières proposent la mise à disposition des opérateurs économiques formels et de façon gracieuse tout équipement et consommable de protection et d’hygiène conformément à la règle N°3 de la BCEAO (Gel Hydro alcoolique, gant, bavette, tenue, masque etc…) et avec le concours du fonds national de développement et de promotion touristique (FNDPT) ; l’exonération des impôts, taxes et charges sociales de toutes les entreprises du secteur du tourisme et des loisirs fermées à l’initiative de l’Etat béninois ou indirectement par contrainte économique durant la période concernée par la pandémie ; la renonciation de l’Etat à ses taxes pour la période concernée des établissements de tourisme et de loisirs pour lesquels l’Etat exige une réduction des capacités d’exploitation ; la modulation des mesures sanitaires relatives au secteur de la restauration par l’admission de la « vente à emporter » pour les restaurants, en suppression de l’hébergement de la clientèle sur site ; la suspension pendant la période concernée par la pandémie des contrôles fiscaux en cours ou programmés, report des paiements des redressements fiscaux et report de la date limite de dépôt des états financiers 2019 et des échéances sociales ; l’accélération du paiement par l’Etat, de la dette intérieure liée aux PME des secteurs du tourisme et des loisirs ; la suspension pour toute la période de lutte contre la pandémie ; des échéances des crédits et garanties bancaires pour les entreprises fermées ou impactées par la pandémie ; la suspension provisoire de l’imposition de factures normalisées aux entreprises assujettie à la TVA, pour ne citer que ceux-là.
Evolution du secteur de l’hôtellerie et du tourisme en dent de scie
Avant la crise du coronavirus, le secteur de l’hôtellerie et du tourisme ne se portait déjà pas très bien. Selon le rapport du Conseil mondial du voyage et du tourisme publié en 2017 sur le tourisme dans le monde. Le tourisme international a permis l’investissement d’environ 100 milliards de francs CFA dans l’économie béninoise. Les dépenses effectuées par les touristes internationaux au Bénin, les loisirs, les voyages d’affaires, les dépenses diverses et les transports correspondent à 168 millions de dollars Us, soit 97,3 milliards de francs CFA. Selon le même rapport, l’économie béninoise avait été impactée à hauteur de 106,4 milliards de francs CFA, par le tourisme international ; le tourisme et les voyages ayant contribué au Produit intérieur brut (Pib) à hauteur de 2,2% en 2017. Selon le rapport publié par cette structure, le tourisme est l’un des principaux moteurs de la croissance économique et de la création d’emplois dans les économies émergentes du monde entier. Au Bénin, les statistiques démontrent que ce secteur évolue en dent de scie. En 2016, rappelle Wttc, la contribution totale d’emplois du secteur du tourisme était de 229.500 emplois, avant de baisser à 216.500 en 2017. Des chiffres estimés trop bas pour un pays qui est le berceau du ‘’Vodoun”, avec un patrimoine culturel exceptionnel, déplore la Banque mondiale. En 2015, le tourisme a créé 7,2 millions d’emplois dans le monde entier et 284 millions de personnes étaient employées par le secteur du tourisme en 2014 selon les statistiques du Conseil mondial du voyage et du tourisme. Pour ce dernier, le Bénin est faiblement commercialisé en dehors du pays en tant que destination touristique.
Gédéon VEGBA
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