Stanislas ZÉZÉ, PDG de Bloomfield Investment Corporation, a marqué la 10ᵉ édition du Salon des Banques et des PME de l’UEMOA à Bissau par un keynote percutant. S’appuyant sur l’expérience de son agence de notation présente dans 24 pays, en Afrique, en Europe et en Asie, il a analysé les défis économiques africains et plaidé pour un développement endogène. Le thème de son intervention est : « 𝘓𝘦 𝘥𝘦́𝘷𝘦𝘭𝘰𝘱𝘱𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘦 𝘭’𝘈𝘧𝘳𝘪𝘲𝘶𝘦 𝘯𝘦 𝘴𝘦 𝘮𝘦𝘴𝘶𝘳𝘦𝘳𝘢 𝘱𝘢𝘴 𝘢̀ 𝘯𝘰𝘵𝘳𝘦 𝘤𝘢𝘱𝘢𝘤𝘪𝘵𝘦́ 𝘢̀ 𝘪𝘮𝘪𝘵𝘦𝘳, 𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘢̀ 𝘪𝘯𝘷𝘦𝘯𝘵𝘦𝘳 𝘥𝘦𝘴 𝘴𝘰𝘭𝘶𝘵𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘰𝘶̀ 𝘤𝘳𝘰𝘪𝘴𝘴𝘢𝘯𝘤𝘦 𝘦́𝘤𝘰𝘯𝘰𝘮𝘪𝘲𝘶𝘦 𝘳𝘪𝘮𝘦 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘴𝘰𝘶𝘷𝘦𝘳𝘢𝘪𝘯𝘦𝘵𝘦́. »
𝐋𝐞𝐬 𝐏𝐨𝐢𝐧𝐭𝐬 𝐂𝐥𝐞́𝐬 𝐝’𝐮𝐧 𝐤𝐞𝐲𝐧𝐨𝐭𝐞 𝐌𝐚𝐫𝐪𝐮𝐚𝐧𝐭 : 𝟏. 𝐀𝐩𝐩𝐫𝐨𝐩𝐫𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐀𝐟𝐫𝐢𝐜𝐚𝐢𝐧𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐎𝐃𝐃 : L’orateur a d’emblée souligné la nécessité cruciale pour l’Afrique de s’approprier véritablement l’agenda des Objectifs de Développement Durable (ODD). Insistant sur le contexte de développement déséquilibré à l’échelle mondiale, il a plaidé pour une redéfinition des objectifs et de leurs indicateurs en fonction des réalités et des priorités africaines. Les chiffres officiels de chômage (2,6-2,8 %), et la précarité de l’emploi (jusqu’à 90%-95 %), illustrent le décalage entre les standards universels et nos vécus locaux. « Mal poser le problème, empêche de trouver la solution adéquate ».
𝟐. 𝐑𝐞𝐧𝐟𝐨𝐫𝐜𝐞𝐫 𝐥𝐚 𝐪𝐮𝐚𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐝𝐞𝐬 𝐏𝐌𝐄 : Les PME contribuent seulement à 20% à la richesse créée. Il insiste sur la nécessité de se concentrer sur l’émergence de PME solides, innovantes et créatrices de richesse et d’emplois durables. D’où l’importance de mettre en lumière le taux élevé de mortalité des jeunes entreprises (seulement 200 survivantes sur 5 000 après 5 ans) et d’analyser les causes de cet échec.
𝟑. 𝐀𝐝𝐚𝐩𝐭𝐞𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐨𝐝𝐞̀𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 : Les banques sont structurées pour financer le développement, mais les PME ont d’abord besoin de fonds d’amorçage (crowdfunding, business angels) pour atteindre une phase de développement bancable. Il souligne l’importance et le rôle fondamental des fonds de capital-risque, qui prennent le même risque que les entrepreneurs et apportent un accompagnement stratégique et de gouvernance. Il invite également à revoir les critères d’accès au compartiment PME de la BRVM pour en faciliter l’utilisation. « Il faut créer des entrepreneurs avant de créer des entreprises ».
𝟒. 𝐋’𝐈𝐦𝐩𝐞́𝐫𝐚𝐭𝐢𝐟 𝐝’𝐮𝐧𝐞 𝐈𝐧𝐝𝐮𝐬𝐭𝐫𝐢𝐚𝐥𝐢𝐬𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐄𝐧𝐝𝐨𝐠𝐞̀𝐧𝐞 : Le simple transfert de technologies ne suffit plus : il faut produire localement et selon des logiques africaines. Il appel à investir massivement dans la recherche et le développement africains. Pour une véritable transformation économique, il est impératif de créer nos propres technologies et de bâtir une industrialisation ancrée dans les savoir-faire locaux.
𝟓. 𝐋𝐞𝐬 𝐂𝐡𝐚𝐦𝐩𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐍𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐮𝐱, 𝐏𝐢𝐥𝐢𝐞𝐫𝐬 𝐝𝐮 𝐃𝐞́𝐯𝐞𝐥𝐨𝐩𝐩𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 : À l’image des pays industrialisés, qui se sont construits autour de champions nationaux, le développement africain doit s’appuyer sur des entreprises locales fortes. Ces champions nationaux, enracinés dans leur territoire, sont les véritables moteurs d’un développement économique inclusif et résilient, capables de surmonter les crises et tirer les autres PME vers le haut.
𝐔𝐧 𝐀𝐩𝐩𝐞𝐥 𝐚̀ 𝐥’𝐀𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 : Le keynote s’est conclu sur un appel à la lucidité et à l’action. L’heure n’est plus aux constats, mais à la mise en œuvre de stratégies audacieuses et adaptées aux réalités africaines. Pour lui, en repensant notre approche des ODD, en soutenant l’émergence de PME solides et en investissant dans notre propre capacité d’innovation, l’Afrique pourra construire un développement durable, inclusif et véritablement africain.
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