Les pluies torrentielles se succèdent à Cotonou, entrainant une foisencore la capitale économique du Benin sous les eaux. Des routes mal entretenues submergées, des caniveaux pleins de détritus bouchés et des parcelles anciennes transformées en lacs. Et pourtant, Cotonou est le poumon économique du pays, donc il ne devrait pas se retrouver dans cet état désolant.
ISSA SIKITI DA SILVA
« D’habitude quand il ne pleut pas, je prends cette route comme raccourci directement vers mon lieu de livraison mais elle est inondée. Donc je suis obligé de contourner. Et là-bas aussi il y a des cafouillages », se lamente Albert, un chauffeur d’un camion de livraison.
« Cela me fait perdre du temps et cause des retards de livraison. Les clients m’appellent déjà et commencent à s’impatienter mais je ne sais que faire », a-t-il ajouté.
Même le spectacle est désolant pour les écoliers lorsque le véhicule qui les emmène à l’école est coincé sous les eaux boueuses de pluie dans un quartier pauvre de Cotonou ayant des routes pleines de nids de poule.
Certains travailleurs et des personnes qui font des affaires ou vendent dans certains marchés sont obligés de rester à la maison quand les pluies torrentielles s’acharnent sur la capitale économique.
« Quand il pleut abondamment comme c’était le cas mardi et mercredi, notre parcelle est inondée. Je ne pourrais pas sortir car il faut que j’assiste à l’évacuation des eaux et rester à la maison au cas où la situation venait à se dégrader », explique Nouratou, une vendeuse au marché de Tokpa.
Pendant que les taxis motos de Cotonou frustrés par les voies inondées se bousculent pour se procurer un passage libre sous l’eau, les conducteurs de véhicules grognent et maudissent le gouvernement pour l’état des routes impractibles.
Impact
L’impact des inondations sur Cotonou, la ville où loge le port de Cotonou et qui abrite près de 50% des activités économiques béninoises, serrait énorme et les conséquences incalculables.
« Les inondations peuvent avoir de graves conséquences sur les personnes, l’activité économique, les infrastructures, l’environnement et le patrimoine culturel. Elles peuvent endommager ou détruire les logements et les zones d’activités touchées par la montée des eaux », déclare la Mairie de Molinet (France) sur son site internet.
Les inondations peuvent aussi affecter l’agriculture, un secteur dont le Bénin tire au moins 35% de ses richesses et qui fournit plus de 70% des emplois et 75% des recettes d’exportation du pays.
« Pour un agriculteur qui cultive des plantes annuelles, les coûts directs de la crue vont inclure la perte de la plantation, mais également le coût de la réparation ou du remplacement des bâtiments, des machines, des équipements et des stocks », affirme Agrisur Infos, un site de prévention des risques professionnels agricoles.
Les coûts indirects comprennent la réduction des productions futures, les pertes de marché ou les perturbations de services tels que l’électricité.
La BAD à la rescousse
Le gouvernement béninois semble avoir déployé de grands moyens à travers des chantiers de construction de canalisation pour lutter contre les inondations dans la ville de Cotonou.
Parallèlement, la Banque africaine de développement BAD) fait aussi sa part pour aider le Bénin à sortir de ce marasme climatique qui terrorise son économie.
La semaine dernière, l’institution financière basée à Abidjan a approuvé un prêt de 61 millions d’euros au Bénin pour la mise en œuvre du Projet d’appui au programme d’assainissement pluvial de Cotonou (PAPC), la capitale économique du pays étant sujette régulière à des inondations.